Ci-dessous l’Appel issu du colloque « Avec la F.S.U, donnons un avenir au système éducatif… pour la réussite de tous ! » qui s’est tenu le 28 septembre 2011 à Paris.

Dans une société de plus en plus injuste et inégalitaire, l’Ecole n’arrive pas à garantir à tous et partout les mêmes droits à la réussite scolaire et ce malgré l’engagement sans faille des personnels de l’Education, enseignants, CPE, COpsy, personnels administratifs, TOS, assistants sociaux, infirmières et personnels d’encadrement qui ont à cœur d’assurer chaque jour leurs missions.

Les rapports et études internationales le rappellent régulièrement : c’est une école à plusieurs vitesses qui se construit au fur et à mesure des « réformes » mises en œuvre et des suppressions massives de postes. Plus qu’ailleurs, le poids des inégalités sociales pèse de manière insoutenable dans les résultats scolaires des élèves.

Et le gouvernement voudrait faire croire que réussite et/ou échec scolaire dépendent de la seule volonté individuelle des acteurs, élèves, parents, enseignants, personnels de l’éducation.

Quid de la responsabilité de l’Ecole ? De la politique éducative et des moyens alloués ? Des inégalités sociales et territoriales ?

Nous entrons dans l’Ecole du XXIème siècle et pourtant les évolutions de notre société, les besoins nouveaux, les défis à relever qu’ils soient culturels, scientifiques, économiques ou écologiques ne sont pas pris en compte par les politiques éducatives.

Il est temps de penser un autre projet éducatif qui concilie qualité et quantité.

L’Education, la Formation et la Recherche ne sont pas des charges mais des investissements d’avenir indispensables pour les générations futures. Ce sont des leviers essentiels pour construire une société solidaire respectueuse de chacun et de la planète, où l’égalité et la justice permettent à tous dignité et liberté.

Le service public laïque d’éducation joue un rôle irremplaçable pour transcender les particularismes et les hasards de la naissance et lutter contre les biais sociaux.

Pour réussir ce défi, notre système éducatif doit évoluer et se transformer.

1. Passer d’une responsabilité individuelle à une responsabilité collective 

La FSU tient à réaffirmer que le service public d’éducation peut et doit assurer la réussite de tous quelle que soit l’origine sociale ou territoriale. C’est une question de justice. Notre système éducatif ne doit pas être une machine à organiser le tri mais à développer les capacités de réussite de chacun et les faire réussir tous. Pour cela, il est indispensable d’avoir les mêmes exigences pour tous.

Cela relève d’une responsabilité collective. D’un engagement de la société.

Si notre système éducatif a fait d’incontestables progrès, il butte contre le noyau dur d’un échec scolaire socialement marqué. Il est urgent de changer cette donne.

Nous pensons qu’il est possible de franchir une nouvelle étape qualitative pour assurer une réelle démocratisation.

Notre projet est de redonner un sens à l’Ecole dans notre société.

Pour cela il faut déjà retisser les liens entre les savoirs et la culture, facteurs d’émancipation et de citoyenneté. _ C’est le sens de la culture commune, indispensable à chacun, que nous proposons. L’objectif est d’assurer une scolarité complète et réussie à tous les jeunes jusque dans les 3 voies du lycée. Porter la scolarité obligatoire à 18 ans en est un levier.

C’est grâce à cette solide formation initiale que le citoyen de demain pourra se former tout au long de la vie.

A l’opposé de cette école inégalitaire qui propose une formation à minima pour les élèves les plus fragiles, avec une régression inquiétante comme le retour de l’apprentissage précoce, il faut penser le parcours de l’élève de la maternelle à l’enseignement supérieur et permettre une élévation du niveau de qualification de tous les jeunes. Plus aucun jeune ne doit sortir sans qualification du système éducatif.

Ceci nécessite de travailler les continuités et ruptures, les passerelles entre les trois voies du lycée et de développer les poursuites d’études vers les formations du supérieur.

2. Lutter contre l’échec scolaire et la difficulté scolaire

Il faut développer une politique éducative répondant chaque jour, dans chaque classe, aux besoins de chaque élève avec l’objectif de les faire réussir tous. Il faut faire porter les efforts d’abord sur le travail en classe, sur les apprentissages à y construire et y développer. Il s’agit de mieux prendre en compte dans le travail scolaire, l’activité réelle des élèves, leur prise d’initiatives et leurs réalisations. C’est d’abord dans la classe que doit être proposée et organisée « l’aide aux élèves ».

Cela n’est pas possible actuellement avec les effectifs de classes qui augmentent, avec la réduction des possibilités d’aides spécialisées, de travail en groupes.

Le service public d’orientation scolaire doit être pensé au service de la réussite des jeunes.

Les vies scolaires doivent être développées et le fonctionnement des établissements doit permettre l’expression démocratique des lycéens et leur participation à la vie de leur établissement.

Cela implique aussi de penser le nécessaire lien entre l’Ecole et son environnement.

Il est urgent de refonder l’Education prioritaire en repensant la carte et les moyens alloués, et de travailler à davantage de mixité sociale sur l’ensemble du territoire. Cela passe entre autre par une sectorisation soucieuse d’équilibrer les établissements et l’abandon des dispositifs dérogatoires comme les ECLAIR.

Pour la FSU, afin de prendre en compte les publics scolaires et leur environnement, les amener tous aux mêmes objectifs, l’autonomie consiste à donner plus de capacité d’agir et d’initiatives aux équipes dans un cadre qui doit rester national et dans le respect de garanties statutaires.

3. Mais pour que les personnels exercent mieux leurs métiers, il faut leur en donner les outils

Il faut arrêter la politique de non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite et recruter des personnels formés et en nombre suffisant. Nous proposons pour cela un système de pré recrutements pour les étudiants et la mise en œuvre d’un plan pluriannuel de recrutements afin de rattraper la politique de ces dernières années et recruter progressivement à la hauteur des besoins.

La formation est un enjeu majeur. Un haut niveau de qualification, le master, ne suffit pas pour savoir enseigner. Enseigner est un métier qui s’apprend. Les futurs enseignants doivent bénéficier d’une véritable formation professionnelle et d’une entrée progressive dans le métier. Une autre réforme de la formation initiale et la rénovation de la formation continue sont urgentes.

Il faut également permettre aux personnels de travailler différemment :

 en leur permettant de varier les situations pédagogiques, de dédoubler des classes, de travailler en petits groupes, de mieux prendre en charge tous les élèves…

 avec du temps de concertation et le développement du travail en équipes pluri-professionnelles car c’est l’ensemble des personnels qui concourent à la réussite de tous les jeunes.

Il faut aussi reconnaître le travail de ces personnels en revalorisant leurs métiers et leur traitement. C’est une question de justice et de reconnaissance sociale. C’est aussi un moyen de rendre ces métiers de la Fonction publique attractifs.

Le débat sur les services des enseignants, leurs missions, leurs statuts, n’aurait de sens que dans cette perspective, et avec le double objectif d’améliorer la réussite des élèves et les conditions d’enseignement des enseignants.

La société a rendez-vous avec l’Ecole. Le XXIème siècle doit être celui de l’engagement pour la réussite de tous les jeunes. Il faudra aussi redonner confiance aux acteurs. Les évolutions ne se feront pas sans eux. Pour sa part, la FSU est prête à s’y engager.