A l’occasion des 10 ans de la loi « Leonetti », et alors que le nouveau projet de loi a été adopté par l’Assemblée nationale le 17 mars dernier, Jean-Luc Roméro, Président de l’ADMD (Association pour le droit de mourir dans la dignité), nous a accordé un entretien.


Jean-Luc Romero, président de l'ADMDLa loi adoptée le 17 mars par l’Assemblée, c’est une déception ou un progrès ?

C’est plus qu’une déception : c’est une loi faite par des médecins, pour des médecins, ce n’est pas une loi sur les droits despatients. 10 ans après la première loi, nous faisons le constat que cette dernière a échoué : à peine 20 % des personnes bénéficient des soins palliatifs, l’obstination déraisonnable continue, tout comme l’acharnement thérapeutique, et pendant ce temps, on continue à pratiquer l’euthanasie illégale dans notre pays.
La nouvelle mouture va occasionner de plus en plus de recours, car un certain nombre de dispositions sont mal encadrées, et va mettre les médecins et ceux qui sont en train de mourir dans une situation d’insécurité juridique.

Les Français sont-ils prêts à affronter les questions relatives à la fin de vie ?

Les gens sont très intéressés par ces questions, ils ont besoin d’en parler, car nos sociétés ne nous préparent pas suffisamment à la mort. On en a fait un tabou, nos politiques les premiers ! Ce que nos concitoyens veulent, ce n’est pas forcément l’euthanasie, qui concerne 2 à 3 % des cas dans les pays où elle est pratiquée, mais tout simplement maîtriser leur fin de vie. Or, il y a sur cette question un hiatus entre la classe politique et les Français.

Quelles sont les prochaines étapes de votre campagne ?

Je sors un livre au mois d’avril* sur le bilan de la loi Léonetti, et pour promouvoir une autre logique. Par ailleurs, nous allons réaliser à l’occasion des 10 ans de la loi un grand sondage, et nous allons bien entendu continuer à agir en direction des politiques, à l’occasion du passage du texte au Sénat. Les débats à l’Assemblée ont montré qu’il pouvait y avoir une majorité pour adopter des dispositions sur la légalisation de l’euthanasie, nous voulons mettre les femmes et les hommes politiques devant leurs responsabilités.