A l’occasion des 70 ans de l’association, et à quelques jours de la journée des oubliés des vacances le 19 août prochain, Julien Lauprêtre, son président, nous a accordé cet entretien.


Selon une étude récente, les français partiraient un peu plus en vacances cette année, c’est un signe positif ?

Ce n’est pour le moment qu’une évaluation, si elle se confirme, c’est encourageant pour le travail des associations, mais il ne faut pas oublier que l’année dernière, encore un français sur deux, et près d’un enfant sur trois ne sont pas partis en vacances. Et on comptabilise les séjours à partir de 4 jours et plus ! Il y a donc encore de très grande injustice, et une forte demande de vacances, à laquelle nous nous devons de répondre.

Justement, vous organisez bientôt comme chaque année la journée des « oubliés des vacances »…

Nous avons deux campagnes en fait : une qui consiste à offrir de « vraies vacances » à des milliers d’enfants, de familles (elles ont permis en 2014 le départ en vacances de 159 200 personnes), accueillies dans des centres de séjour, des familles d’accueil, mais nous savons aussi qu’un enfant qui n’est pas parti en vacances après le 15 août ne partira pas du tout. Nous avons donc mis en place, il y a plus de trente ans, cette opération des « oubliés des vacances ». Un peu critiquée au début, cette idée a fait son chemin, et aujourd’hui, les enseignants nous disent qu’un enfant qui a pu bénéficier de cette journée la raconte comme s’il était parti « trois semaines à Saint-Tropez », et que cela se ressent ensuite sur son comportement scolaire.

Cette année, avec le 70ème anniversaire de votre association, elle prend une dimension particulière ?

Oui, nous avons la journée qui se décline dans les Régions, et le 19 août, un événement particulier à Paris avec l’objectif de réunir 70 000 enfants et familles qui vont s’adonner à une immense chasse au trésors dans les rues de la capitale, et se retrouver pour un pique-nique géant et une après-midi festive sur le Champ-de-Mars.
Il y aura aussi la venue de jeunes issus de 70 pays différents, jeunes qui auront été accueillis préalablement dans pas moins de 17 villages dans le cadre du mouvement « Copains du Monde ». C’est une dimension internationale à laquelle nous tenons beaucoup et qui est en plein développement, elle permet aux jeunes venus de pays très différents de créer eux-mêmes leurs projets, de vivre et collaborer ensemble en dépassant les clivages liés aux conflits dans leurs régions.

Dans des sociétés de plus en plus individualistes, la solidarité est-elle toujours d’actualité ?

Non seulement elle est toujours d’actualité, mais elle a pris une dimension sociétale. Dans les années 50, le phénomène des sans-abris était marginal, il y avait même des personnes qui l’étaient par choix. Aujourd’hui, le nombre de sans-papier, de sans domicile fixe a littéralement explosé. La solidarité s’exprime au quotidien : c’est le boulanger qui propose d’acheter deux baguettes au lieu d’une pour en donner une à une personne dans le besoin, le restaurateur qui propose un menu gratuit, ou les campagnes de micro-dons avec « l’arrondi en caisse ». Les grandes entreprises s’y sont mises, et pourtant elles n’ont pas changé de nature pour autant. Et pour ce qui nous concerne, nous arrivons à mobiliser plus de 80 000 bénévoles pour nos campagnes.
C’est donc la société toute entière qui est empreinte de la nécessité de développer des actions solidaires, car ce n’est pas une bricole, cela permet tout simplement à des gens de vivre ! La solidarité, aujourd’hui, c’est indispensable.