Du lycée à l’entrée dans l’enseignement supérieur, le gouvernement entend réformer les parcours des jeunes, promouvant l’apprentissage pour les uns, la sélection à l’entrée à l’université pour les autres. La France est connue pour son déterminisme social en matière de réussite à l’école. Les mesures en discussion, si elles devaient être mises en œuvre, constitueraient un renoncement à élever le niveau de qualification du plus grand nombre, à rebours des besoins du pays.

Ne fermons pas l’accès à l’université aux générations 2000 !
Avec le projet de loi Vidal qui encadre la mise en œuvre du #PlanEtudiants, le gouvernement veut généraliser la sélection pour l’accès à l’université dès la rentrée 2018. C’est un projet conservateur, inégalitaire, austéritaire, anxiogène et bureaucratique qui modifierait en profondeur les missions de l’Université. Le SNESUP-FSU combat ce projet de loi et en demande le retrait.
Alors que nous devons accueillir 200 000 étudiants supplémentaires au cours des 5 prochaines années, le statu-quo n’est plus possible. Mais le gouvernement veut sortir de ce défi par le bas, par la sélection généralisée et le sous-investissement dans l’Enseignement supérieur et la recherche (ESR) alors que nous militons pour le relever et en sortir par le haut, par un investissement massif dans l’ESR et la création de places dans les formations à la hauteur des besoins.
En effet, la Ministre annonce un investissement d’un milliard d’euros sur cinq ans là où il en faudrait dix !
La gestion des 7 000 000 de vœux des 700 000 lycéens en Terminale va mettre en tension toutes les formations actuelles qui proposent aujourd’hui environ 600 000 places. Elle mobilisera à elle seule environ 500 emplois qui seraient mieux affectés devant les étudiants. Les 40 000 places à créer chaque année dès 2018 devraient nécessiter 460 millions d’euros si le ministère les finançait à la hauteur de l’investissement moyen dans l’enseignement supérieur français.
La sélection ce n’est pas de l’orientation, c’est de l’exclusion ! Notre pays a les moyens d’accueillir et de faire réussir les générations 2000, ne leur fermons pas l’accès à l’université !
Un dossier a été constitué sur ce sujet. Il est disponible en ligne sur notre site : http://snesup.fr/rubrique/la-selection-en-licence

Quel bac pour quel lycée ?
Dans la foulée de la réforme de l’accès à l’enseignement supérieur, le gouvernement ouvre le chantier de la réforme du baccalauréat général et technologique. Le ministre de l’Education nationale a chargé Pierre Mathiot, ancien directeur de Sciences Po Lille, de mener une réflexion sur le bac et de l’élargir à une éventuelle réforme du lycée.
Jugé trop lourd et trop coûteux, il s’agirait, selon le ministre, de « muscler » le baccalauréat pour en faire un « tremplin » vers les études supérieures tout en le simplifiant. On attend le détail de la réforme pour février 2018. Au détour des déclarations ministérielles à la presse et du programme présidentiel et à la lecture des premiers compte-rendu des audiences tenues par la mission Mathiot, on voit poindre la tentation d’un lycée à la carte ou modulaire, sanctionné par un bac obligatoirement réduit à quatre épreuves terminales et le reste au contrôle continu. La première session du bac ainsi réformé doit avoir lieu en juin 2020 pour les épreuves anticipées et en juin 2021 pour le reste. Le Ministère envisagerait des modifications de la classe de Seconde dès la prochaine rentrée scolaire. Le SNES-FSU conteste la nature de ces propositions. Accroitre le poids du contrôle continu creuserait les inégalités entre les lycées et transformerait le diplôme national en certificat de fin d’études secondaires « maison ». Dans ce schéma, les élèves risquent ainsi de voir leur destinée scellée dès la classe de Seconde par le lycée dans lequel ils auront été admis et par le parcours qu’ils y auront suivi, et de ne pouvoir envisager de choisir leur poursuite d’études qu’à l’aune de la réputation, bonne ou mauvaise, de leur établissement.

Valoriser l’enseignement professionnel : une exigence sociale
700 000 élèves soit un tiers des lycéen-nes se forment à un métier dans les lycées professionnels et plus de 80 % y obtiennent un diplôme (CAP/BAC pro). Les lycées professionnels publics permettent à de nombreux jeunes d’accéder à un 1er niveau de qualification par l’obtention d’un diplôme reconnu – deux éléments essentiels pour sécuriser leur parcours scolaire et leur avenir professionnel.
Le ministre a décidé d’ouvrir une consultation autour de la valorisation de l’enseignement professionnel. Le SNUEP-FSU y proposera des mesures pour améliorer les conditions d’études des élèves et de travail des personnels. Alors qu’un million de jeunes sont sans formation ni emploi, le SNUEP-FSU portera la nécessité d’augmenter le nombre de sections professionnelles afin de leur permettre de retourner gratuitement dans une formation qualifiante.
La volonté du gouvernement de promouvoir l’apprentissage dans les filières pré-bac n’est pas la solution au chômage des jeunes ni contre le décrochage. Chez les mineur-es, en moyenne 38 % des contrats d’apprentissage sont rompus (50 % en hôtellerie/restauration). Le SNUEP-FSU rappellera donc que la formation globale et complète mise en œuvre dans les lycées professionnels est plus adaptée aux jeunes car elle leur permet d’accéder à la vie active mais aussi de poursuivre des études supérieures.
Le SNUEP-FSU revendique des mesures urgentes pour valoriser l’enseignement professionnel public seules garantes d »une formation ambitieuse pour tous les jeunes.