Loin des déclarations rassurantes du ministre de l’Éducation nationale, les personnels de direction sont inquiets tant le système éducatif, mis à mal, perd de son sens et en oublie l’humain.
Des dysfonctionnements importants dans les processus d’orientation, que ce soit post troisième ou post bac, des examens en collège qui ne sont plus en adéquation avec leurs finalités, que ce soit le DNB ou le CFG, une politique numérique qui tangue tant sur le pôle administratif que pédagogique, un point d’équilibre dans les rapports Etat / Collectivités qui est déplacé, un calendrier de mise en œuvre des PPCR remis en discussion, … autant d’illustrations qui aident à comprendre le très fort sentiment d’insatisfaction des personnels de direction alors placés en première ligne face aux contradictions du système et des mécontentements des personnels, des élèves et de leurs familles.
La préparation de la rentrée 2018 se situe dans la même lignée : le Ministre communique un certain nombre d’annonces : le retour des classes bi-langues et enseignements de culture et langues européennes, le retour du grec et du latin. Des moyens, il n’est pas question, bien au contraire, -2600 postes dans le second degré ainsi que -200 postes administratifs ! Nos inquiétudes sont partagées par les enseignants. Quels arbitrages pourrons-nous donner quand les visées du Ministre sont tout à la fois dogmatiques et financières ? Un tel pilotage n’est ni à la hauteur des enjeux que doit relever l’Éducation nationale, ni à celle de l’engagement des fonctionnaires qui œuvrent quotidiennement à la réussite des élèves.
Nous subissons toujours les effets du décret du 5 janvier 2012 sur « l’organisation académique » avec regroupements de services, mutualisations… qui ont un effet souvent désastreux non seulement sur les personnels directement impliqués, mais également sur le service rendu aux établissements, ce qui a des conséquences directes sur les conditions de travail des personnels de direction. L’accroissement potentiel du périmètre des académies en lien avec les nouvelles régions et la direction de deux académies par un même Recteur renforce les difficultés existantes et leur ouvre un nouveau champ d’élargissement.
L’ouverture de la réflexion sur l’autonomie des établissements pourrait être l’occasion de refonder les principes fondamentaux de l’Éducation Nationale telle que nous la connaissons aujourd’hui. Le snU.pden-FSU ne réclame pas plus d’autonomie, les établissements ont les marges de manœuvre réglementaires nécessaires pour s’adapter aux conditions locales de l’exercice. Il s’agit bien de l’élaboration d’un autre système que celui que nous connaissons aujourd’hui qui est lancé par le Ministre Blanquer, dont la mise en concurrence renforcée des personnels et des établissements. Nous récusons ces orientations.

Il est nécessaire de construire une politique éducative ambitieuse, qui s’installe dans la durée, qui reconnaisse la professionnalité de tous les personnels, qui fassent vivre les établissements dans un cadre bien défini, avec la garantie de l’État que l’Éducation demeure Nationale.

La confiance souhaitée par le Ministre doit se construire sur des actes et non sur une seule imprécation. Souhaitons que la confiance désirée ne se transforme pas en défiance.