Du 27 septembre au 18 octobre prochain, les scientifiques de toute la France convergeront vers Paris, à pied, en vélo…. pour partir à la rencontre du public et exposer leurs revendication pour relancer l’emploi scientifique.
A cette occasion, nous avons interviewé Patrick Lemaire, Directeur de recherche au CNRS et porte-parole du mouvement à l’origine de cette initiative, soutenue par les syndicats de la FSU.


Comment a germé l’idée d’organiser une marche pour les sciences ?

Il y avait depuis plusieurs années un certain découragement face aux politiques gouvernementales vis à vis de la recherche, découragement qui était devenu un obstacle à la mobilisation. Lors d’une réunion publique à Montpellier, préparatoire au Comité National de la recherche scientifique du 11 juin et en présence de plusieurs personnalités du monde scientifique (Alain Trautmann, Anne Fraïsse, Gilles Halbout…), j’ai lancé cette proposition de marche qui de fil en aiguille a essaimé. Entretemps, nous avons opté pour le vélo plutôt que pour la marche à pied, car nous n’avons ni le temps et ni les moyens de traverser la France pendant plusieurs semaines !

Pourquoi cette forme particulière de mobilisation ?

Il y a bien sûr des références à des formes d’action similaires (marche des beurs, Larzac…), mais il s’agit surtout d’aller à la rencontre du public. Les chercheurs ne sont pas nombreux, à peine 200 000 dans notre pays, et pour nous faire entendre, nous devons absolument gagner le soutien de la population. C’est pour cela que tout au long des parcours (il y a des marches au départ de chaque grande ville universitaire), des rencontres, des débats sont organisés. La convergence de mouvements aura lieu à Paris, lors de la Fête de la science, le 17 octobre.

Quelles sont les principales revendications que vous voulez mettre en avant ?

Il s’agit d’abord de recruter à tous les niveaux de l’enseignement supérieur et de la recherche, sur des emplois statutaires bien sûr. En 4 ans, le nombre de postes créés a chuté de 25% au CNRS pour les chercheurs, et de 60% pour les ingénieurs, techniciens et administratifs
Il faut ensuite augmenter les crédits de base des laboratoires et des universités, c’est à dire les crédits pérennes qui ne dépendent pas des contrats et ou des appels à projets.
Nous demandons enfin que le doctorat soit reconnu comme une filière d’élite, au même titre que les diplômes des grandes écoles.