2 600 suppressions d’emplois dans le second degré et 200 suppressions d’emplois de personnels administratifs. Le comité technique ministériel du 20 décembre a examiné la répartition des moyens attribués aux académies pour la prochaine rentrée.

Second degré sacrifié
On sait depuis octobre que le budget 2018 a prévu pour le second degré public la suppression de 2 600 emplois de stagiaires et donc des crédits correspondants. Le ministère continue d’affirmer sans démonstration que ces suppressions seront sans impact sur les « moyens d’enseignement », confondant à dessein les postes non pourvus aux concours de recrutement et les moyens horaires attribués aux académies. Il n’a donc donné à ce CTM aucune indication sur les conséquences dans les académies de ces suppressions de crédits pourtant inscrites au budget 2018 et qui correspondent à l’équivalent de 1 300 moyens d’enseignement à temps plein devant les élèves.
Le second degré public s’est vu par ailleurs doté, in extremis, de 120 emplois en application du « plan étudiants » pour la mise en place des dispositifs d’accompagnement. Selon le ministre, la répartition des moyens entre les académies pour la rentrée 2018 prend en compte « l’évolution prévisionnelle des effectifs d’élèves et la poursuite du développement des enseignements facultatifs en collège ».
Alors que 26 000 élèves supplémentaires sont attendus, on assiste à une vaste opération de redéploiement entre les académies mais les plus touchées sont celles qui concentrent les difficultés sociales avec un fort poids de l’éducation prioritaire : Lille : – 136 emplois (– 0,5 %) ; Amiens : – 1 (– 0,7 %) ; Caen : – 87 (– 1 %) ; Rouen : – 77 (– 0,7 %) ; Nancy-Metz – 100 emplois (– 0,7 %)… Les académies qui gagnent des emplois sont celles qui sont en forte augmentation démographique.
L’attribution des moyens aux établissements est en cours. Les premiers éléments venant des académies semblent indiquer que les collèges, en poussée démographique forte en Sixième, seraient à leur tour sacrifiés, alors que le ministère annonçait en décembre leur attribuer des moyens au motif de la poursuite de leur réforme… Les suppressions d’emplois se solderont en fait par une augmentation des heures supplémentaires (+16 % en collège dans l’académie de Versailles, même tendance à Lille) ou par des détériorations des conditions d’enseignement (hausse du nombre d’élèves par classe, réduction d’horaires d’enseignement, etc.).

Dans le 1er degré, le budget 2018 adopté par le parlement prévoit la création de 3 881 postes à la rentrée prochaine. Le ministère a fait le choix de les consacrer exclusivement à la poursuite du dédoublement des classes en CP en REP et CE1 en REP+. Conjuguées à une faible baisse du nombre d’élèves, ces créations auraient dû être l’occasion de diminuer les effectifs dans toutes les écoles où les classes sont surchargées, d’améliorer les remplacements, de développer le plus de maîtres, les Rased, la formation des enseignants, de faciliter l’inclusion scolaire … Bien que l’ensemble des créations de postes sera affecté à ce dédoublement, cela sera insuffisant car il en faudrait près de 6 400. Des centaines de postes de « plus de maîtres », de Rased, de remplaçants, de classe ordinaire … risquent d’être ainsi supprimés. Si l’abaissement des effectifs en éducation prioritaire est encore plus légitime qu’ailleurs, le seul effort fait en direction des CP et CE1 sans les créations de moyens nécessaires va se réaliser au détriment de la réussite de tous les élèves et ne permet pas de remédier efficacement à la difficulté scolaire, de travailler autrement dans les classes, de scolariser des 2 ans … L’école primaire française largement sous-investie et marquée par des inégalités insupportables doit faire l’objet d’un engagement financier massif pour réaliser les transformations nécessaires, à commencer par une baisse des effectifs. Le budget 2018 ne répondait pas à cet enjeu de société. Les choix faits par le ministère y répondent encore moins.

AESH, un rideau de fumée
Le ministère a beau jeu d’afficher la création de 6 400 emplois d’AESH. Ce ne sont en fait que la transformation d’emploi de CUI en emploi d’AESH prévue par le gouvernement précédent. Pour les personnels en CUI, cela peut se révéler être un changement positif… à condition qu’ils disposent du diplôme pour pouvoir prétendre à un tel contrat ou bien d’une expérience de 2 années sur des missions d’accompagnement. Or, la formation de ces personnels étant au moins aussi carente que celle des fonctionnaires, il n’est pas sûr que l’État leur ai permis de passer le diplôme.
Par ailleurs, le ministère provisionne 4 500 équivalent temps plein d’AESH sur les crédits de fonctionnement. Là encore il s’arrête au milieu du gué et met les personnels et les élèves en difficulté. Les personnels car le ministère ne crée pas d’emplois qui leur garantirait une certaine sécurité et un salaire décent, ce qui risque de conduire au recrutement de nouveaux CUI du fait d’un vivier insuffisant et les élèves car cette méthode de fonctionnement ne leur garantie pas d’avoir auprès d’eux des personnels qualifiés et pérennes.

Dans les services administratifs
La rentrée 2018 s’annonce également dégradée du point de vue de l’administration, de l’organisation et de la gestion des EPLE ou pour les capacités des services académiques à assurer leurs missions dans les meilleures conditions. En effet, toutes les académies vont devoir, au titre des 200 suppressions au niveau national, « rendre » des postes de personnels administratifs : 21 à Lille, 9 à Besançon, 10 à Rouen, 8 à Caen ou encore 10 en administration centrale par exemple … Sale coup pour les conditions de travail des personnels et la reconnaissance de leur engagement quotidien !