La communication institutionnelle n’aura eu de cesse, de célébrer une rentrée apaisée mais la réalité est loin d’être aussi radieuse ! De la maternelle au lycée en passant par les services déconcentrés, les personnels s’inquiètent des effets réels des réformes Blanquer, dénoncent leurs conditions de travail et n’admettent plus qu’on repousse encore la revalorisation de leurs salaires.

Tous les moyens sont bons pour tenter de séduire. Le ministre ne cesse d’assurer des effets de ses réformes pour une meilleure justice sociale et une école du bonheur. Le problème c’est que les enseignants n’y croient pas, constatant au contraire que cette rentrée se joue dans la crainte de nouvelles dégradations de leurs conditions de travail et des conditions d’apprentissage des élèves et tout cela sans croire aux effets bénéfiques des réformes sur une plus grande démocratisation de la réussite scolaire. De la maternelle au lycée, les enseignants s’inquiètent des effets réels des réformes Blanquer et n’admettent plus qu’on repousse encore la revalorisation de leurs salaires.

Alors que tout le monde s’accorde à reconnaître la part majeure de la formation dans la qualité du service public d’éducation, la création des INSPE peine à convaincre qu’elle va être capable d’améliorer la situation actuelle. Quant à la formation continue, les propositions ministérielles, en cours de discussion, sont toujours loin de répondre aux demandes des enseignants d’une formation qui correspond à leurs demandes. La crise de recrutement des professeurs perdure et on peut douter que les prérecrutements prévus soient capables de l’infléchir notablement.

Au lycée, il y a tout lieu de craindre que l’introduction des spécialités ne produise pas les effets annoncés de lutte contre les ségrégations sociales et soient loin de toujours permettre un véritable choix pour les lycéens. Par contre, complexifiant les fonctionnements, ils vont dégrader les conditions d’étude des élèves et les conditions de travail des enseignants. La réforme du bac, annoncée comme une opération de simplification, s’avère au contraire des plus complexe et chronophage, sans être capable de garantir les principes égalitaires d’une épreuve nationale.

Le malaise est général chez les enseignants des lycées professionnels : l’introduction de la baisse des horaires d’enseignement, des co-interventions, du chef d’œuvre, du mixage des publics, des familles des métiers est loin de convaincre de ses vertus sur la réussite des élèves d’autant que le contexte général fait de plus en plus la part belle à l’entreprise privée et aux branches professionnelles pour penser la formation professionnelle, concevoir les diplômes et organiser l’apprentissage.

La réforme des filières, du baccalauréat et de la voie professionnelle dégradera aussi l’enseignement agricole. La baisse des moyens y entrainera une augmentation des seuils qui constituera une dégradation des conditions d’enseignement.

A l’école primaire, les effets du dédoublement sur les taux d’encadrement des autres classes ou sur le nombre de remplaçants nourrissent aussi bien des inquiétudes et commencent à révéler leur impact réel.
L’école maternelle est particulièrement revisitée en cette rentrée, bien loin des programmes de 2015 mettant l’accent dès la petite section sur l’apprentissage de mots et l’entraînement à la phonologie avec des recommandations pédagogiques particulièrement précises.
Nul ne peut croire que les diktats pédagogiques qui cherchent à imposer une méthode pourraient se substituer à une véritable formation pour répondre aux enjeux de l’amélioration de la compétence professionnelle.

Les engagements d’une capacité à résoudre les problèmes de l’inclusion par les PIAL relèvent de la gageure. Il ne suffit pas de disposer d’une organisation nouvelle pour résoudre des difficultés, il faut disposer des moyens nécessaires. Là encore malgré une communication très optimiste, le ministère peine à convaincre : les enseignants, les AESH, les parents d’enfants handicapés expriment leurs inquiétudes.

Le recours croissant à l’autoritarisme pour piloter le service public est aussi un objet de préoccupation pour les personnels. Derrière un discours qui proclame la confiance, le rapport de forces est désormais régulièrement engagé pour exiger des enseignants l’exécution de consignes, au mépris de la liberté pédagogique et de l’exercice de la compétence indispensable pour répondre aux réalités complexes.

Sur plusieurs sujets (voie générale et technologique, voie professionnelle, INSPE, …), les organisation, syndicales seront amenées à s’exprimer dans le cadre du dialogue social. La FSU le fera sans concessions en exprimant les revendications des agents et en exigeant les moyens nécessaires.

Enfin, alors que tous les indicateurs confirment la situation dégradée des revenus enseignants en France par rapport à la plupart des pays européens et que la crise de recrutement perdure, l’annonce de l’ouverture de négociations sur le sujet n’a toujours pas donné le moindre gage d’un véritable engagement gouvernemental sur le sujet. De ce fait, l’annonce d’une augmentation de 300 euros n’a produit que déception et railleries.

Pour les personnels administratifs, techniques, sociaux et de santé : conditions de travail dégradées et reconnaissance en berne ! Le ministre peut bien se répandre dans les médias pour clamer que la rentrée est réussie, les personnels peuvent eux en mesurer la réalité : 400 postes de personnels administratifs ou de laboratoire en moins dans les services et établissements de l’éducation nationale, pas de création de postes d’assistant-es de service social ou d’infirmier-es pour faire face à tous les besoins qu’exigent leurs missions au regard de la réussite éducative de tous les jeunes.
Chacun-e peut en mesurer les conséquences en matière de dégradation des conditions de travail, d’accroissement de la souffrance au travail pour nombre de collègues, la pression accrue sur l’organisation des services et des établissements. Et dans bien des situations, c’est leur sens du service public, leur engagement et leurs expertises professionnels qui sont contrecarrées par l’injonction à se débrouiller à faire davantage avec toujours un peu moins de moyens.

Côté reconnaissance des personnels, l’enferrement du gouvernement dans sa politique de gel de la valeur du point d’indice et l’entêtement à la soumission aux dogmes de l’austérité budgétaire, les maigres budgets indemnitaires du ministère au regard des effectifs : tout concourt à ce qu’elle ne soit pas au rendez-vous ! Et de ce point de vue, les annonces « d’efforts » du gouvernement se borne à mettre en œuvre ce qui avait déjà été décidé en … 2016 !
Le dégel de la valeur du point d’indice, la reconnaissance du travail des personnels par la requalification massive des emplois et des carrières des personnels à la catégorie hiérarchique correspondante à la réalité de leurs fonctions et du travail qu’ils réalisent pour l’exercice de leurs missions, la revalorisation indemnitaire et la poursuite de l’intégration des primes dans le traitement indiciaire, la FSU est déterminée à ne rien lâcher de ces exigences revendicatives pour tous les personnels de l’éducation !

Pour les psychologues, CPE, personnels de vie scolaire : des métiers malmenés entre manque de moyens et transformation des missions. Dans le second degré, le rapport Charvet-Mons prône une réforme de l’orientation qui, si elle était retenue par le ministre, conduirait à une transformation des missions des Psy-ÉN EDO mais aussi des professeurs et CPE :

 transfert des missions des Psy-ÉN aux enseignants et CPE avec création d’une certification ou d’une habilitation en orientation, pour la mise en place des heures dédiées à l’accompagnement des élèves sur l’orientation ;

 transformation des missions des Psy-ÉN : ingénierie en orientation, formation des profs à l’orientation, accompagnement des équipes, conseils techniques auprès des chefs d’établissement, etc. ;

 nouvelles fermetures de CIO ;

 affectation des Psy-ÉN dans certains lycées « têtes de réseau » ;

 affectation des DCIO dont le CIO est supprimé en DSDEN ou rectorat ;

 mise à disposition des personnels volontaires aux Régions sans remplacements des emplois perdus dans les services.

La FSU s’oppose à ces transformations et continue d’organiser la mobilisation pour les contrer.

Les psychologues ont des missions bien plus larges que le « dépistage » et l’orientation dans lesquelles l’administration veut souvent les cantonner. Dans le 1er degré, pour développer la prévention, l’accompagnement, la remédiation en réponses aux demandes et aux besoins des élèves et des écoles, le dispositif pluriel d’aides psychologiques et spécialisées doit être développé. C’est l’originalité du RASED qui permet de maintenir l’ancrage des psychologues dans une approche psycho-pédagogique des difficultés. Dans le 1er degré, la coordination et le travail en équipe entre psychologues d’un même département ou d’une zone de travail doivent être développés pour éviter l’isolement et dynamiser la profession.

La FSU a défendu la création d’un corps de psychologues de la maternelle à l’université et travaille au développement de la réflexion sur les missions, la formation et les conditions d’exercice.

Dans les vies scolaires, les conditions de travail continuent de se dégrader. Aucune création d’emploi et une baisse du recrutement au concours de CPE. Aucun recrutement supplémentaire d’AED. Tout cela dans un contexte d’augmentation démographique majeur. L’amélioration des conditions de travail des élèves et des personnels et la capacité de ces derniers à exercer leur métier dans toutes ses dimensions passent par une augmentation du taux d’encadrement.

Les tentatives de réorientation du métier n’épargne pas les CPE. La circulaire de 2015, trop souvent ignorée et/ou méconnue par les chefs d’établissement et les IPR, est considérée dans plusieurs académies comme un catalogue où chacun fait son marché (profilage de postes de CPE, missions isolées ou instrumentalisées…). La FSU dénonce ces pratiques et réaffirme que cette circulaire est un document de référence pour tous qui affirme le sens de l’activité et les responsabilités propres et partagées.
Grâce à l’action de la FSU, les statuts des CPE et Psy-EN font dorénavant partie de la liste des corps (à l’instar des professeurs) dont les dispositions peuvent déroger au statut général de la Fonction publique. C’est une avancée qui ouvre droits et garanties.

AESH, un métier d’avenir en mal de reconnaissance. La circulaire du 5 juin 2019 acte la signature de CDD de 3 ans comme règle pour les nouveaux recrutements et les renouvellements (puis passage en CDI au bout de 6 ans) et le calcul du temps de travail sur la base de 41 semaines, ce qui doit permettre d’augmenter la rémunération des AESH à temps incomplet sans augmenter leur charge de travail et de réduire la charge de travail de celles et ceux qui sont à temps complet. Ces avancées, dont la mise en œuvre semble chaotique, ne masque toutefois pas la mauvaise situation de ces personnels, bien loin des ambitions affichées pour une inclusion réussie : la précarité reste la norme, la formation à l’emploi est minimale, la rémunération est indécente. Néanmoins cette circulaire peut constituer un point d’appui pour obliger les DASEN et les chefs d’établissement à respecter les droits des accompagnant-es. Le 12 juin lors du CTM, la FSU a obtenu que le ministère organise une rencontre avec les Recteurs pour éviter des interprétations académiques.

La FSU revendique la professionnalisation des accompagnant.es dans le cadre du statut de la Fonction publique passant par la création d’un corps, seule à même de garantir les conditions de pérennisation d’un métier qui est devenu un rouage essentiel pour la scolarisation de tous les élèves.

En résumé … tout motive la FSU à porter avec détermination et insistance des revendications d’augmentation salariale et d’amélioration des conditions de travail.