Gafsa, le 4 février 2009
Communiqué de la délégation d’observateurs syndicaux étrangers présents au procès en appel des militants du bassin minier de Gafsa en Tunisie
Dans un contexte de crise économique qui frappe durement la région
(30% de chômage), la dernière audience du procès en appel des militants du bassin minier de Gafsa s’est déroulée sous haute surveillance policière ce mardi 3 février.
Parmi les nombreux observateurs assistant à ce procès pour soutenir les accusés, on pouvait noter la présence de nombreux militants et syndicats de l’UGTT, d’associations de défense des droits de l’homme (Amnesty, FIDH,…).
L’audition de 33 inculpés (5 des 38 accusés avaient été acquittés par les premiers juges) souligne l’injustice que constituent les peines prononcées à leur encontre en 1ère instance.
Comme lors des précédentes audiences, la délégation d’observateurs syndicaux étrangers souligne les irrégularités de la procédure judiciaire qui n’a pas retenu les preuves apportées par les accusés :
Tortures infligées à certains d’entre eux
Menaces à l’égard de leurs familles et de leurs proches
Manipulations avérées mises en oeuvre par des responsables des pouvoirs publics et de la direction de la mine
PV des accords signés attestant du cadre légal dans lequel les responsables syndicaux mis en cause ont agi.
Cette audience confirme à nouveau le choix du gouvernement tunisien qui utilise la voie sécuritaire pour tenter de museler le mouvement social et les justes revendications exprimées pacifiquement par la population de Gafsa.
De multiples falsifications de preuves opérées par la police et les représentants du ministère de la justice ont été mises en évidence pendant le procès.
Le refus du juge de prévoir une nouvelle audience pour permettre aux avocats de préparer leur plaidoirie sur la base des nouveaux éléments apportés par les accusés confirme ce déni de démocratie. Il met en évidence l’ingérence du pouvoir dans ce jugement dont le verdict est tombé après plus de 24 heures de procédure. Les poursuites n’ont pas été abandonnées à l’encontre des prévenus et les peines malgré une légère atténuation frappent de 2 à 8 ans d’emprisonnement les militants pourtant innocents. Ce jugement constitue une atteinte aux droits et libertés syndicales.
Devant cette injustice aux conséquences dramatiques pour les intéressés et leurs familles, la délégation intersyndicale rappelle son soutien aux 33 militants mis en cause, demande à nouveau que les charges retenues et les condamnations prononcées à leur encontre soient levées, qu’ils soient remis en liberté, réintégrés dans leurs emplois.