Monsieur Nicolas SARKOZY
Les Lilas, le 7 janvier 2010
Président de la République
55 rue du Faubourg St Honoré
75008 Paris
Monsieur le Président de la République,
Vous présenterez lundi 11 janvier vos vœux au monde de l’Education et de la Recherche.
Permettez-moi de vous dire que les personnels attendent tout autre chose que la satisfaction sans nuance que vous avez affichée à propos de la réforme des lycées et de la loi LRU lors de vos vœux à l’ensemble des français.
J’ajoute que le choix de présenter vos vœux au sein d’une école aux statuts de droit privé associée au projet du « plateau de Saclay » n’est pas dénué de sens et suscite l’émoi des communautés universitaire et scientifique.
Permettez-moi de vous exprimer les vœux que nous portons pour notre système éducatif et pour notre recherche publique : ils nécessitent une réorientation profonde des politiques actuellement menées.
Nous avons besoin d’abord d’un nouvel élan pour construire une école qui assure la réussite de tous les jeunes.
Nous avons besoin d’un système éducatif plus juste et plus égalitaire qui réponde pleinement aux besoins de la société, qui refuse les déterminismes scolaires et sociaux, relance la démocratisation de l’accès au baccalauréat, et diminue le nombre de sorties sans qualification du système éducatif et qui dispose à tous les niveaux des moyens nécessaires à ses missions.
Nous avons besoin d’une recherche publique dynamique, assurée de la liberté et de la stabilité indispensables à son développement dans l’intérêt général, évaluée démocratiquement, s’appuyant sur les coopérations et non la concurrence effrénée.
Nous avons besoin de confiance, de démocratie, d’écoute pour impulser une véritable dynamique. Pour cela il n’est d’autre issue que de rompre avec un certain nombre de politiques engagées et procéder à une véritable remise à plat.
Plus que des voeux, ce sont des engagements forts que nous souhaitons entendre.
Il faut rompre avec le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant en retraite et la suppression de dizaines de milliers de postes, et revenir en arrière sur la RGPP et ses conséquences sur les services et les missions : il est au contraire urgent de créer les postes répondant aux besoins du service public et assurant l’amélioration des conditions de travail et d’étude.
Il faut revenir sur l’actuelle réforme de la formation des maîtres, retirer ses textes d’application concernant la formation et négocier une tout autre réforme.
Il faut retirer la réforme des LP, les projets actuels de réforme des lycées et de la gouvernance des établissements du second degré : nous avons besoin de reprendre des discussions sur de toutes autres bases.
Il faut rompre avec la restructuration du service public d’Enseignement Supérieur et de Recherche (universités, CNRS et autres organismes, …).
Il faut revenir sur la suppression des cartes scolaire et universitaires : nous avons besoin à l’inverse d’une véritable politique de l’éducation prioritaire qui assure partout le droit à une éducation de qualité et à la réussite.
Il faut mettre un terme aux logiques d’individualisation de la gestion des carrières, de mise en concurrence des individus et des services, destructrices pour les personnels et nocives pour les missions de services publics. Il faut également en finir avec le détournement voire l’abandon, des missions effectuées auprès des élèves par les personnels. Nous voulons la revalorisation de l’ensemble de nos métiers, la requalification des emplois, la défense de nos statuts, la résorption de la précarité.
Ce sont autant de conditions d’un service public d’éducation et de recherche véritablement efficace et démocratique.
C’est pour toutes ces raisons que les personnels de l’Education seront dans l’action en janvier, pour faire entendre et prendre en compte les propositions offensives et novatrices de transformation du système éducatif, pour sa démocratisation et la réussite de tous les jeunes, dont sont porteurs notre fédération et ses syndicats.
Je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, en l’expression de mes sentiments respectueux.
Gérard ASCHIERI
Secrétaire Général de la FSU