Quel avenir démocratique peut avoir une société où les horizons du plus grand nombre sont sciemment réduits pour préserver et conforter les intérêts de ceux qui sont déjà les plus favorisés ?

Le 19 mars, c’est la Fonction publique toute entière qui, à l’appel de la FSU et d’une intersyndicale complète, porte haut, par la grève et les manifestations, le refus de cette société où tout ce qui fait du commun, à commencer par les services publics, est sous-financé, dégradé, pour être au final supprimé ou du moins largement réduit. Ce n’est pas un hasard que la mobilisation vienne de la Fonction publique, c’est-à-dire de ces personnels dont les missions comme l’éducation, l’aide sociale, le soin, la protection, l’accompagnement, etc., sont les missions dont le niveau d’utilité sociale est proportionnel au mépris dans lequel les tient le pouvoir.

L’école et les services publics en général sont incontestablement à un tournant : au bord de l’effondrement par certains aspects, mais défendus avec une détermination inébranlable par des personnels qui continuent à y croire et une population qu’on peut convaincre que cela vaut le coup de se battre. En effet, la dégradation en cours ne doit rien à la fatalité mais tout aux choix fiscaux et sociaux qui privent les budgets publics des moyens nécessaires. Ne plus tenir la promesse républicaine d’Éducation de toutes et tous les élèves au plus haut niveau possible fabrique une société fracturée où la démocratie elle-même devient un concept creux, sans contenu, puisque l’accès à l’émancipation de tous les citoyen·nes n’aura pas été assuré dans les faits. C’est bien la question de la société dans laquelle nous voulons vivre qui est posée à cet instant crucial où les coups de boutoir du néo-libéralisme ont produit leurs effets délétères, mais pas définitifs, et où l’extrême droite semble aux portes du pouvoir en se nourrissant du ressentiment social tout en promouvant une accélération de ces logiques de division de la société et de repli sur soi.

Les suites de la mobilisation seront donc déterminantes pour imposer dans le débat public la question des services publics, et l’indispensable reconnaissance de celles et ceux qui le font au quotidien.