M. le président du CSE

M. le chef de service

Mme et M les membres du conseil supérieur de l’Éducation

La FSU souhaite à tous les membres du CSE une belle année 2025. La FSU souhaite que les travaux du CSE puissent se poursuivre de manière constructive et que pour cette année 2025 qui commence, le ministère prenne enfin en compte les avis émis par cette instance.  Elle souhaite  aussi que l’Éducation nationale et l’ensemble de ses personnels soient mieux considérés notamment les AESH qui sont mobilisés aujourd’hui pour obtenir un véritable statut de la fonction publique, l’amélioration de leur conditions de travail et un meilleur salaire, et qu’enfin nos décideurs politiques prennent conscience qu’il y a urgence à investir davantage dans le service public d’Éducation pour le renforcer et  lui permettre de continuer à élever le niveau de qualification de tous les jeunes afin de répondre aux enjeux de société qui sont devant nous.

La FSU souhaite aussi exprimer sa solidarité avec les actions en faveur de la libération de notre collègue Cécile Kohler, détenue depuis maintenant 1 000 jours en IRAN, dans des conditions « effroyables » selon son comité de soutien. La FSU n’oublie pas Cécile, membre du CSE,  et demande au gouvernement français de tout mettre en œuvre pour aboutir à sa libération et à celle des autres otages.

La FSU tient à exprimer sa solidarité envers les habitantes et habitants de Mayotte, durement éprouvé·es par le passage du cyclone Chido et  par la tempête tropicale Dikeledi de ce week-end.  Nous adressons tout d’abord nos pensées aux familles endeuillées, aux blessé·es et à toutes celles et ceux qui ont perdu leurs biens ou leurs moyens de subsistance. La FSU souhaite alerter sur la situation spécifique des personnels de l’Éducation nationale, des élèves et de leurs familles, qui subissent de plein fouet les conséquences de ces catastrophes. Les établissements scolaires sont souvent vétustes et insuffisamment préparés pour faire face à de tels évènements. Certains ont été gravement endommagés, rendant l’accueil des élèves impossible. De nombreux personnels et élèves ont vu leurs logements détruits ou fortement endommagés, et certains se trouvent actuellement dans des situations de grande précarité. Ces événements climatiques ont aggravé une situation déjà marquée par des inégalités sociales et des infrastructures insuffisantes dans ce département. Ils ont mis en lumière, une fois encore, les fragilités structurelles du territoire, le sous-investissement chronique organisé par les gouvernements successifs depuis une quinzaine années et les conditions précaires dans lesquelles les personnels de l’Éducation nationale et les élèves doivent vivre et travailler.

La FSU constate que  la gestion de cette crise est pour l’instant insuffisante à bien des égards. Trois semaines après le passage du cyclone, des questions fondamentales restent sans réponse : relogement des personnels, état des établissements scolaires, conditions de la rentrée et accompagnement des élèves et des personnels. Le dialogue social a également été insuffisant. La FSU sera vigilante pour que les multilatérales avec le rectorat et les groupes de travail spécifiques au ministère permettent de traiter sérieusement les questions urgentes : attractivité et fidélisation des personnels, reprise des apprentissages, plan de reconstruction et prise en charge des personnels et élèves. La FSU prend acte des annonces ministérielles indiquant que les personnels en retard pour la rentrée administrative la semaine prochaine  ne seraient pas sanctionnés. Toutefois, il est essentiel que cette « bienveillance » soit effectivement mise en œuvre et accompagnée de consignes claires au niveau local. Avec 40 % des logements détruits, de nombreux personnels se trouvent sans solution pérenne. Le ministère doit accélérer la mise en place de structures temporaires adaptées, mais aussi garantir des solutions de relogement durable pour permettre aux personnels de reprendre leur mission dans des conditions dignes. La FSU dénonce les critères d’attribution de l’aide exceptionnelle de 2 000 € réservée aux personnels sous un certain indice. Tous les personnels ont été touchés par ces catastrophes, quelle que soit leur catégorie. Le gouvernement doit corriger cette injustice en débloquant une aide exceptionnelle pour l’ensemble des agent·es.

Le ministère annonce qu’environ 70 % des classes seraient utilisables, mais les remontées locales indiquent des conditions bien souvent indignes ; des bâtiments dangereux et un manque criant de matériel pédagogique. La FSU demande un recensement précis et fiable des établissements et écoles opérationnels et des mesures de sécurisation par la commission de sécurité et la F3SCT avant toute reprise. Ne serait-ce qu’au regard des conditions de sécurité, les dates de reprise actuellement prévues sont clairement prématurées. Elle demande une reprise progressive et adaptée, tenant compte des réalités locales et une réflexion sur les examens sachant que la préparation des élèves a été gravement perturbée et que des ajustements seront indispensables.

La FSU alerte sur les reconstructions précipitées qui ne respecteraient pas les normes antisismiques et anticycloniques. Il est impératif que le bâti scolaire soit repensé pour garantir la sécurité des élèves et des personnels à long terme.

Dans un contexte de risque épidémique accru et d’augmentation des besoins des élèves en lien avec les traumatismes physiques et psychologiques vécus, une attention particulière doit être portée sur les infirmeries scolaires. Plusieurs d’entre elles ont été rasées ou pillées, et les conditions matérielles et d’hygiène élémentaires, tel que l’accès à de l’eau potable, ne sont plus assurées. Aggravé par la situation, l’accès à une alimentation suffisante est problématique pour de nombreux élèves. Les établissements scolaires doivent pouvoir proposer une collation  le matin et un repas du midi pour chaque élève et assurer un accès à l’eau potable.  L’accès à une consultation infirmière est primordial. Il est indispensable d’assurer aux infirmières, assistantes sociales et psychologues les moyens et les conditions de travail nécessaires pour garantir l’écoute et la prise en charge des élèves. Les personnels sociaux, formés aux cellules d’écoute, n’ont pas attendu la rentrée pour se remettre au  travail. La santé mentale des élèves et des personnels est une priorité. Les traumatismes engendrés par ces catastrophes nécessitent un accompagnement renforcé et durable.

Le sentiment d’abandon des personnels et des habitant·es de Mayotte est profond. Il est urgent que le gouvernement prenne des mesures concrètes pour renforcer l’attractivité et la fidélisation des personnels (hausse de l’indexation, aides au logement, titularisation des contractuel·les), pour garantir une rentrée sécurisée et adaptée pour tous les élèves et pour défendre publiquement les personnels de l’Éducation nationale, injustement critiqués alors qu’ils ont été en première ligne pour aider dans les centres d’hébergement d’urgence.

La FSU rappelle que Mayotte, département français, ne doit pas être laissée à l’abandon. La population mahoraise et les personnels qui y travaillent ont droit à des conditions de vie et d’éducation décentes, au même titre que l’ensemble du territoire national. La crise actuelle montre une fois de plus l’urgence d’un engagement ferme de l’État pour répondre aux besoins spécifiques de ce territoire ultramarin. Il en va de l’égalité républicaine et de la dignité de toutes et tous. Il est temps que l’État engage un investissement massif pour garantir et structurer les services publics sur Mayotte avec plus particulièrement un service public d’éducation digne de ce nom. La FSU appelle le gouvernement à agir donc rapidement et concrètement pour restaurer la confiance des personnels et des familles et pour répondre aux besoins criants du territoire.