La bataille, tant sur le terrain des idées que sur le terrain syndical, a été intense pour imposer la mise en œuvre effective de l’éducation à la sexualité, présente dans la loi depuis 2001. La FSU et ses syndicats nationaux ont porté avec force et constance l’impératif d’un programme ambitieux d’éducation à la vie affective et relationnelle et à la sexualité (Évars) et travaillé durant de nombreux mois pour qu’il aboutisse.

Le programme d’Évars mêle les dimensions éducative et citoyenne pour permettre aux élèves de se connaître, de connaître les autres mais aussi de grandir comme citoyenne éclairée dans notre société complexe. Il s’inscrit donc pleinement dans les ambitions émancipatrices de l’École publique. Pour le primaire, le ministère a refusé que l’éducation à la sexualité soit explicite, une concession, inacceptable, aux réactionnaires. Le programme y est donc réduit à l’Évar, charge aux professeur·es des écoles de trouver les bons mots pour répondre aux questions des élèves. Dès le début des travaux du Conseil supérieur de l’Éducation, la FSU a multiplié les interventions et les amendements pour préserver la richesse du programme et ouvrir le débat sur des points cruciaux. Ce programme est en effet un levier essentiel pour favoriser la connaissance et l’estime de soi, les relations saines et égalitaires entre les personnes et faire reculer les violences sexistes et sexuelles, les violences intrafamiliales comme les discriminations de genre.

Tout au long des discussions sur le programme, ce dernier a été contesté par des groupuscules réactionnaires et par l’extrême droite : menaces contre les personnels, tracts mensongers, vidéos virales et truffées de fake news, pressions de parents d’élèves pour connaître les contenus des séances d’Évars, pour y assister ou pour retirer leurs enfants de l’école, du collège ou du lycée ce jour-là, appel à une mobilisation… Ces attaques graves et inacceptables, qui peuvent sporadiquement se poursuivre actuellement, visent des personnels comme l’ambition émancipatrice de l’École et de ce programme. L’État ne peut pas laisser prospérer des contrevérités qui sapent les fondements même de l’École publique, décrédibilisent la parole des personnels et la parole publique. Il est indispensable que le ministère engage une campagne d’information à destination des familles sur le contenu du programme en mobilisant différents canaux : papiers, réseaux sociaux, médias nationaux, etc.

La FSU exige protection et accompagnement des personnels. Aucun·e ne doit être menacé·e ou remis·e en cause parce qu’il ou elle fait son métier et toutes et tous doivent être formé·es pour mettre en place cette éducation à laquelle les élèves ont droit partout, aucun·e élève ne peut en être privé·e. Le ministère doit engager une politique sur plusieurs années de renforcement des moyens humains notamment en enseignant·es, infirmières, CPE, AED, AESH, Psy-ÉN, assistantes sociales pour recueillir la parole des victimes et les accompagner. Une enquête du centre Hubertine Auclert montre que seulement 13 % des victimes de cyber violence de genre osent actuellement s’adresser à un adulte dans leur établissement. Cela implique de sensibiliser, d’informer et de former tous les personnels de la communauté éducative sur cette question.