#8mars15h40, un ruban blanc et des arrêts de travail, contre les violences sexistes et sexuelles et pour l’égalité professionnelle
29 associations féministes, syndicats, ONG et organisations de jeunesse lancent un appel à l’action le 8 mars prochain pour exiger des mesures contre les violences sexistes et sexuelles et pour l’égalité professionnelle.
Ni Saint-Valentin, ni fête des mères, le 8 mars est la journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Des actions auront lieu dans le monde entier et auront comme point commun d’exiger l’adoption d’une nouvelle norme de l’Organisation Internationale du Travail contre les violences sexistes et sexuelles.
Violences : l’urgence de protéger les travailleuses
Malgré la dynamique du mouvement #metoo, l’insuffisante protection des femmes travailleuses empêche la dénonciation des violences sexistes et sexuelles au travail. Pour lever ce tabou, une consultation en ligne a été lancée sur le site 8mars15h40.fr. En 2 semaines, ce sont près de 2700 personnes, essentiellement des femmes, qui ont répondu à l’enquête en ligne. Sur leur lieu de travail, 2311 disent avoir été victimes ou témoin de sexisme (soit 88%), 1604 de harcèlement sexuel (soit 61%), 800 d’agression sexuelles (soit 30%) et 56 de viol (soit 2,1%). 37% des répondantes disent être victimes de violences conjugales ou intrafamiliales et 51,5% d’entre elles estiment que ces violences ont eu un impact négatif sur leur emploi ou leur carrière professionnelle. La consultation en ligne permettait aux victimes qui le souhaitaient d’identifier leur lieu de travail. Sans surprise, ce sont les plus gros employeurs de France qui se retrouvent en tête des dénonciations, ce alors que la quasi-totalité ne met en place aucune mesure de prévention.
Une loi cadre pour lutter contre toutes les violences
Alors que le gouvernement n’envisage aucune mesure législative pour lutter contre les violences au travail, cet état des lieux confirme la nécessité d’adopter une loi-cadre concernant les violences au travail, intra familiales et dans l’espace public, associée à des moyens humains et financiers pour garantir l’effectivité de ses dispositions. La gravité de l’état des lieux que personne ne peut désormais ignorer impose autre chose que des effets d’annonces, des mesures gadgets ou isolées. Ces violences interagissent avec les inégalités professionnelles : comment avoir une carrière professionnelle quand on est harcelé sexuellement au travail ? Comment quitter son conjoint violent quand on est enfermé dans la précarité et que l’on n’a pas les moyens d’assurer son autonomie économique ? La mise en place de mesures contraignantes pour assurer enfin l’égalité professionnelle doit donc enfin être mise à l’ordre du jour.
Le 8 mars, des actions partout en France
Le collectif #8mars15h40 appelle à porter un ruban blanc pour exiger de vraies mesures pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles. Le site 8mars15h40.fr permet de recenser les actions organisées partout en France, en particulier à 15h40, heure à laquelle chaque jour les femmes arrêtent d’être payées. L’égalité Femmes/Hommes ne se paie pas de mot, en agissant le 8 mars les femmes diront au gouvernement qu’elles ne se contenteront pas de « paroles, paroles, paroles ».
L’appel
Nous appelons à l’action et à la grève pour les droits des femmes le 8 mars.
Les luttes féministes ont permis de conquérir des droits et de progresser vers l’égalité entre les femmes et les hommes. Mais cette égalité est loin d’être effective. C’est pourquoi la journée du 8 mars ne se « fête » pas et n’est pas la « journée de la femme » mais bien celle de lutte pour les droits des femmes ! Le 8 mars est une journée internationale de convergence de toutes nos luttes, celles des femmes d’ici et d’ailleurs.
L’égalité entre les femmes et les hommes est pour nous incontournable : elle participe du progrès social. Laisser perdurer les inégalités, s’exercer les violences contre les femmes et les filles, c’est porter une responsabilité sur le fait que les idées rétrogrades progressent, que le patriarcat perdure. Et nous ne cesserons pas de le répéter : la « cause des femmes » n’est ni secondaire, ni une opération de communication. Elle ne se limite pas à féminiser les postes de direction en oubliant la majorité des femmes scotchées au plancher collant des temps partiels et de la précarité.
Elle demande outre une volonté politique de tous les instants, des moyens humains comme financiers importants pour y parvenir et des sanctions contre les employeurs qui ne respectent pas l’égalité professionnelle. Notre constat est sans appel : le gouvernement français ne les a jamais mis en place. Le patronat met toute son énergie à combattre toute mesure contraignante. Et c’est ainsi qu’en 2018, l’urgence à obtenir l’égalité est toujours là.
Les femmes sont nombreuses à se mobiliser. Elles dénoncent les violences sexistes et sexuelles à la maison, dans l’espace public, au travail.
Elles alertent sur les stéréotypes de genre toujours persistants dans les médias, à l’école, dans la vie publique et privée. Elles condamnent la précarité, la pauvreté, le chômage. Elles refusent les inégalités au travail en termes de salaires, d’accès à l’emploi, de carrière, de temps de travail. Et elles rappellent les conséquences de toutes ces inégalités sur le montant des retraites. Elles dénoncent les conséquences de la répartition inégalitaire des tâches domestiques sur la vie des femmes. Elles luttent contre les remises en cause du droit à l’avortement, à l’accès à la contraception. Elles exigent la garantie de services publics pour toutes et tous, des services à développer et équilibrer sur l’ensemble des territoires, de la petite enfance à la perte d’autonomie. Elles combattent la lesbophobie et tous les stéréotypes relatifs à toute autre catégorie discriminée. Elles soutiennent les migrantes et réfugiées. Elles n’admettent pas les discriminations, comme celles visant les femmes handicapées…
Cette liste, bien longue, montre qu’il s’agit bien d’un système social derrière toutes ces inégalités. Cette domination, nous la refusons et la refuserons. Jusqu’à ce qu’elle cesse. Et pour cela, nous appelons à agir sur tout le territoire, par des actions de grève, des débrayages, des rassemblements, des manifestations. L’égalité entre les femmes et les hommes est une question de justice sociale et de démocratie. C’est un levier pour gagner l’émancipation de toutes et tous.
ActionAid France Peuples Solidaires, ATTAC France, Chiennes de garde, CGT,
Collectif National pour les Droits des Femmes, Collectif Libertaire Anti
Sexiste, Collectif pour le Respect de la Personne, Coordination des
Associations pour le Droit à l’Avortement et à la Contraception, CQFD
lesbiennes féministes, Encore féministes, Femmes Egalité, Femmes libres
(radio libertaire), Femmes Solidaires, FSU, La Maison de Femmes Thérèse
Clerc de Montreuil, LDH, Le Mouvement, Le Mouvement du Nid, Le Planning
Familial, Marche Mondiale des femmes France, Mouvement National des
Chômeurs et Précaires, Osez le féminisme, Paye ta Shnek, Paye ton Taf,
Réseau Féministe « Ruptures », Solidaires, UNEF, UNL, Zeromacho,…