La FSU regrette que le premier CTMEN depuis le début de la crise sanitaire se tienne si tardivement. Compte-tenu de la date, nous développerons à l’issue des déclarations une expression plus spécifique sur des questions urgentes pour le 1er degré.
Nous demandons donc que le temps laissé à l’échange soit suffisant car beaucoup de questions qui se posent qui appellent des réponses urgentes. A des fins de facilité et de brièveté de notre déclaration, nous vous avons envoyé les questions préalablement et nous vous remercions par avance des réponses que vous apporterez.
La situation d’épidémie que nous vivons fait apparaître l’effet des suppressions de postes dans la Fonction publique depuis plusieurs décennies. Dans l’éducation, tous les métiers sont impactés. Les effectifs de classes, conséquence de cette politique austéritaire, ne font qu’ajouter à la complexité des conditions d’une éventuelle réouverture des écoles et établissements au public.
Pour la FSU, la question n’a jamais été en soi de proscrire a priori le retour en classe avant les congés d’été ! Mais elle n’est pas non plus de laisser prendre prétexte des inégalités scolaires pour justifier une décision quand, dans le même temps, le message ministériel envoyé est que le retour à l’école relève du « volontariat » et que toutes les politiques menées accentuent les inégalités scolaires.
Pour la FSU, le retour en présentiel en plus grand nombre dans les écoles, EPLE, CIO, rectorats, DSDEN… devait être soumis à un ensemble de critères sanitaires nationaux stricts, déterminant l’ouverture ou non, et prescrivant les conditions pratiques d’organisation. De ce point de vue, l’existence du document intitulé « protocole sanitaire » pour les écoles et les EPLE est un élément de réponse. la FSU regrette cependant que l’élaboration de ce document se soit faite sans véritable concertation et qu’il ne soit pas mieux articulé avec la problématique des différentes responsabilités et, notamment, l’obligation pour l’employeur public d’agir pour assurer la santé et la sécurité des personnels au travail.
La cacophonie dans la communication ne fait qu’ajouter confusion et insécurité et signe le décalage toujours plus important entre le ministère et le terrain. Après l’annonce de différentes dates dans les media, le plan ministériel entend désormais fixer les conditions de réouverture des établissements. Mais notamment dans son phasage, il laisse cependant une grande majorité des personnels, parents, élus locaux perplexes. En effet, commencer la réouverture au public par les plus jeunes élèves pour lesquels le respect des gestes barrières est particulièrement difficile d’application, interroge tout le monde.
Le « on est prêt » de l’enseignement à distance dont on a vu la réalité n’a donc pas servi de leçon. Dans le premier degré, La circulaire de la DGESCO montre à quel point l’approche ministérielle est hors sol. Parler de bilans et de fluence alors que les enfants auront avant tout besoin de libérer leur parole, ou encourager aux jeux et autres manipulations alors que le protocole sanitaire ne les autorise pas, c’est la démonstration d’une déconnexion totale d’avec ce que vivent les écoles. De même concevoir qu’on puisse évaluer les élèves alors que certains ne rentreront pas, que les niveaux pourraient être mélangés n’a pas de sens pédagogique.
Pour la FSU, il faut désacraliser le 11 mai, date qui n’est validée par aucune autorité médicale, pour préparer sereinement et sérieusement la réouverture des écoles et établissements.
En effet, le protocole n’a été adressé aux directeurs d’écoles et aux chefs d’établissement que le 3 mai, soit à peine une semaine avant la réouverture annoncée des écoles.
Pourtant, il faut du temps pour préparer les locaux, les classes et les bureaux, organiser les services… Nous vous demandons d’accorder au moins une semaine pour engager un travail entre l’ensemble des acteurs de l’éducation afin d’assurer les conditions sanitaires à une réouverture des écoles, établissements, CIO, rectorats, DSDEN… en confrontant les exigences du protocole national aux possibilités et réalités du terrain. Nous exigeons la réunion des instances locales (conseil d’école, commission hygiène et sécurité, conseil d’administration, CHSCT…) pour discuter collectivement des conditions de réouverture et de l’organiser. Une question essentielle reste toutefois en suspens : qui prend la responsabilité de la réouverture ou non des écoles et établissements ?
Le renvoi des responsabilités au local est inacceptable, tout comme le volontariat, qui sera un luxe que certains ne pourront pas s’offrir d’après ce que révèlent les annonces de la fin d’un certain nombre de dispositif d’accompagnement (chômage partiel, ASA garde d’enfants…).
La pétition, réalisée par le SNUipp-FSU, le SE-UNSA et le SGEN CFDT a recueilli en quelques heures plus de 31 000 signatures. M. le Ministre, vous devait entendre cette alerte. Et un vœu intersyndical demandant que le 11 mai ne soit pas imposé sera présenté à ce CTMEN.
La situation d’épidémie que nous vivons révèle et renforce les inégalités sociales et scolaires qui sont aussi le fruit de politiques éducatives successives pour le mieux insuffisantes, pour le pire de nature à accompagner les politiques d’austérité et la FSU rappelle qu’il nous faudra investir dans l’école pour plus d’enseignants, pour des classes moins chargées, pour des professionnels de la santé et du social, des personnels d’administration, d’inspection et d’encadrement en nombre suffisant.
Réfléchir à la réouverture des écoles et établissements veut aussi dire préparer sérieusement la rentrée de septembre 2020 et ouvrir la discussion sur les moyens, les aménagements de programmes, les créations de postes nécessaires dans tous les métiers, la reconnaissance du travail et des qualifications des personnels.