Cette rentrée sera-t-elle celle marquant la confiance renouvelée, l’efficacité, la réussite de tous les élèves, la reconnaissance de l’ensemble des personnels comme le répète à l’envi le ministre de l’Éducation nationale ou celle marquant de nouvelles dégradations, des conditions de travail des personnels et d’étude des élèves toujours plus difficiles ? La seconde hypothèse est malheureusement bien plus réaliste eu égard aux orientations et aux réformes successives engagées par Blanquer et le gouvernement.
Comment penser une amélioration du système et de nos conditions de travail quand il faudra accueillir dans le second degré 26 242 élèves de plus sans moyen supplémentaire et 342 postes non pourvus aux concours ?, quand, dans le premier degré, seuls 3 600 postes supplémentaires verront le jour et ne permettront pas de mettre en œuvre les orientations ministérielles et que 775 postes n’ont pas été pourvus aux concours ?, quand les services administratifs déjà exsangues et en surcharge de travail se voient ponctionner encore 200 postes ?… Certes, les moyens ne sont pas tout mais sans moyen, l’Éducation n’est pas grand-chose… Dans les faits, ce manque d’investissement se traduira par des effectifs de classes de plus en plus chargés, des impossibilités de suivre au plus près les apprentissages des élèves dans des salles de classe bondées où bientôt il faudra pousser les murs pour accueillir les élèves… Dans le même temps, les prescriptions et injonctions se multiplient sous la férule d’un ministre de l’Éducation nationale qui, détenant « sa vérité », dicte de plus en plus la conduite à tenir, les enseignements à réaliser et la manière de les conduire en classe, les réunions s’enchainent les unes aux autres et génèrent de plus en plus de tensions, de fatigue.
Nos réalités professionnelles, les quotidiens des différents acteurs de l’Éducation nationale sont ignorés par nos hiérarchies qui, sans prendre le temps de l’analyse et des bilans, s’enferment dans une forme de « réformite » aigüe et veulent transformer en profondeur le système éducatif et ce le plus rapidement possible. Ce faisant, le dialogue social, les échanges avec nos professions sont méprisés voire écartés. On peut en mesurer la réalité lorsque l’on voit que des modifications programmatiques, des repères annuels aux programmes des écoles et des collèges ont été réalisés et sont parus durant les vacances d’été sans aucune concertation et qu’ils nous seront imposés à la rentrée, que des propositions de programmes lycée seront déposés par le CSP au Ministre en seulement trois mois quand il en faudrait le triple pour permettre les échanges avec la profession.
Rapportée au programme CAP 22, aux 30 milliards d’économie à réaliser, aux 50 000 suppressions de postes programmées pour la Fonction Publique d’État (la réforme du lycée et celle du lycée professionnel y participeront pleinement en « offrant » une « économie d’environ 6 000 postes chacune), aux projets de réforme à l’agenda social dans l’Éducation (formation des enseignants, fusion des rectorats, heures supplémentaires, développement des postes à profil, GRH de proximité, instance nationale d’évaluation…), cette rentrée, si elle ne bousculera pas l’existant en attendant les mises en œuvre de 2019, n’en sera pas moins délicate et s’inscrira dans le continuum de dégradation des conditions de travail et d’emploi de chacun-e.
Sur tout cela il nous faudra être actif, réactif et revendicatif pour nous opposer aux dégradations, proposer des alternatives et ensemble construire l’École de demain, une école de la réussite de tous où les personnels seront reconnus, valorisés avec des conditions de travail nettement améliorées parce que le bien-être des personnels est gage de meilleures conditions d’étude pour les élèves.