Les agent·es de la fonction publique assurent tous les jours des missions essentielles pour le lien social et la lutte contre les inégalités sociales et territoriales, est-ce pour ces raisons que les gouvernements successifs ont choisi de ne pas les considérer ?
Le 5 décembre a eu lieu une grève majoritaire et des manifestations se sont déroulées dans toute la France à l’appel d’une intersyndicale contre les mesures dites Kasbarian, qui attaquaient les fonctionnaires et contre les suppressions de postes, notamment à l’Education nationale, prévues initialement au budget 2025.
La force de la mobilisation a contraint le gouvernement à revenir sur certaines mesures. Mais d’autres, et non des moindres subsistent, et témoignent d’une idéologie anti-fonctionnaire. Ainsi, depuis le 1er mars les fonctionnaires qui subissent déjà le gel du point d’indice, la suppression de la GIPA, la dégradation des conditions de travail vont être soumis·es à un nouveau régime de couverture des congés de maladie ordinaire, en ne touchant que 90% de leur rémunération. En un mot, pour ce gouvernement, les personnels sont coupables d’être malades. Cette mesure en plus d’être injuste et injustifiable, est incompréhensible et inconséquente pour les personnels.
La FSU demande la suppression de cette mesure ainsi que celle de la journée de carence. C’est une attaque frontale contre un principe fondamental de la Sécurité sociale : protéger celles et ceux qui vivent de leur travail contre les pertes de revenus découlant d’une incapacité à travailler en raison de leur santé.
Alors que le 8 mars s’est déroulée une mobilisation sans précédent pour défendre les droits des femmes et l’égalité salariale, cette mesure aggravera toujours plus les salaires et le pouvoir d’achat des femmes alors qu’elles représentent 66% des personnels dans la fonction publique et 70% dans l’éducation nationale. Cela va une nouvelle fois aggraver la crise d’attractivité des métiers de la fonction publique.
Le ministère fait le constat d’une désertion de nos métiers. Cette année encore le nombre de candidat·es inscrit·es aux concours est en baisse. Dans le 2d degré, le nombre d’inscrit·es baisse de 4% par rapport à la session 2024, ce qui représente 2848 candidat·es en moins pour la session 2025. Dans le premier degré, le nombre d’inscrit·es est en très légère hausse, 1,8% mais ne pallie en rien la chute de près de 45% du nombre d’inscriptions entre 2021 et 2025. Par ailleurs, la question de la publication des différents chiffres : nombre d’inscrit·es, nombre de postes est devenue un problème récurrent, à quelques semaines des premières épreuves du CRPE, nous vous redemandons de publier le nombre de postes offerts par académie pour l’année 2025, notamment pour le CRPE externe. Vous vous étiez engagés à le faire pour le mois de février, mais visiblement vous avez repris à votre compte l’expression « les promesses n’engagent que ceux qui y croient ».
Rien n’est fait pour endiguer cette crise, aucune perspective de revalorisation (les salaires étant le premier frein à l’engagement dans l’éducation nationale), des réformes passées en force contre l’avis majoritaire des organisations syndicales et une dégradation des conditions de travail. Les services publics et la Fonction publique parce qu’ils servent l’intérêt général, devraient pourtant bénéficier d’un budget largement plus important et cesser d’être une variable d’ajustement budgétaire. D’ailleurs, tout montre que l’Education nationale est à l’os : après le pitoyable épisode de la non reconduction des contrats de certain·es non titulaires dans certaines académies, nous avons eu le droit à la séquence Pass culture qui a rappelé, par son mépris et sa brutalité, l’épisode HSE.
Dans plusieurs académies, les frais de déplacement des personnels itinérants mais également ceux alloués à la formation obligatoire dans le premier degré, ne sont plus remboursés. Les personnels doivent alors « s’autoformer » (sic) et les personnels de réseaux d’aide ne peuvent plus exercer leurs fonctions. Si l’annulation des 4000 suppressions d’emplois était nécessaire, la préparation de la rentrée, confirme le manque de moyens pour le service public d’Education.
Les retours des CSA départementaux font état de très nombreuses fermetures de classes, y compris dans des départements avec peu de suppressions de postes. Dans le 2d degré, les DGH étriquées conduisent à préparer la rentrée dans des conditions très dégradées pour les élèves et les personnels. Et pourtant, la ministre fait le choix de poursuivre l’expérimentation de l’uniforme, en allant même chercher, par redéploiement interne, des fonds qui n’étaient pas budgétés pour 2025. Des élèves n’ont pas de professeur·es, mais ils ont des uniformes. C’est certainement la meilleure définition de la politique éducative d’Emmanuel Macron. Il est urgent de s’inscrire dans une logique budgétaire pluriannuelle, afin de répondre aux besoins du service public d’Education sur le long terme.
Lorsque l’attractivité est évoquée, elle est aussi associée à la question de la mobilité. Pour les fonctionnaires elle en constitue un des éléments tant du point de vue de la mobilité fonctionnelle que de la mobilité géographique. La mobilité géographique est aujourd’hui un élément utilisé par l’administration pour faire valoir l’idée qu’il faut retravailler à un barème et repenser un système archaïque de mutation qui ne correspondrait pas à l’évolution de la société. La FSU s’inscrit en faux sur cette analyse et amène l’administration à revenir sur son bilan qualitatif en prenant en compte l’effet suppression de postes et l’embauche de contractuel·les sur des territoires attractifs. Il y a encore 15 ans, un collègue avait des perspectives de muter géographiquement dans un délai de 5 à 10 ans pour les territoires dits attractifs aujourd’hui ce n’est plus du tout le cas et c’est bien ce manque de perspectives qui rebute les futur·es candidat·es.
La surenchère des bonifications ou des postes étiquetés POP ne règleront en rien ce problème, ce dont l’éducation nationale a besoin pour assurer sa mission d’intérêt général équitablement sur l’ensemble du territoire c’est dans un premier temps de créations de postes en nombre suffisants pour fluidifier le mouvement. La FSU réaffirme ici que toute modification du mouvement doit être accompagnée d’études d’impact fournies aux organisations syndicales, et nous redemandons qu’un bilan exhaustif du nombre de non titulaires par corps, par discipline soit également présenté. Un principe doit redevenir une règle dans notre ministère : les modifications actées des règles du mouvement doivent également être annoncées bien en amont de leurs mises en application pour que les personnels puissent l’anticiper : l’épisode encore en cours du changement de prise en considération du PACS est révélateur de la brutalité dans laquelle est engagée la gestion RH de notre ministère.
Vous allez au cours de cette séance nous présenter le bilan des LDG relatives aux promotions et à la valorisation des parcours professionnels, dans lequel figure un bilan concernant la formation continue et la création des EAFC. Celui-ci fait encore figure d’auto satisfecit alors même que l’accès à la formation continue s’est dégradée ces 3 dernières années. Pourtant les agent·es de la fonction publique ont besoin et envie de se former mais sur des thèmes choisis et non sur des thèmes imposés, de même qu’ils aspirent à se faire rembourser leurs frais liés à la formation. Tout ceci relève souvent d’un parcours du combattant de l’inscription où le choix de stage doit être motivé jusqu’à la bataille pour se faire rembourser. Par ailleurs, les méthodes qui consistent à imposer des créneaux de formation ou encore les formations auxquelles il faut assister pour ensuite former ses pairs sont devenues insupportables pour nos collègues.
Le ministère déplore la désaffection des métiers de la fonction publique mais toutes les mesures prises ces dernières années, derniers mois, dernières semaines vont à l’encontre de l’attractivité et de la fidélisation de nos métiers, vous organisez vous-même cette désaffection et la casse du statut de la fonction publique.
Dans notre société actuelle, nous assistons à une forte progression des idées rétrogrades et d’extrême droite prônant l’intolérance et diffusant de nombreuses fausses informations. L’école est un lieu d’apprentissage où les élèves découvrent le monde au sens large du terme, où ils apprennent à s’accepter, à accepter l’autre et à vivre ensemble, tout ceci encadré par des équipes pluri professionnelles qui à travers leurs professions spécifiques amènent les élèves à réfléchir et se questionner différemment. Nous vous avons alertés sur les diffusions de fausses informations et sur la campagne de dénigrement menée par des collectifs de parents voire des élu·es dans le cadre de la mise en place des programmes d’EVARS. Nous vous demandons solennellement que des mesures soient prises pour que les fonctionnaires puissent être protégé·es et accompagné·es dans le cadre de leurs missions : aucun·e ne doit être menacé·e ou remis·e en cause parce qu’il ou elle fait son métier. Ce sont des actes concrets dont nous avons besoin. Au lendemain du 10 mars, journée où des collectifs de parents avaient appelé à l’action contre les programmes EVARS, le ministère aurait déjà dû s’adresser aux parents pour démentir toutes les contre-vérités qui circulent.
A 3 jours du 8 mars journée internationale des droits des femmes, le ministère devrait réfléchir, alors qu’il se prévaut de lutter contre les inégalités entre les femmes et les hommes et alors que nos professions sont majoritairement féminines, aux dernières mesures mises en place qui ne font que les pénaliser : formation continue, journée de carence, couverture à 90% de l’arrêt maladie, augmentation des parts indemnitaires, suppression des trimestres pour enfant….
A ce titre, après de multiples demandes, c’est avec surprise voire colère que nous avons constaté que le PNA, présent dans la liste des textes à publier, avait été envoyé sur les boîtes mail des personnels avant même d’avoir été envoyé aux organisations syndicales. Si le dialogue social fait l’objet de groupes de travail à la DGRH, force est de constater qu’il n’est pas pratiqué comme il le devrait en réalité, et que votre objectif est bien, grâce à la LTFP, d’affaiblir le rôle et le poids des élu·es des personnels.
La FSU n’a de cesse d’alerter le ministère sur les dégradations que subissent les agent·es de la fonction publique, sur la perte de sens du métier lié aux différentes réformes ou changements d’outils, sur le manque de soutien des hiérarchies et sur les manques de perspective de revalorisation. Le ministère, s’il est réellement attaché aux différents principes qui régissent la fonction publique, doit enfin prendre les mesures nécessaires pour endiguer la crise : dégel du point d’indice, reconstruction des grilles, abrogation de la réforme des retraites.
Sur la question de la formation initiale que vous avez exposée en préambule, la FSU avait voté contre les décrets, nous sommes inquiet·es encore une fois des délais sur la conception des maquettes de formation, celle des concours et on ne voit pas bien alors que l’université est exsangue (journée de mobilisation ce jour) comment cela va pouvoir se réaliser, sans mettre sous pression les personnels.