Ce CSA MEN se tient trois semaines après l’attentat terroriste d’Arras. Toutes nos pensées vont aux proches de Dominique Bernard, au professeur d’EPS et aux deux agents de la Région grièvement blessés. Nous adressons également tout notre soutien à l’ensemble de la communauté éducative de la cité scolaire Gambetta-Carnot, meurtrie par ce drame.
L’école publique et laïque est devenue la cible de tous les obscurantismes, qui ne tolèrent pas son rôle émancipateur : par son rôle d’instruction, d’éducation à l’esprit critique et d’apprentissage à la vie en collectivité, elle participe à l’émancipation des jeunes, elle leur permet de devenir des citoyen·nes éclairé·es.
Comme il y a 3 ans, après l’assassinat de Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie tué parce qu’il faisait son métier, de nombreux·ses hommes/femmes politiques se sont empressé·es d’exprimer leur soutien à la communauté éducative et de réaffirmer valoriser l’école comme un rempart contre l’obscurantisme. Mais il ne suffit pas de convoquer l’idéal de l’École de la République et les grandes déclarations à l’attention des personnels à chaque drame. C’est même particulièrement insupportable quand ces bonnes intentions ne sont pas suivies d’actes pour renforcer l’école en lui donnant les moyens de fonctionner pour, entre autres réduire les inégalités et améliorer les conditions d’exercice des personnels. Améliorer la sécurisation des établissements scolaires sans accroître le nombre de personnel et sans une autre politique éducative sera insuffisant. Quelle hypocrisie d’évoquer l’école « exemplaire » et de voter parallèlement un projet de budget où sont prévues 2500 suppressions d’emplois. À la rentrée il manquait un·e enseignant·e dans au moins la moitié des établissements scolaires, et de nombreux personnels sociaux, de santé ou encore administratifs. Quelle hypocrisie de parler de culture générale et de vouloir tout recentrer sur les savoirs fondamentaux, alors même que l’ensemble des disciplines participent de cette culture générale et à l’émancipation des jeunes. L’École ne peut pas tout mais pour lui permettre de remplir tout son rôle il y a besoin de personnels formés en nombre suffisant.
L’agenda social prévu à marche forcée dans un laps de temps contraint et sur des sujets de fond comme la formation initiale ou encore l’exigence des savoirs interroge et inquiète la FSU tant sur la forme que sur le fond. Les sujets lancés tous azimuts depuis la rentrée ne sont pas approfondis, ne bénéficient d’aucun bilan rigoureux et risquent de dégrader toujours plus l’École. Six semaines pour revoir l’ensemble de la formation initiale, alors que c’est un sujet majeur d’avenir pour la profession comme pour les élèves, est irresponsable. Pour la FSU, le dialogue social ne doit pas être qu’une vitrine. Les réformes incessantes sans bilan, sans projection et actées, alors qu’elles sont refusées à l’unanimité par les organisations syndicales représentatives, sont une marque de mépris et vont à l’encontre de la réussite des élèves et de l’attractivité du métier.
La FSU s’inquiète de la transformation profonde de l’école que le ministre souhaite mener, qui foisonne de contradictions et d’idées simplistes. Elle continuera de proposer ses exigences pour une école de la réussite de toutes et tous.
La réforme structurelle des lycées professionnels avec la dégradation de l’année de terminale est emblématique de ces politiques imposées contre les personnels et la réussite des élèves. Alors que la réussite et les conditions d’études des jeunes devraient conduire l’action publique d’Éducation, c’est l’employabilité immédiate des jeunes et l’augmentation du temps hors l’école par les stages qui président les arbitrages du ministère. Cette réforme va renforcer les inégalités et organiser la ségrégation entre les élèves des milieux défavorisés et les autres. Quant aux personnels, le statut des PLP est frontalement ciblé et un vaste plan de reconversions forcées est à craindre. Quelle hypocrisie ici encore quand le ministère affiche un chantier sur l’attractivité ! Mais qui aurait envie de s’engager comme PLP pour voir sa formation fermer quelques années plus tard ?
Quant aux LDG carrière, elles continuent d’être le reflet de ce que la loi de transformation de la fonction publique a voulu imposer, entre dénigrement des organisations syndicales et opacité. Il est inutile de répéter tout au long des LDG le terme de transparence, l’incitation dans ce cas ne sert à rien puisque tout indique que c’est l’opacité qui est recherchée. Les nouvelles modalités d’accès à la classe exceptionnelle des enseignant·es l’illustrent bien, puisqu’aucun barème n’est acté malgré les demandes des organisations syndicales et pour d’autres corps, notamment administratifs, aucun barème n’existe. Il permet pourtant d’objectiver certaines données, de faciliter et de rendre transparentes des opérations de gestion ; ce processus facilite le travail collectif et le bon fonctionnement du service public d’éducation. L’attractivité des métiers de l’Éducation nationale passe par la question des salaires, mais aussi par celle du déroulement de carrière.
La FSU tient à rappeler le contexte de changement des modalités d’accès à la classe exceptionnelle, en dehors d’un bilan qui a montré les limites du système, dénoncé dès 2017 par la FSU. En 2023, le gouvernement a décidé de reculer l’âge légal de départ en retraite et d’allonger le nombre de trimestres de cotisations pour pouvoir partir avec une retraite à taux plein. Le métier d’enseignant·e déjà peu attractif n’offrait aucune perspective de débouchés de carrière à une majorité de personnels. Le ministère dans sa présentation d’avril 2023 sur la partie socle de la rémunération dit vouloir « fluidifier les déroulements de carrière et faciliter les promotions à la hors-classe et la classe exceptionnelle. » La formalisation de l’accès à la classe ex est en décalage complet avec l’affichage du ministère. Pour la FSU le ministère doit pouvoir fidéliser ses enseignantes et enseignants et offrir à toutes et tous une perspective de carrière allant au-delà de la hors classe. Cette perspective de carrière c’est la classe exceptionnelle pour toutes et tous avec la mise en place d’un barème valorisant l’expérience des enseignant·es. La GIPA ne peut être la seule perspective pour des milliers d’enseignant·es, celle-ci ne ferait que confirmer le manque de volonté pour reconnaître nos métiers.
Il est fait allusion au Développement Professionnel Continue pour les personnels de santé mais le ministère semble persister à ignorer la certification périodique de ceux-ci qui est pourtant entrée en vigueur au 1er janvier 2023. La FSU a fait des propositions depuis longtemps. Le ministère s’est engagé à tenir un groupe de travail sur ce sujet, la FSU attend maintenant une date
La FSU continuera d’agir pour renforcer tous les dispositifs de transparence et pour favoriser l’égalité entre tous·tes les collègues et notamment entre les femmes et les hommes. La FSU continue de revendiquer l’abrogation de la loi de transformation de la fonction publique et le rétablissement des compétences des CAP notamment pour les carrières et la mobilité.
Concernant l’égalité Femmes/hommes dans notre ministère, trois ans après le 1er plan d’action, la FSU dénonce l’absence totale d’avancées sur l’égalité salariale qui constitue pourtant une attente forte des collègues et un enjeu majeur de société. Pire les politiques salariales menées risquent d’accroître toujours plus cette profonde injustice sociale. En développant les politiques indemnitaires comme le pacte, les heures supplémentaires aux dépens de mesures indiciaires, en refusant de s’attaquer à l’organisation du travail, de lancer des études de cohortes et d’amorcer un travail sur des mesures correctives le ministère affiche le choix de ne pas avancer sur cette question. Ces choix sont d’autant plus irresponsables qu’ils augmenteront les inégalités de pensions, alors que celles-ci seront déjà affaiblies de manière alarmante, conséquence des effets de la réforme de 2003 concernant la bonification pour enfants. La FSU tient d’ailleurs à alerter sur la situation des AESH, profession ultra féminisée, qui ont subi une fois encore des absences de salaires en septembre impactant encore plus leur précarité économique. La FSU demande la tenue d’un groupe de travail relatif à l’amélioration des conditions de travail et d’emploi des AESH.
Il a fallu une détermination sans faille des organisations syndicales dont la FSU pour que notre ministère finisse par décliner le décret sur le dispositif de traitement des actes de violence, de discrimination, de harcèlement et d’agissements sexistes. Ce dispositif doit bénéficier de moyens à la hauteur des enjeux que représente la lutte contre les violences faites aux femmes, dont les violences conjugales. Les élues de ces cellules doivent être associées aux orientations et actions ministérielles et avoir des moyens pour mener à bien leurs missions syndicales, c’est une demande unanime des organisations syndicales.
La FSU appelle les personnels à se mobiliser lors de la manifestation du 25 novembre journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.
Enfin, pour terminer cette déclaration, la FSU souhaite vous interroger sur deux sujets. Tout d’abord, alors que le ministère affiche depuis le mois de juin que toutes les listes complémentaires ont pu être recrutées, l’académie de Guadeloupe refuse toujours ces recrutements. Nous vous demandons de contraindre la rectrice d’appliquer la règle. Ensuite, la prime exceptionnelle pouvoir d’achat est versée de façon différente au sein d’un même département, certains collègues l’ont touchée, d’autres non. Nous souhaitons avoir des explications sur ces différences de traitement et connaître les consignes qui vont être données.