Mme la directrice – M le président,

Mme et M les membres du CSE,

Avant de commencer cette déclaration, la FSU tient à exprimer son soutien à la collègue poignardée par un élève dans un collège du Bas-Rhin, son émotion à l’annonce de la mort de cet élève de 14 ans, et redire, une fois encore, l’urgence que la société prenne la mesure des réponses à apporter à une jeunesse qui va mal. Cela passe par des moyens humains pour l’Ecole mais aussi par le développement des services de pédopsychiatrie et de protection de la jeunesse puisqu’ici, tout montre que nos collègues avaient pris leur part dans le signalement  des problèmes rencontrés par l’élève.

Ce CSE se tient dans un contexte de mobilisation sociale d’ampleur. Après la journée du 10 puis celle du 18 septembre, à l’appel de l’ensemble des organisations syndicales dans un cadre interprofessionnel, les personnels de l’Éducation nationale seront à nouveau demain dans la rue pour demander un autre budget pour l’école et, plus largement, pour les services publics. La FSU n’acceptera pas que l’école soit sacrifiée sur l’autel d’une politique économique de l’offre qui a échoué et qui a participé au creusement des déficits de la France.

Cette politique a fragilisé l’ensemble des services publics, en particulier l’école et ses personnels. La FSU exige pour l’école et les services publics un budget, construit sur plus de justice fiscale, leur permettant de fonctionner correctement, de répondre aux enjeux sociaux, économiques et écologiques. Il est encore temps d’investir dans le bien commun, dans notre école, pour la formation de nos jeunes, et de rendre plus égalitaire un système éducatif aujourd’hui à bout de souffle. L’école public doit redevenir une priorité. L’égalité doit devenir une valeur concrète, notamment pour les jeunes issu·es des milieux populaires. Pour cela, le développement du service public d’éducation est essentiel. D’autres choix politiques sont possibles. Une autre école peut être mise en œuvre. Pourtant, on le voit aujourd’hui encore avec les textes à l’ordre du jour de ce CSE : le ministère persiste à vouloir imposer une école dont les personnels ne veulent pas, une école qui maltraite les élèves et les personnels, qui fait de la culture une variable d’ajustement, qui trie les élèves de plus en plus jeunes et enferme les jeunes issu·es des milieux populaires dans des parcours courts, réduisant leurs possibilités de poursuite d’études dans le supérieur.

La question de la formation initiale des personnels n’est pas seulement une question de formation. C’est une question éminemment stratégique car elle impacte l’ensemble du système et constitue un levier essentiel pour lutter contre les inégalités scolaires, améliorer la réussite des élèves et démocratiser l’école. La vision que vous portez de la formation des enseignant·es et les CPE est dangereuse. Elle exclut bon nombre d’enseignant·es d’une formation initiale pourtant essentielle, notamment les professeur·es de lycée professionnel et de la voie technologique. La FSU rappelle qu’être enseignant·e est un métier qui s’apprend et qui demande un haut niveau de qualification, validé par un master.  La formation initiale doit être ouverte à l’ensemble des lauréat·es de concours, quel que soit le concours. Cette formation universitaire doit permettre à toutes et tous les enseignant·es d’acquérir les connaissances et compétences nécessaires pour maîtriser leur(s) discipline(s) d’enseignement et pour s’approprier les bases théoriques et pratiques de la didactique et de la pédagogie, afin de transmettre les apprentissages en les adaptant  à leurs élèves.

La réforme de la formation initiale est conçue pour pallier la crise du recrutement dans le service public d’éducation sans jamais aborder la revalorisation générale des carrières. La pénurie de  professionnel·les  et le recours croissant à des contractuel·les de moins en moins formé·es sont organisés depuis des années par le ministère, au détriment de la qualité du service public d’éducation. La formation ne doit pas non plus servir à contrôler ou à imposer des pratiques, mais permettre la réflexion : c’est bien pour cela qu’elle doit rester ancrée à l’université et à la recherche.

La spécialité infirmière de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur est un levier essentiel pour accompagner les jeunes, réduire les inégalités et favoriser leur réussite. Or, le décret en discussion au ministère de la Santé remet en cause cette avancée.  Il est impératif que le ministère s’implique dans la déclinaison réglementaire et qu’il permette aux infirmières, par la voix de leurs représentantes légitimes, d’apporter leur expertise à la rédaction des textes afin d’assurer la cohérence des politiques éducatives, sociales et de santé, et de garantir que cette spécialité contribue pleinement à l’égalité et à la réussite de toutes et tous.  Malgré la mobilisation massive des infirmières, assistantes sociales et psychologues, la réforme issue des Assises de la santé scolaire fragilise la mission de l’École, dégrade les conditions de travail et compromet l’accompagnement ainsi que la réussite des élèves. La FSU demande la remise à plat de cette réforme qui se fait contre l’avis et l’expertise des personnels et exige l’ouverture d’un véritable dialogue social, afin de construire une politique éducative, sociale et de santé en faveur des élèves cohérente, fondée sur les besoins des élèves et l’expertise des professionnel·les.

Si l’éducation prioritaire n’a pas évolué depuis 10 ans, les besoins éducatifs, notamment des publics socialement défavorisés, eux, ont fortement évolué, et plutôt dans le mauvais sens : le taux de pauvreté en France est au plus haut depuis 1996 avec plus de 15 %, soit pratiquement 10 millions de personnes pauvres dont des millions d’enfants.  Il y a urgence à redonner des moyens à celles et ceux qui en ont le plus besoin pour réussir à l’école. La FSU exige l’ouverture d’un travail concerté d’actualisation de la carte de l’éducation prioritaire, intégrant les écoles et les lycées généraux, technologiques et professionnels, y compris ceux de l’enseignement agricole et maritime publics, sur la base d’indicateurs nationaux et transparents. Elle demande que la carte des écoles en éducation prioritaire ne soit plus corrélée systématiquement au collège de secteur, afin de prendre en compte les écoles orphelines (dont la sociologie ne correspond pas à celle du collège) ou isolées. Elle demande également que les écoles et établissements des DROM soient tous classés en REP+.

La FSU rappelle qu’elle est favorable aux politiques d’inclusion scolaire mais elle continue à dénoncer les conditions de sa mise en œuvre « à marche forcée », sans moyens suffisants pour permettre une inclusion de qualité. La FSU défend une école réellement inclusive, affirmant l’éducabilité de tou-tes et garantissant l’émancipation de tou-tes les élèves. Elle alerte sur l’absence de moyens, qui conduit à une inclusion au rabais et accentue la souffrance des personnels et des élèves. Elle exige des effectifs réduits, plus de postes spécialisés, des moyens matériels adaptés et une véritable coopération entre Éducation nationale, santé et secteur social.

La formation et la professionnalisation de tous les personnels, doivent être renforcées. La FSU poursuit son combat pour un véritable statut des AESH et construira un plan d’action intégrant cette revendication dans les mobilisations pour un autre budget. Le Conseil d’État a reconnu le bien-fondé du versement rétroactif de l’indemnité REP et REP+ pour les personnels AESH et AED exerçant dans des écoles et établissements relevant de ces réseaux. La FSU demande que ce droit soit appliqué immédiatement et intégralement pour l’ensemble des  personnels  concernés.

La mise en œuvre du programme de l’EVAR/S est un enjeu de société pour lequel le ministère doit s’engager véritablement. Sans déploiement d’un réel plan de formation pour l’ensemble des personnels dans la durée, le ministère freinera l’application du programme.

La FSU réaffirme son opposition à la mise en place et la multiplication des référent·es. Néanmoins, tant que les referent·es existent, la FSU exige une équité de traitement pour les personnels engagés dans ces missions, quels que soient leurs corps professionnels. À travail égal, salaire égal.  Par ailleurs, la FSU exige du ministère de l’Éducation nationale de faire appliquer intégralement le programme de l’EVAR/S dans le réseau catholique sous contrat, et de prendre des sanctions allant jusqu’à la rupture du contrat pour les établissements ne se conformant pas à toutes leurs obligations. Elle demande aussi que ce programme soit enseigné dans les CFA pour les apprenti·es mineur·es.

Si le ministère a reconnu en partie l’échec du parcours en Y en lycée professionnel, les ajustements à la marge proposés ne changent pas le fond de cette réforme.  La mobilisation se poursuit avec l’intersyndicale voie pro et une journée d’action nationale le 14 octobre est déjà en construction.

Face à l’état d’urgence éducatif que connaît notre pays, la FSU rappelle qu’il est hors de question que les élèves et les personnels de l’Éducation nationale fassent les frais de l’irresponsabilité des politiques économiques menées sous Emmanuel Macron. Elle appelle l’ensemble des personnels à se mettre en grève et à participer massivement aux manifestations de demain, partout en France, pour exiger une autre politique et un autre budget pour l’Ecole et les services publics.

Enfin, la FSU demande une nouvelle fois que tout soit fait par le futur gouvernement pour la libération et le retour rapide de nos collègues Cécile  Kohler et Jacques Paris.