Madame la ministre,
Mmes et MM. les membres du CSE,
En quelques jours, Madame la ministre, vous avez réussi à faire l’unanimité contre vous. Vous êtes devenue le symbole du mépris de classe du gouvernement en privilégiant l’entre-soi et le séparatisme social et scolaire. Depuis la loi Debré de 1959, les établissements privés confessionnels sont financés aux trois quarts par des fonds publics. Ils respectent de moins en moins les programmes, la liberté de conscience des élèves et les valeurs de la République. Il n’est pas acceptable que l’argent public finance ces écoles du séparatisme social et scolaire. La FSU rappelle que les fonds publics ne doivent financer que les écoles et établissements publics. C’est le sens de l’appel que la FSU a cosigné avec, notamment, la CGT, SUD, l’UNSA, le CNAL, la Ligue de l’Enseignement et des organisations de jeunesse et qui se termine ainsi : « Il est urgent que la République soutienne pleinement son école, la seule école de toute la jeunesse vivant dans ce pays. Ensemble nous nous tenons debout, afin de construire le rapport de force nécessaire pour réaliser partout les ambitions de l’école publique laïque. »
Les choix budgétaires engagés de longue date et renforcés depuis 2017 ont mis à mal le système et dégradé les conditions d’enseignement et d’étude des élèves dans le réseau public. La FSU demande l’annulation des suppressions d’emplois à la rentrée 2024, l’abrogation du pacte et de véritables revalorisations pour les personnels. C’est aussi par la création d’emplois dans tous les métiers que l’on pourra répondre aux besoins de l’école et notamment chez les CPE, PsyEN, AED et AESH. Il y a urgence à promulguer une loi de programmation et un collectif budgétaire pour répondre aux besoins humains du service public d’éducation. Mais c’est également des créations massives d’emplois d’infirmières et d’assistantes de service social dont l’école a besoin. Nous demandons l’abandon de tout projet de structuration en service médico centré ou de décentralisation.
Alors que l’École a besoin d’un réinvestissement pour permettre la réussite de tous les jeunes, le « choc des savoirs » aura pour conséquence d’aggraver le tri social et d’accélérer les inégalités scolaires. Les élèves des classes populaires vont en être de nouveau les premières victimes. Avec la mise en place des groupes de niveau au collège et des classes prépa lycée, ils se verront assignés à leur position et leur situation, en rupture avec toute ambition d’élévation du niveau de qualification pour toutes et tous. Nous vous demandons d’abandonner l’application de cette réforme.
Concernant la formation et le recrutement des enseignant·es, nous rappelons que le métier d’enseignant·e est un métier complexe qui doit être reconnu par un niveau de qualification master. Les enseignantes et enseignants ont besoin de formation initiale et continue de qualité. Pour cela, le ministère doit enfin lui consacrer les moyens et le temps nécessaires à la mise en œuvre d’une réforme qui permette réellement des améliorations pour les étudiant·es, les formateurs·trices et in fine pour les enseignant·es et les élèves. Nous vous demandons donc de desserrer le calendrier.
La FSU s’oppose toujours à la réforme des lycées professionnels et notamment à la nouvelle organisation de la classe de terminale, véritable usine à gaz, qui se mettra en place localement dans le cadre de l’autonomie de l’établissement. Cela va fortement dégrader les conditions d’étude des lycéens et lycéennes professionnel·les et les conditions de travail des personnels. De plus, la grande restructuration des cartes de formation initiée pour la rentrée 2024 est en discussion. Les prémices de cette transformation font craindre des fermetures sèches de sections dans de nombreux établissements et le basculement de plus en plus de formations sous statut scolaire en apprentissage.
Nous vous demandons de renoncer à ce démantèlement des lycées professionnels, de garantir leur bon fonctionnement et de maintenir une offre de formation sous statut scolaire sur tout le territoire, de réaffirmer la nécessité de qualifier l’ensemble des jeunes par l’obtention a minima d’un diplôme de niveau III.
Madame la ministre, votre prédécesseur a engagé des chantiers sur l’attractivité du métier enseignant dans un contexte où le nombre d’inscription aux concours n’a jamais été aussi bas, mais force est de constater que rien n’est entrepris pour améliorer les conditions de travail des personnels. Inclusion sans moyens, problèmes de remplacement, droits des personnels attaqués, professionnalité niée … Toutes ces dérives exigent un changement radical de politique. De même, la réouverture du dossier salarial reste une nécessité absolue. C’est pour cela que les personnels de l’Éducation nationale seront massivement en grève le 1er février.