Monsieur le Ministre,
Vous connaissez bien l’état du système éducatif français puisque vous avez été, depuis 2017, l’un des acteurs majeurs de la mise en musique des politiques en matière d’Education voulues par le président de la République E. Macron. Pour la FSU, ce sont bien ces orientations prises depuis 8 ans, qui, aujourd’hui, mettent notre Ecole publique en difficulté et ne permettent pas les investissements nécessaires au développement et au renforcement de ses missions. Alors que la baisse démographique est une chance pour repenser une école, accessible à toutes et tous, plus de 4 000 emplois sont aveuglément supprimés dans le projet de budget pour votre ministère. La FSU continue d’exiger un autre budget, construit sur plus de justice fiscale, renforçant les moyens de l’Ecole et lui permettant de répondre aux enjeux sociaux, économiques et écologiques à venir.
En s’accordant sur des problématiques à résoudre et avant toute autre chose de lutter contre les inégalités, les membres de la convention citoyenne sur le temps de l’enfant rejoignent les constats de la FSU sur le sous-investissement dramatique en Éducation, les effectifs des classes qui pénalisent la réussite de tous les élèves, la précarité des AESH qui mine l’école inclusive, le besoin d’une revalorisation des métiers de l’enseignement pour mieux recruter, ou encore le bâti scolaire à repenser. La FSU est toujours prête à débattre de son projet pour l’École publique mais rappelle que toute réforme systémique ne peut se faire sans, voire contre les personnels. L’école publique doit redevenir la priorité de la Nation.
Pour cela, des moyens doivent être déployés et bénéficier à celles et ceux qui en ont le plus besoin. L’égalité doit devenir une valeur concrète, notamment pour les jeunes issu·es des milieux populaires. Depuis plus de 15 ans, c’est toujours moins d’École qui est mise en œuvre par les réformes, et à titre d’exemple le lycée professionnel a perdu 1 an et demi de formation pour préparer les jeunes au baccalauréat professionnel. Ce n’est pas la dernière réforme et son parcours personnalisé qui pourront compenser ces pertes sèches.
Par ailleurs, il y a plus que jamais urgence à mettre en œuvre de réelles politiques inclusives et de réduction des inégalités, ces dernières n’ayant fait que se creuser ces dernières années. La FSU défend une école publique dans un objectif renouvelé d’augmenter le niveau de qualification de toutes et tous, une école au service du développement de l’ensemble des élèves, de leur émancipation et de l’acquisition d’une culture commune, pour faire société, dont l’ensemble des disciplines scolaires participent, notamment les enseignements artistiques ou sportifs qui doivent rester dans l’école publique. La FSU s’opposera à l’externalisation ou même au renvoi à des ateliers pratiques l’après-midi pour une partie d’entre elles. L’École a besoin avant tout de moyens et de temps pour pouvoir faire progresser les élèves.
Monsieur le ministre, qu’allez-vous mettre en œuvre pour faire en sorte que le système éducatif lutte réellement contre les inégalités de parcours scolaire fortement corrélées aux inégalités sociales et genrées ? Allez-vous enfin rompre avec les politiques éducatives sélectives et inégalitaires et en finir avec l’instrumentalisation de l’École au service du marché du travail ?
Monsieur le ministre, vous devez mettre un terme à l’orientation actuelle de la réforme de la santé scolaire, car elle nuit à la capacité de l’école à s’adapter aux enjeux et aux défis que représentent les inégalités scolaires et la santé des jeunes. L’école a besoin que vous écoutiez et renforciez la capacité d’agir des infirmières, des assistantes sociales, des psychologues et des CPE, qui agissent au quotidien au plus près des élèves, en leur faveur. Elle n’a pas besoin d’une nouvelle circulaire de politique éducative sociale et de santé, mais bien de l’application du cadre actuel.
Concernant la réforme de la formation des enseignant·es et CPE, celle-ci ne résoudra pas une crise d’attractivité qui ne pourra être enrayée que par des mesures de revalorisations ambitieuses des métiers de l’Éducation, en particulier celle des salaires. La FSU, avec l’intersyndicale, demande un budget renforcé, un maillage territorial équitable, le respect du rôle des universités et la représentation syndicale dans le suivi de la réforme. Enfin, comme le souligne la DEPP dans l’état de l’École 2025, les perspectives de carrière en matière d’avancement, de promotion, de titularisation et de rémunération constituent un domaine d’insatisfaction marqué pour les personnels de l’éducation nationale (2,8 sur 10) et les personnels dans leur ensemble mettent l’accent sur un manque de temps pour effectuer leur travail.
Monsieur le ministre, quelles mesures prévoyez-vous pour améliorer leurs conditions de travail et de rémunération ? Comment comptez-vous en finir avec un pilotage du système autoritaire et anxiogène pour les personnels et les usagers du service public d’éducation, pour renouer avec la confiance des personnels et pour redonner à l’ensemble des citoyen·nes la confiance et la reconnaissance en leur École et en leurs enseignant·es ?
Merci.
