Mme la Directrice.
M le président du CSE
M et Mme les membres du CSE.
De mémoire, jamais un Conseil supérieur de l’Éducation (CSE) ne s’est tenu aussi tôt après la rentrée, d’autant plus que celle-ci se déroule sous la communication d’un Premier ministre et d’une ministre de l’Éducation démissionnaires depuis plus d’un mois. Une rentrée où Nicole Belloubet, en charge des affaires courantes, continue à défendre et à porter les orientations de la politique éducative du Président Macron pourtant largement contestée par une grande partie de la communauté éducative et désavouée dans les urnes.
Une fois de plus, cette rentrée inédite n’a pu se dérouler que grâce à l’engagement indéfectible de l’ensemble des personnels, qui ont à cœur d’accueillir les élèves et les étudiant·es dans les meilleures conditions possibles. Cependant, l’École a besoin de stabilité, d’une direction claire et de moyens pour sortir de la crise structurelle dans laquelle elle s’enfonce, comme en témoigne la crise de recrutement qui perdure. L’École est à un point de bascule : salaires, conditions de travail, programmes, « choc des savoirs », école inclusive, lycée professionnel… Pour la FSU, il n’y a plus de temps à perdre. L’École a besoin d’un changement de cap urgent.
Ces dernières années, la détérioration progressive des conditions de travail, l’enchaînement de réformes inadaptées aux besoins réels et non pensées dans leur mise en œuvre, et le manque criant de moyens, notamment pour garantir une véritable inclusion scolaire, ont érodé l’engagement et la motivation des personnels et déstabilisent notre École.
La communication gouvernementale sans mise en œuvre de moyens en personnel ne permet pas de développer une politique de prévention et d’accompagnement des élèves et de personnels victimes de violence et de harcèlement, de lutter contre les discriminations, de développer l’égalité filles-garçons et l’Éducation à la Vie Affective et sexuelle. Elle participe à déstabiliser d’autant plus les personnels qui ne peuvent faire face aux attentes légitimes du public.
La santé des élèves n’est toujours pas une priorité ministérielle. Les besoins des élèves ne cessent pourtant d’augmenter sans qu’aucun moyen supplémentaire ne soit alloué. La réforme, plus que suspendue, doit être abandonnée au profit de la création d’emplois et de la création d’un Master spécialisé pour les infirmières de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur.
Dans un contexte où les professionnel·les de l’éducation se sentent dévalorisé·es, subissant à la fois un déclassement salarial et une dégradation continue de leurs conditions d’exercice, le sous-financement chronique fragilise profondément notre système éducatif. L’école publique, pilier essentiel de la République, mérite mieux. Il est impératif de doter l’ensemble des personnels des moyens nécessaires pour accomplir pleinement leurs missions et redonner du sens à leur métier, de stopper le séparatisme social à travers la concurrence du privé, de stopper le tri social des élèves qui est désormais institutionnalisé, de redonner de l’ambition pour la réussite et l’émancipation de tous les jeunes. Il n’y a plus de temps à perdre !
En Nouvelle-Calédonie, la révolte sociale déclenchée en mai dernier par l’impéritie du chef de l’État, a causé des dégâts de grande ampleur à l’école calédonienne. Des établissements n’ont pas encore retrouvé un fonctionnement normal et des élèves n’ont toujours pas repris le chemin des établissements scolaires. Au-delà de l’aménagement des examens, des mesures d’urgence sont nécessaires pour permettre à tous les élèves de bénéficier d’enseignements de qualité. Des établissements doivent être reconstruits. Concernant les diplômes professionnels, rappelons que la priorité doit être de permettre à l’ensemble des jeunes de retrouver au plus vite des conditions de formation de qualité, garantissant l’acquisition et la reconnaissance d’un niveau de qualification. C’est pour cela que des temps de formation supplémentaires doivent être priorisés, et que, pour certain·es candidat·es, le report d’examen ne doit pas être écarté par facilité ou pour des raisons budgétaires, au bénéfice de la mise en œuvre d’aménagements des modalités de certification. Pour la FSU, l’État doit verser en urgence et sans condition, les aides financières permettant la reconstruction, le maintien et le développement du service public d’Éducation (établissements, formations…) sur tout le territoire Calédonien.
En cette rentrée, la FSU et ses syndicats sont mobilisés pour obtenir des améliorations du service public de l’Éducation ainsi que des conditions d’exercice et de rémunération de tous ses personnels. Elle pèsera avec force pour que le Parlement vote dès cet automne une loi de finances à la hauteur des enjeux, garantissant un budget ambitieux permettant de revaloriser nos métiers pour que cesse la crise de recrutement, permettant de réduire les effectifs par classe, de mettre en place un moratoire sur la carte scolaire sans nouvelle fermeture de classes, et de stopper les fermetures de formations professionnelles initiales sous statut scolaire prévues dans les lycées professionnels.