Mme et M les membres du CSE,
Tout d’abord, la FSU tient à rappeler son soutien et sa solidarité envers Cécile Kohler et Jacques Paris et demande que tout soit mis en œuvre pour leur libération au plus vite.
Loin des réponses attendues aux défis éducatifs, sociaux et de santé qui traversent l’École, les dernières annonces du président ou celles du gouvernement continuent d’ignorer les réalités de terrain et les attentes de l’ensemble des personnels. L’annonce de la convention citoyenne sur les temps de l’enfant est une nouvelle diversion de l’Élysée dont personne n’est dupe alors que l’école publique manque de tout. En évitant les véritables enjeux de l’École – lutte contre les inégalités, conditions d’apprentissage, justice sociale – le président de la République ainsi que le gouvernement poursuit une logique de communication au détriment d’une politique éducative ambitieuse.
Cette convention ne saurait par exemple masquer l’absence de bilan des réformes des rythmes scolaires engagées depuis 2013. Aucune convention ne saurait accroître la charge de travail des personnels ni menacer la richesse disciplinaire de l’enseignement. L’expérimentation « cours le matin, sport l’après-midi » menée en 2010/2011 a été pour le moins mitigée. Une note de la DEPP a souligné que ce « dispositif n’a pas d’effet notable sur la ponctualité, les absences et les sanctions. Il n’influe pas sur les capacités déclarées de concentration, d’attention, de mémorisation et d’effort. » La FSU réaffirme qu’il y a urgence à donner les moyens à l’École publique d’assurer toutes ses missions.
Dans une société qui se fracture de plus en plus, l’École publique et laïque a un rôle primordial pour faire société. Elle doit rester émancipatrice et être pensée pour accueillir un public de plus en plus fragile qui n’a que l’École pour réussir. C’est le sens du projet de scolarisation jusqu’à 18 ans pour tous les jeunes que porte la FSU dans l’objectif de continuer à élever le niveau de qualification de toutes et tous dans un cadre commun, en développant une culture commune dans chacune des 3 voies du lycée et dans l’objectif aussi de la démocratisation de l’accès aux études supérieures.
Alors que les assises de la santé et du bien-être des élèves auraient dû marquer un tournant, les mesures proposées, une nouvelle fois, renforcent les inégalités scolaires. Les redéploiements des équipes pluriprofessionnelles vers le premier degré, sans créations de postes garanties, accentuent la pénurie dans le second degré. Pour la FSU, une véritable ambition pour la réussite scolaire des élèves et pour la lutte contre les inégalités sociales et de santé est possible avec un investissement massif, permettant le renforcement de la présence des personnels et de leur reconnaissance au sein des écoles et établissements scolaires qui agissent au quotidien pour la réussite de tous les élèves.
L’usage massif et souvent non régulé des écrans chez les enfants et adolescent·es fait peser des risques avérés sur le sommeil, la santé mentale, l’attention et le surpoids. L’ensemble des personnels de l’Éducation peuvent mesurer au quotidien ses effets négatifs sur les élèves. Le Haut Conseil de santé publique (HCSP) alerte depuis plusieurs années maintenant sur les effets délétères d’une consommation non accompagnée, notamment sur les publics les plus socialement défavorisés. Alors que l’Éducation nationale aurait pu jouer un rôle important pour lutter contre cette exposition néfaste pour de nombreux jeunes, au cours de ces dernières années, elle a trop souvent accompagné, voire amplifié le phénomène par une politique de développement de l’usage des écrans à l’école. Elle est en passe de continuer cette orientation inconsciente et dangereuse pour la jeunesse avec l’introduction de l’IA à l’École. Aujourd’hui, Il y a urgence à agir et à protéger les enfants mineurs exposés à des incitations à la violence, au harcèlement, au sexisme et à toutes ses influences néfastes qui se multiplient sur internet et les réseaux sociaux, qui vont contre les valeurs de l’École républicaine et qui sont préjudiciables au bon développement de l’enfant.
La rédaction précipitée d’un cadre d’usage de l’IA en éducation par la Direction du numérique du MEN pose question. Si l’ouverture à la consultation est un point positif, la FSU dénonce un cadre flou, incitatif, qui fait l’impasse sur les risques : atteinte aux données personnelles, effets environnementaux, impact sur l’apprentissage et le métier enseignant. L’IA modifie l’organisation du travail et a des conséquences sur les conditions de travail sur toute une série de métiers enseignants et hors enseignants avec des effets de déqualification, de perte de sens et de contrôle des métiers, sans oublier les économies d’échelle induites et de suppressions d’emplois. Ses effets négatifs ne sont pas à négliger ou à minimiser. Pour la FSU, toute introduction d’IA dans des logiciels ou dans un process doit faire l’objet de négociation notamment d’une expertise préalable et mesures de prévention adaptées, en recourant aux F3SCT. La FSU exige que l’utilisation des IAG en éducation soit encadrée par des lignes rouges clairement établies et connues des agent·es, et fondées sur une approche éthique, écologique et pédagogique. C’est le sens des 40 amendements déposés par la FSU. La FSU demande une politique cohérente de prévention, d’éducation au numérique et de soutien à la parentalité, appuyée sur une formation ambitieuse des personnels.
La réforme du lycée professionnel n’a pas permis de mieux former ni de mieux préparer les élèves à la session d’examen, qui ont eu lieu la semaine dernière. La suppression de quatre semaines de cours, ainsi que les convocations des professeur·es de lycée professionnel (PLP) pour faire passer les examens aux candidat·es libres, ont empêché ces derniers de terminer les programmes. Ils ont en outre été contraints de boucler les contrôles en cours de formation (CCF) début mai. Le parcours en Y est mis en œuvre à marche forcée dans les établissements avec son lot d’ injonctions à enseigner une autre discipline que la sienne, de groupes-classes non définis, d’emplois du temps inconnus, d’informations contradictoires qui vont engendrer une baisse d’assiduité des élèves. L’ensemble des établissements est désorganisé, et les PLP se préparent à une fin d’année chaotique. Ce parcours différencié ne permettra ni une meilleure préparation à la poursuite d’études, ni une meilleure insertion professionnelle — laquelle dépend principalement du marché de l’emploi. Aucune période de révision n’est prévue pour les élèves revenant de stage, ce qui engendrera une inégalité de préparation aux examens, au détriment de celles et ceux ayant choisi le parcours d’insertion professionnelle. La FSU réaffirme son exigence du retour des examens en juin, du rétablissement des heures de cours disciplinaires supprimées par les dernières réformes, et de l’abandon du parcours différencié, qui n’a pour objectif que de fournir une main-d’œuvre bon marché aux entreprises.
Le gouvernement amorce une nouvelle réforme du financement de l’apprentissage, avec un double objectif : « prioriser les financements en fonction des besoins du marché du travail et améliorer la soutenabilité financière du dispositif ». Cette réforme répond partiellement aux critiques formulées par la FSU sur la gabegie actuelle du financement de l’apprentissage, reposant sur une politique d’aides publiques massives à l’embauche d’apprenti·es. Si le gouvernement envisage effectivement de contraindre l’enveloppe d’argent public allouée au développement de l’apprentissage, en réintroduisant davantage de régulation et en diminuant le niveau de prise en charge des contrats, sur le fond peu de chose change, les logiques de mise en marché de la formation professionnelle ne sont pas remises en question et sa volonté de prioriser les niveaux de formation 3 et 4 risque de fragiliser encore davantage les formations sous statut scolaire en lycée professionnel sans apporter de réponses aux jeunes les plus en difficulté.
La FSU porte une vision cohérente de l’école, émancipatrice, inclusive et démocratique. La FSU s’oppose ouvertement et manifestera contre tous les projets d’ouverture d’académies Saint-Louis et d’écoles « Excellence ruralités et espérance banlieues« , écoles traditionalistes, bénéficiant de fonds publics, et soutenues par le milliardaire d’extrême droite Stérin. Les fondateurs, promoteurs de ces écoles profitent de l’affaiblissement des services publics et de la fermeture des classes. La FSU continuera d’agir pour que les politiques éducatives soient à la hauteur des enjeux sociaux, environnementaux et pédagogiques du XXIè siècle notamment en exigeant un moratoire pour une mise en œuvre d’une toute autre réforme de la formation initiale des enseignant·es. Elle appelle l’ ensemble des personnels à se mobiliser pour une école publique à la hauteur des ambitions de justice, d’égalité et de réussite de toutes et tous.