Avant de commencer la FSU tient à apporter son soutien à la famille de la lycéenne de Nantes, à ses camarades et aux personnels.

« Les outils du dialogue social fournissent un cadre institutionnel permettant d’aborder tous les sujets, d’obtenir des garanties, de résoudre des conflits, d’établir des compromis et d’obtenir des avancées. Le dialogue social constitue un exercice démocratique à l’échelle d’une administration et des organisations syndicales. Il contribue ainsi à maintenir la stabilité sociale par le dialogue, stabilité sociale qui garantit un cadre propice au développement du pays. ». Voilà des paroles fortes et remarquables, issues du projet de vade-mecum du dialogue social. Difficile de croire que ce sont les vôtres tant l’actualité des groupes de travail a tendance à prouver le contraire carrières, formation initiale, affectations des stagiaires, attestations de sauvetage et de secourisme à Mayotte…rien que sur ce CSAMEN, la liste des sujets où le dialogue social s’est réduit à des échanges formels ou a brillé par son absence est longue. Quelle est l’impérieuse nécessité d’avoir un vade-mecum du dialogue social si ce n’est parce que la loi TFP a méthodiquement détruit les espaces de dialogue social, au point que vous en soyez réduit à rappeler quelques règles aussi basique que l’installation des chevalets dans une salle. A ce compte-là, nous sommes tentés de proposer un amendement sur la réapparition des viennoiseries à l’accueil du CSAMEN. Mais les apparences ne parviendront pas à masquer la réalité : des passages en force  qui ne peuvent qu’aggraver la crise de confiance envers l’institution que vous représentez.

Vous n’avez pas tenu votre engagement de représenter les textes statutaires sur la formation initiale en CSA, les textes ont été publiés alors même que les GT ne sont pas terminés. A chaque GT, nous constatons que tout n’a pas été pensé et anticipé, de nombreuses questions sont sans réponse encore aujourd’hui, les tensions sont prévisibles pour les étudiant·es et les formateurs et formatrices.  La FSU continue d’exiger un moratoire sur la mise en œuvre de cette réforme. Avec le système que vous mettez en place vous réduisez le volume horaire dédié à la formation et notamment la formation disciplinaire, vous créez des inégalités devant le concours, vous allez mettre en grande difficulté des étudiant·es qui vont être parachuté·es dès leur master 1 dans de grandes métropoles avec seulement 1400 euros, vous créez un engagement pour l’état qui n’existe que lorsqu’il y a des pré recrutements, vous réduisez le vivier de candidat·es pour les disciplines professionnelles et créez les conditions d’une augmentation de la contractualisation. Par ailleurs, utiliser les fonctionnaires stagiaires comme moyen d’enseignement et les placer à 50 % devant élèves va les mettre en difficulté, cela a déjà été expérimenté, et cette disposition  réduit de fait le temps de formation en master 2.

Lors de ce même CSA MEN du 11 mars, vous nous aviez indiqué que les documents modification des carrières étaient prêts et qu’ils nous seraient envoyés. Ils ont finalement été envoyés 1 semaine avant le premier GT, ils comprenaient des modifications importantes, mais aucune projection sérieuse n’a été réalisée, la FSU et d’autres OS avaient fait la demande que soient communiquées d’autres données et que des éléments soient transmis, par exemple, sur le 3eme RDV de carrière pour pouvoir se prononcer sur les propositions. Rien ne nous aura été transmis. Alors que nous avions dit quasi unanimement que présenter des textes sur les RDCV de carrières aujourd’hui, était irresponsable, une nouvelle fois, vous ignorez les OS qui n’ont cessé d’alerter sur l’état d’impréparation et les conséquences pour les personnels. Vous n’avez d’ailleurs, même pas pris le temps de répondre à l’intersyndicale sur sa demande de dissociation, ah oui c’est ce que vous appelez le dialogue social. Sur le texte en lui-même, Les réductions de temps passé dans certains échelons de la classe normale sont loin de corriger le décrochage du salaire des enseignant·es et CPE qui pour les deux tiers ne sont pas concerné·es. Le refus d’envisager la classe exceptionnelle comme le grade de fin de carrière pour toutes et tous illustre l’absence de réelle ambition de revalorisation des carrières, améliorant le salaire continué qu’est la pension de retraite, pire vous créez les conditions de blocage de carrière avec une vision méritocratique inadaptée.

La NDS relative à l’affectation des stagiaires est révélatrice de vos pratiques : avant 2022, elle faisait l’objet d’une concertation, depuis 2022, d’une simple information en multilatérale avant publication…et cette année, un cap est franchi avec  une publication sans information préalable aux OS ! Elle comporte des changements importants, dont un qui en dit long sur votre philosophie : le doublement des points pour les candidat·es reçu·es au premier décile, organiser les compétitions au détriment des collectifs est toute une philosophie aujourd’hui qui pilote l’éducation nationale.

Quant à l’examen ce jour, d’un décret dérogatoire sur les attestations sauvetage et secourisme obligatoires pour certains concours de l’éducation nationale, là-encore, rien n’aura été discuté, aucune information n’aura été transmise aux OS en amont de ce CSA, alors même que ce décret pose des questions liées à la sécurité physique des élèves et des enseignant·es lors des apprentissages.

Pour répondre à certains évènements, dont certains dramatiques, impliquant des jeunes, la ministre a souhaité engager une réflexion sur le climat scolaire. Mais encore une fois, la copie est hors sujet. Le climat scolaire, comme l’ont montré de nombreux·ses chercheurs et chercheuses est multidimensionnel,  il est par exemple, étroitement corrélé à l’état de la justice sociale. Mais le ministère a fait le choix, pour l’instant, de le réduire à une liste de mesures sécuritaires. Des responsables politiques, qui suivent leur agenda politicien, ne jurent que par les portiques et autres dispositifs de reconnaissance faciale. Ces élus  n’ont sûrement jamais vu à quoi ressemble l’entrée d’un collège ou d’un lycée pour imaginer aligner des portiques et gérer, en même temps, un flux de plusieurs centaines d’élèves. La FSU le réaffirme : travailler et apprendre en sécurité ne doit pas être synonyme de bunkerisation des écoles et établissements. Un travail sérieux et de qualité sur le climat scolaire ne pourra passer que par une politique de prévention, avec notamment plus d’adultes dans les établissements, mais aussi une réflexion pour revitaliser la démocratie lycéenne par exemple. La ministre ne pourra s’exonérer de cette responsabilité, en tant que ministre de l’Education nationale et non ministre de l’Intérieur….

Le drame de Nantes a montré l’urgence qu’il y a à répondre à la question de la dégradation très nette de la santé mentale des élèves. Depuis le Covid, nous ne cessons d’alerter, et cela a été confirmé par de nombreuses études scientifiques, sur la détresse de nombreux·ses élèves. Contexte national, international, avenir, situation environnementale, mais aussi système éducatif qui met une pression permanente (à l’image des évaluations standardisées dès le CP ou de Parcoursup), il faut écouter, accompagner, aider ces jeunes, et pour cela disposer de suffisamment de personnels qui constituent des équipes pluriprofessionnelles aux côtés de nos élèves. En l’état actuel des choses, les assises de la santé scolaire semblent très loin de répondre à ces enjeux.

Depuis plusieurs mois, chaque semaine ou presque est marquée par des révélations de violences physiques, psychologiques ou sexuelles commises par des adultes d’établissements scolaires sur des enfants. Ces témoignages, en plus de révéler une conception de l’éducation empreinte d’autoritarisme et de domination violente des adultes sur les enfants soulignent en creux la culture du silence, voire du secret qui prévalait et qui prévaut encore sur les faits de violences et de VSS contre les mineur·es en particulier dans la sphère catholique. Les victimes ont commencé à parler. Il faut écouter, croire, accompagner les victimes, soutenir les lanceurs d’alerte ce qui n’a quasiment jamais été le cas, comme en atteste la situation de notre collègue d’EPS à Chalons en Champagne ou d’une professeure de maths à Bétharram. Les enquêtes, notamment administratives doivent être menées sans entrave. Qui peut croire que le recueil de la parole pourra se faire à travers un questionnaire sur les voyages scolaires ou l’internat sans aborder les périodes de stage et surtout construit en vase clos sans écouter les personnels et les associations de soutien aux enfants victimes de violence ? C’est pourtant ce qu’a commencé à faire le ministère. Le plan Brisons le silence appelle une réponse plus cohérente, globale et collective.

Pour revenir aux questions de gestion des personnels, de management brutal voulu par notre ministère nous dénonçons l’arbitraire et la brutalité de certaines décisions dont celle prise à l’égard de 2  professeurs, représentants syndicaux SNES-FSU et SUD au collège François Mitterrand à Noisy le Grand, mutés dans l’intérêt du service, tout comme trois professeurs du collège Jean Lolive à Pantin. Nous y reviendrons dans une déclaration intersyndicale.

Que dire du blocage assumé par de nombreuses directions académiques sur ce sujet de l’application de l’accord majoritaire Télétravail que nous avons pourtant signé en juin 2023. Bon nombre d’académies ne permettent pas aux personnels concerné·es exerçant en EPLE de formuler la moindre demande, faute de procédure identifiée. Pourtant, aucun personnel relevant des filières BIATSS ne peut être exclu a priori de cette modalité d’organisation du travail ! Si 80% des personnels de la centrale ont opté pour cette modalité, elles et ils sont 60% dans les services académiques ; mais seules 600 demandes, sur 30000 collègues, émanant des EPLE ont pu être recensées par la DGRH, sur 18 académies ! Ce constat établi près de deux ans après notre signature est révélateur et inacceptable. Le ministère doit faire respecter les accords et la FSU interviendra à tous les niveaux  pour que ces blocages soient levés et permettre aux personnels de formuler leur demande, quel que soit leur lieu d’exercice ou académie.

Que dire encore de l’absence de soutien de la ministre aux 137 sénatrices et sénateurs qui, dans le cadre de la loi infirmière, défendent la nécessité de reconnaître les infirmières de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur comme une spécialité infirmière à part entière. Ce sont plus de 1000 infirmières qui se sont réunies hier en congrès extraordinaire pour faire avancer cette question. Pourquoi, alors que vos prédécesseurs s’étaient engagés dans cette voie, refusez-vous aux infirmières placées sous votre responsabilité une formation statutaire leur permettant d’exercer leurs missions avec la réflexivité indispensable à leurs pratiques professionnelles quotidiennes ?

Dans la Fonction publique, des GT ont commencé en vue d’un nouvel accord égalité professionnelle femmes/hommes. Quelle va être la déclinaison dans l’Éducation nationale ? Que va devenir l’axe consacré à la Santé qui semble disparaître du programme de discussion Fonction publique ? Quand le ministère de l’Éducation nationale va-t-il enfin assumer ses responsabilités d’employeur d’un ministère où les femmes représentent 73 % des personnels ?

Pour conclure cette déclaration, la situation pour les personnels de l’éducation nationale se  résume surtout à des régressions : des métiers transformés, une carrière bloquée, aucune revalorisation digne de ce nom, une formation initiale qui les réduit à des exécutant·es de prétendues bonnes pratiques… du coté des élèves, nouveaux programmes prescriptifs et normatifs, angoisse et tri organisé de parcoursup, réforme de la voie pro, lycée Blanquer, Choc des savoirs, tests de conditions physiques à l’entrée en 6ème, autrement dit des mesures qui dessinent une vision utilitariste de l’Ecole, à l’opposé de sa mission émancipatrice, et qui aggravent aussi le dualisme scolaire préfigurant d’un dualisme social dangereux pour la démocratie.
Dans la Fonction publique, c’est une nouvelle année blanche qui se dessine en termes de rémunérations, gel du point d’indice, suppression de la GIPA, ajouté à des mesures vexatoires et punitives comme le jour de carence ou le CMO indemnisé à hauteur de 90 %. La FSU demande l’abandon de ces deux mesures injustifiables et inacceptables  : les fonctionnaires ne sont pas coupables d’être malades !

Mais nos dirigeants ont d’autres priorités et leurs réponses en disent long sur leur mépris des fonctionnaires et de l’éducation nationale ainsi François Bayrou annonce un budget 2026 d’austérité et Emmanuel Macron, une convention citoyenne sur les temps de l’enfant, autrement dit une opération de diversion pendant que l’École s’effondre, avec en creux cette musique bien connue que les enseignant·es ne travaillent pas assez.

Après un premier mai réussi, la FSU s’engage dans un troisième trimestre de mobilisations : le 13 mai pour la Fonction publique et les services publics tout en poursuivant la mobilisation pour l’abrogation de la réforme des retraites.

 

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