Au cours de son histoire, le système éducatif a évolué pour s’ouvrir de plus en plus sur la société et sur le monde. Cette ouverture sur une société en constante évolution, sur le patrimoine culturel ne s’est pas faite sans poser de questions qui peuvent toujours être vives tant les velléités d’investir l’école peuvent être forte. C’est notamment le cas dans le milieu sportif où les fédérations, en difficulté financière et en crise d’adhésion, voit dans l’école une opportunité de développement.
Comment rendre accessible la pratique physique sportive et artistique pour le plus grand nombre quelle que soit son origine sociale, son sexe, sa morphologie, son niveau…, comment développer une politique du sport pour tous à moindre coût ? Ces questions ont été et sont toujours au centre des problématiques et qui, mieux que l’école, est en capacité de répondre au mieux à ces objectifs ?
Si des associations sportives scolaires existent depuis 1890, il aura fallu attendre 1938 et le Front Populaire pour qu’une organisation sui generi intégré au service public d’éducation voit le jour. Cette politique voulue par Jean Zay (Ministre de l’Education) et Léo Lagrange (sous-secrétaire d’Etat aux sports) visait l’accès à la pratique sportive par le plus grand nombre en offrant les moyens de fonctionnement et en mettant au cœur du dispositifs les enseignants d’EPS.
Si l’on peut considérer que cette démocratisation des pratiques est, au regard des chiffres, une réussite indéniable du service public d’éducation puisqu’on passe de 580 associations sportives et de 17 000 adhérents en 1939 à 9247 associations affiliées à l’UNSS et 1 155 877 adhérents en 2016, nombre de questions se posent quant à son évolution. Comment répondre face à une surenchère du nombre de pratiques physiques, sportives et artistiques (près de cent pratiques offertes à l’UNSS) ? Comment maintenir un coût modique pour les familles (moyenne de 25 euros) ? Comment résister à un entrisme de plus en plus prégnant du monde fédéral ? Comment résister face à une austérité budgétaire et à des hommes et des femmes politiques qui voient ici une économie facile à réaliser… C’est pour faire face à ces défis que le SNEP-FSU a mené près de 35 années de lutte pour que soit inscrit dans un texte réglementaire les trois heures forfaitaires d’animation du sport scolaire pour l’ensemble des enseignants d’EPS. Face à la volonté des autres syndicats de faire de l’UNSS une fédération sportive comme les autres, c’est-à-dire détachée de sa tutelle Education nationale, le SNEP-FSU mène constamment la bataille estimant qu’il est du rôle du système éducatif de travailler à la démocratisation de l’accès à la culture dont fait partie intégrante le sport.
Le sport scolaire à la française est un système envié dans l’ensemble des pays européens et peut représenter une piste à travailler pour l’ensemble des pratiques culturelles. La responsabilité de l’Ecole est de les proposer à l’ensemble des élèves en les maintenant au sein du service public d’éducation pour que la formation dispensée conserve une dimension éducative et pédagogique à même d’éclairer nos élèves, de les acculturer sans renvoyer en dehors du système éducatif ces éléments essentiels à la formation du citoyen.