Discours de clôture de Benoît Teste
Congrès de Metz – 4 février 2022
Cher-es camarades,
Ce congrès s’achève, et je ne crois pas être dans l’excès de lyrisme en disant qu’incontestablement, il a soufflé sur ce congrès un vent d’espoir, ce vent d’Est, j’en suis sûr, va nous porter très loin. Cela ne veut pas dire que ce congrès aura été exempt de désaccords, c’est ça aussi la vie de ce collectif militant unique qu’est la FSU, mais il a marqué une étape importante pour la fédération et pour le syndicalisme en général. Nous avons désormais beaucoup de travail, nos mandats sont ambitieux comme on dit, et beaucoup d’espoir parce que pendant 5 jours nous avons discuté des contours d’une société meilleure, ce n’est pas rien, nous avons en tout cas plein d’énergie après la joie de s’être retrouvés.
Mais, et je veux le dire tout de suite, nous repartons aussi avec le poids des responsabilités, dans un contexte lourd et pesant, nous devons nous le dire aussi : la situation politique est effroyable et donc à quelques semaines des échéances électorales, nous repartons avec quand même aussi un peu de fébrilité, parce que le quinquennat a été rude, nos droits ont reculé, pas la peine d’insister là-dessus, le congrès en a largement fait l’analyse, et une ombre plane désormais sur tous nos débats, la montée des idées d’extrême droite, c’est à dire la haine, le rejet de l’autre, le repli sur soi, des passions tristes ressassées à l’envi et qui sont autant une cause qu’une conséquence du délitement de la société, il y a de quoi craindre la situation et les évolutions possibles, et nous pouvons aussi nous l’ avouer, à ce stade, il y a donc aussi un peu d’appréhension. Nous avons une feuille de route, nous avons de grandes ambitions, nous avons des convictions fortes, mais nous ne sortons pas de ce congrès pétri de certitudes, et nous savons que la tâche sera difficile. Après la bulle militante que constitue en quelque sorte un congrès, nous savons en tout cas que nos responsabilités sont grandes dans le monde réel si je puis dire. De la vigueur mais de la lucidité, aussi…
Et donc l’élément sans doute le plus important de notre feuille de route, c’est d’abord et avant tout la volonté réaffirmée d’être au plus près de l’ensemble de nos collègues, de les aider, les renseigner, les mobiliser bien sûr, mais toujours en les rassemblant, faire avec elles et eux comme on dit. Ce n’est pas un retour sur le terrain, nous ne l’avons jamais quitté, mais c’est une volonté qui doit nous animer de toujours être en prise avec les réalités, une conscience qu’il faut avoir de l’importance de ce travail militant du quotidien. C’est la tâche du moment pour mobiliser les collègues dans le cadre du plan d’action dont nous avons fixé le cadre : grève féministe le 8 mars, journée interprofessionnelle après la mi-mars, organisation de l’action dans tous les secteurs, il y a un enjeu énorme à ce que nous réussissions à mettre les urgences sociales et environnementales à l’agenda politique, ce sera le sens de notre appel de fin de congrès.
Il n’y a pas de petits combats : voilà un slogan de campagne qui nous va si bien dans le cadre d’une campagne pour les élections professionnelles qui a été présentée ici. Bien sûr, cela dessine les contours d’un syndicalisme ambitieux et exigeant, qui soit capable de lutter sur tous les fronts, C’est cette voie que nous avons réaffirmée et c’est avec ces convictions fortes que nous allons mener les élections professionnelles. Les élections sont lancées, nous pouvons y avoir d’immenses ambitions, et en tout cas nous mettrons toutes nos forces pour faire cette campagne parce que nous sommes convaincu-es que les professions que nous représentons ont besoin d’une FSU forte.
La FSU, c’est la force du collectif, et c’est avec cette énergie que nous allons mener campagne sur l’articulation combats du quotidien/combats de société, c’est le syndicalisme auquel nous croyons, un syndicalisme militant et qui ne se paye pas de mots.
Le macronisme a passé son temps à mépriser ce qu’on appelle les corps intermédiaires. Quel que soit le résultat de l’élection présidentielle, les agent-es doivent faire la démonstration de leur attachement aux droits syndicaux, à la démocratie sociale, parce que c’est un enjeu de démocratie tout court. Et la loi de 2019 n’a pas détruit notre capacité à faire respecter des droits, dans un contexte plus compliqué certes, mais toujours avec la même détermination à faire appliquer une gestion juste, équitable et transparente, au bénéfice des agentes et des agents mais aussi au bénéfice des services publics et in fine de l’ensemble de la population. Oui, nous allons faire progresser la FSU aux prochaines élections professionnelles !
Pour être en ordre de bataille pour ces élections, le congrès nous a donné un élan et quelques pistes concrètes d’organisation. J’ai développé en introduction les problématiques qui me semblent être devant nous pour organiser la FSU en renforçant le caractère fédéral de notre militantisme, je n’y reviens pas en détail, mais je pense que là encore nous avons mis à plat un certain nombre de choses qui vont nous permettre d’avancer. Je voudrais donc compléter ce que j’ai dit au début par quelques autres considérations rapides et j’ai envie de paraphraser le slogan de campagne : les débats du congrès nous ont montré qu’à la FSU, il n’y a pas des petits ou des grands syndicats, certains qui seraient au-dessus d’autres. Il y a en revanche une nécessité de travailler encore à faire mieux toute leur place aux différents syndicats qui ne sont pas tous dans la même situation. Et nous avons entendu les camarades qui demandent l’aide de la fédération pour mutualiser, faciliter, donner des impulsions fortes y compris dans le cadre des élections professionnelles, je pense que ce sera un chantier important du prochain mandat. De même le rôle des sections départementales, déterminant dans ce congrès, force de propositions, avec une contribution majeure aux échanges, doit être renforcé, et là-aussi ce ne sont pas des mots, nous devons permettre à la FSU d’être forte sur tout le territoire et qu’elle soit en retour nourrie nationalement de l’intervention des sections locales. Je voudrais tout particulièrement dans ce cadre, remercier les camarades des outres mers qui ont permis que ce congrès prenne en compte la spécificité de leurs territoires, un salut tout particulier à elles et eux dont la contribution aux débats a été particulièrement riche cette année. Enfin, nous avons prouvé dans ce congrès que le fonctionnement en tendances permet la structuration des débats et la construction de synthèses, c’est aussi une grande force de notre fédération.
Il s’est passé beaucoup de choses dans ce congrès, pendant ces 5 jours, j’en retiens quelques points forts :
- Nous avons eu de nombreux débats qui ont mis en avant l’utilité d’un syndicalisme qui non seulement respecte les identités professionnelles et les missions, mais qui en plus permet à ces identités professionnelles d’être reliées à un projet de société, je l’ai développé en introduction ; cela s’est traduit par des discussions parfois compliquées pour définir ce qui relève des missions des uns et des autres, je crois que nous avons trouvé les expressions qui nous permettent de nous retrouver tous, mais ce débat nous a dit la nécessité de travailler d’abord à mieux connaître les réalités de métiers de chacun-e, mais aussi de travailler la question de la reconnaissance de tous les personnels à tous les niveaux.
- Nous avons aussi beaucoup parlé de la protection sociale, cela doit être un axe revendicatif fort. La conquête du 100% sécu n’est pas un slogan, nous nous sommes engagé-es à faire partager cette revendication à l’ensemble de nos collègues et nous allons nous en donner les moyens.
- Nous avons eu de nombreux échanges qui permettent de mettre l’horizon féministe en perspective de tous nos débats : préparer un grand 8 mars, travailler à une FSU faisant toute sa place aux enjeux féministes, voilà un élément majeur de ce que ces 5 jours ont montré.
- Enfin et ce ne fut pas le moindre des moments de ce congrès, même s’il ne faut pas le survaloriser, l’intervention de Greenpeace, de la CGT et de Solidaires a été un moment fort, je ne sais pas encore s’il est de ceux qui marquent l’histoire du syndicalisme tout entier, mais en tout cas il aura marqué notre vie militante. Par une vidéo, nous avons eu un message fort de Jean-François Julliard de Greenpeace qui a salué notre congrès avec une volonté très nette de poursuivre la mobilisation qui lie les urgences sociales et environnementales, et dans la foulée ce congrès a donné des pistes pour un syndicalisme encore plus ouvert sur les questions écologistes. Au-delà de l’enjeu strictement revendicatif, l’enjeu est aussi que le syndicalisme soit un des facteurs qui permette à la démocratie de respirer, le pays en a besoin, et en tout cas sans nous, la question sociale et écologiste ne sera pas à l’ordre du jour, imposons-là dans le débat électoral qui vient, imposons-là franchement ensuite aussi, construisons ce meilleur que nous appelons de nos voeux. A la suite et à cette tribune, sont intervenus Philippe Martinez, Murielle Guilbert et Simon Duteil qui ont eu les mots forts que l’on a encore tous en tête, ils sont venus dire à ce micro la volonté commune d’avancer ensemble. Nous mesurons ce que cela ouvre comme possibilités, et nous devons nous saisir de cette opportunité car je le redis : ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous divise. Notre texte du thème 4 a réaffirmé la disponibilité de la FSU pour travailler à la construction d’un nouvel outil syndical. Ce mandat fort de notre fédération reste bien entendu à construire, et ce n’est pas une mince affaire. Mais nous repartons de ce congrès avec ce sentiment que oui les choses peuvent bouger, parce que la situation nous y appelle et parce que nous sommes convaincus qu’elle nécessite que nous soyons à la hauteur, débattons ensemble lors des états généraux du syndicalisme de toutes ces questions.
Et donc je signale également, car cela a été un moment important de notre congrès, que nous repartons avec un ouvrage, Le syndicalisme du XXIe siècle, qui a été est remis et présenté aux congressistes, c’est un outil précieux pour faire vivre notre volonté affichée de refonder le syndicalisme.
Et j’en viens donc à l’action et ce sera l’appel de notre congrès, après celui-ci je dirai encore un mot de remerciements.
APPEL DU CONGRES
A quelques semaines d’échéances électorales cruciales, le Xe congrès de la FSU lance un appel solennel au monde du travail : regroupons-nous, syndiquons-nous, mobilisons-nous, imposons dans le débat les alternatives écologistes, humanistes et de progrès social, imposons la justice sociale et environnementale, refusons la régression fasciste, les replis identitaires, la xénophobie.
Ce congrès a dressé un bilan sévère du mandat du Président Macron et de son gouvernement, qui poursuivent leurs attaques contre le monde du travail et les conquis sociaux, sur fond de crise sanitaire et environnementale sans précédent, alors que des mobilisations prennent forme dans tout le pays. Les services publics et leurs agent-es, en première ligne, continuent d’être mis-es à mal : l’austérité et la casse restent la règle. Dans l’éducation, écoles, établissements et services sont au bord de l’explosion. Dénoncés depuis des mois par la FSU, les mensonges du ministre Blanquer sur la prétendue maîtrise de la situation sanitaire éclatent au grand jour, tout comme le manque flagrant de moyens. Le congrès de la FSU appelle les personnels à participer aux prochaines actions. Nous appelons l’ensemble du monde du travail à faire du 8 mars une journée de mobilisation massive, par la grève et les manifestations, pour l’égalité salariale et la satisfaction des revendications féministes.
Construisons une journée la plus large et massive possible avant la fin mars, pour qu’enfin des réponses soient données sur les salaires, les traitements, les pensions, les minima sociaux, pour que la question sociale soit placée au centre des débats dans le débat électoral. Construisons une journée d’action contre la précarité au printemps pour qu’enfin un plan de titularisation et l’arrêt du recrutement des contractuel-les soit à l’ordre du jour.
C’est en tant que citoyennes et citoyens engagé-es mais aussi en partant de l’expérience de nos métiers, sur nos lieux de travail que nous luttons et appelons à lutter contre les idées d’extrême droite. Parce que nous sommes au service du public, parce que nous avons une haute conception du rôle social de nos métiers et de leur capacité à promouvoir l’éducation, l’égalité, l’émancipation, le respect des libertés publiques, nous continuerons à nous battre contre toutes les exclusions et discriminations. Nous refusons la violence sociale que les discours de haine engendrent. Par sa tradition militante, la FSU fait du combat pour l’égalité, de la lutte contre les inégalités et toutes les discriminations une visée structurante pour la société, qui organise l’ensemble de nos propositions. Parce qu’elle est l’ennemie irréductible des travailleuses et des travailleurs, nous nous engageons à tout faire pour empêcher l’extrême droite d’arriver au pouvoir. Continuons et amplifions ce combat, reprenons la main, unissons le monde du travail.
Le congrès de la FSU a pris la mesure de la responsabilité du syndicalisme dans la période. Face au règne d’un néolibéralisme fondé sur la financiarisation de l’économie, qui aggrave les inégalités sociales, continue à piller les richesses de la planète, érige la concurrence en principe ce qui aboutit à dresser les un-es contre les autres et favorise les réponses identitaires et de repli sur soi : il y a urgence. La FSU a réaffirmé dans ce congrès sa disponibilité pour renforcer les liens avec les autres organisations syndicales pour proposer une refondation du syndicalisme, en travaillant en particulier avec la CGT et Solidaires mais sans exclusive, pour mieux unir les forces humanistes et de progrès social pour obtenir des victoires. Nous appelons l’ensemble des salarié-es à rejoindre cette dynamique et à se syndiquer massivement, pour lutter pour défendre leurs droits et en gagner de nouveaux. Nous proposons au mouvement syndical de transformation sociale d’aller vers des états généraux du syndicalisme qui permettraient de dessiner les contours d’un syndicalisme refondé, plus fort et plus efficace. Nous en sommes persuadé-es, un syndicalisme fort est de nature à redonner espoir.
D’autres choix sont possibles, imposons-les ensemble!
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Pour conclure ce congrès, je tiens à remercier l’organisation locale :
Margaux, Renaud, Alexandre, René, Alain, David, Eric, Jacky, Mickaël, Nicole, Vanessa, Cyrille, Céline, Hélène, Véronique, Catherine, Céline, Laurent, Olivier, Magali, Sarah, Jacques, Patrick, Laurence, Clarisse, Maxime, Ophélie, Quentin, Marie-Josée, Nadine, Nathalie, François, Frédéric, Camille, Claude, Corinne, Anne, Michel, Brigitte, André, René, Hubert, Joëlle, Gérard, Marie-Josée, Jean Christophe, Jean-Luc, Catherine, Didier, Antoine, Isabelle, Joëlle, Odile
L’organisation nationale
Nos salariées, notre prestataire-mitant, les militantes et militants : Nabila, Maryline, Jérôme, Laura, Linda, Magali, Didier, Didier, Gabriel, Jean-Marie, Julien, Laurent, David, Thierry, François, Jacques, Polo
Une mention toute particulière à Jacques Rohmer, qui a assuré de façon tout à fait extraordinaire les fonctions de trésorier national pour un mandat qui a été beaucoup plus qu’une transition.
Je n’oublie pas les équipes du Centre des congrès : Philippe, Elise, John, Régis, et tous les personnels techniques, de ménage, d’accueil et de sécurité.
Et les camarades qui ont assuré le journal du congrès.
Des camarades ont dit ici que c’était leur dernier congrès, on ne pourra pas toutes et tous ici les saluer, d’autant qu’on ne sait pas ce que l’avenir nous réserve, donc je m’en tiendrai à celles et ceux qui quittent dans l’année le secrétariat national et qui ne seront donc plus en responsabilité lors de notre prochain congrès, nous aurons l’occasion de les saluer, je ne fais donc que les citer, car faire leur biographie serait trop long.
Jacques Rohmer donc, Daniel Gascard, Véronique Ponvert, Didier Bourgoin, Régis Metzger et Frédérique Rolet.
Merci Metz pour cet accueil, la FSU est là et bien là ! Bon retour à toutes et tous !