Discour de William Martinet – Président de l’UNEF
au meeting du 29 janvier
C’est un plaisir pour l’UNEF d’intervenir au nom des jeunes pour ce meeting.
Après une journée de travail entre syndicalistes de tous les horizons : fonctionnaires, salariés, étudiants et lycéens.
Une journée importante pour échanger nos expériences, aiguiser nos arguments.
Une journée qui a été utile pour renforcer notre combat contre l’extrême droite. Contre les partis qui la représente ses idées qui progressent.
Il y a trois mois, quand on nous ont proposé de participé à cette journée, nous n’avons pas hésité bien longtemps.
Nous sortions tous juste d’une mobilisation contre l’expulsion de jeunes scolarisés.
Une mobilisation qui nous a permis de constater l’ampleur de la tache devant nous.
A quel point l’extrême droite avait gagné du terrain, à quel point ses idées nauséabondes s’étaient immiscées dans les esprits.
Au point de faire des jeunes expulsés, il s’agissait d’une collégienne et d’un lycéen, une menace pour le pays tout entier. Comme si le droit à l’éducation n’existait pas. Comme si l’Ecole de la République devait se mettre à genoux face à la xénophobie.
Mais cette mobilisation, elle nous a également donné espoir.
Ce sont 30 000 jeunes qui sont descendus dans la rue, indignés par les expulsions.
Des jeunes qui n’ont pas été influencé par les préjugés et le traitement médiatiques de l’affaire. Des jeunes qui se sont simplement sentis solidaires de leurs camarades de classe et leur droit à l’avenir.
Cette capacité des jeunes à refuser que l’injustice, à se mobiliser pour l’égalité, nous en avons besoin dans notre combat contre l’extrême droite.
Pour mener ce combat, nous avons d’abord besoin de comprendre ce qui nourrie l’extrême droite.
Evidemment, la crise sociale a sa responsabilité.
L’histoire nous l’a démontré. A chaque fois que le chômage progresse, que la précarité explose, que le progrès social semble inaccessible, c’est la xénophobie et le repli sur soit qui refont surface.
Un salarié qui perd son travail, un jeune qui décroche du système scolaire, un diplômé qui multiplie les contrats précaires, ce sont des citoyens qui s’interroge légitiment sur la place que leur donne la société, des citoyens plus sensibles aux mensonges de l’extrême droite.
Mais notre adversaire ne se nourrie pas seulement de la crise, il se nourrie également de l’incapacité du gouvernement à y apporter des réponses.
Chacun des échecs du gouvernement. Le dernier en date c’est l’inversion de la courbe du chômage qui n’est restée qu’une promesse présidentielle.
Chacun de ses revirements. Je pense à la place qui est accordé au patronat dans les discours et la politique du gouvernement, comme si les jeunes et les salariés avaient disparus depuis la campagne présidentielle.
Ces échecs et ces revirements, ils confortent l’idée que la classe politique est au mieux impuissante, au pire sourde aux revendications de la population.
Ils confortent l’idée que les questions économiques et sociales, l’amélioration de nos conditions de vie, tout cela ne fait plus parti du champ politique.
Finalement, la seule souveraineté qu’il nous resterait serait la défense de recines fantasmée, d’une identité excluante, la dénonciation des profiteurs facilement repérables par leur couleur de peau.
C’est donc dans ce contexte de crise sociale et politique que nous devons combattre l’extrême droite.
Notre première responsabilité, c’est d’en rappeler le danger.
C’est d’autant plus nécessaire que toutes les digues qui nous protégeaient sont en train de disparaitre.
La haine et le racisme sont élevés au rang d’opinions politiques qui méritent d’être débattu.
Le gouvernement lui-même semble incapable de remettre en cause les préjugés xénophobes qui ont infiltré la société. Il continu à s’acharner sur la population rom. Il refuse d’ouvrir le débat sur une politique migratoire. Elle a pourtant définie par Sarkozy et donc largement marquée par la xénophobie.
Rappeler l’incompatibilité entre l’extrême droite et la République, replacer la frontière entre la liberté d’expression et la haine de l’autre, c’est une responsabilité que nous avons eu à assumer dernièrement dans les universités.
La dédiabolisation du discours xénophobe et réactionnaire du FN donne une légitimité aux groupuscules les plus violents. Jusqu’à présent ils se sentaient, et à raison, minoritaires chez les étudiants. Ils ont maintenant un climat favorable pour passer à l’offensive sur les campus.
Mais ils savent que pour s’installer dans les universités, au delà de leurs quelques implantations historiques, ils devront affronter les syndicalistes présents dans le milieu.
Pour rendre audible la haine et de division, ils doivent d’abord s’attaquer à tous ce qui représentent une forme d’engagement collectif.
Plusieurs de nos militants ont été intimidés ou agressés, des tracts et des sites internet appellent à s’en prendre aux syndicalistes.
Nous y avons répondu avec fermeté, défendant les libertés syndicales et refusant qu’elles soient remises en cause par la violence. Appelant les universités et le ministère à leurs responsabilités.
Nous avons également mobilisé les étudiants et nous continuerons à le faire.
Pour qu’ils rappellent aux apprentis fascistes : l’université, c’est un outils d‘émancipation, l’université, c’est le terrain de luttes sociales, mais l’université, elle ne laissera aucune place aux groupuscules d’extrême droite !
Luter contre l’extrême droite, cela ne peut évidemment pas se limiter à la dénoncer. Notre deuxième responsabilité c’est donc de développer des arguments, de convaincre.
Parce que l’extrême droite se nourrie de l’ignorance. Son discours raciste et la menace que représenteraient les étrangers, tout cela est contredit par les faits, par le travail des chercheurs, les enquêtes des journalistes, notre expérience de terrain.
De ce point de vue, le combat que nous portons tous pour la démocratisation du système scolaire, la démocratisation de l’enseignement supérieur, ce sont des combats indispensable. Former les futures générations c’est leur donner les armes pour résister aux arguments d’autorité, aux préjugés conservateurs et xénophobes.
C’est également à nous de faire ce travail d’éducation, sur le terrain, avec des exemples qui concernent directement les jeunes et les salariés.
Dans l’enseignement supérieur nous avons un cas d’Ecole. La politique migratoire envers les étudiants étrangers. Elle est tellement marquée par la xénophobie qu’elle est non seulement injuste, discriminante, mais elle est même absurde !
On exige des étudiants étrangers d’avoir plus de 7000 euros sur leur compte en banque pour obtenir un visa, vous connaissez beaucoup d’étudiants ou même de salariés français qui ont cette somme ? Moi non.
On oblige les étudiants étrangers à passer 4 à 6 fois par an à la préfecture pour renouveler leur titre de séjour. Multipliant les files d’attente, les aller retour entre l’université qui demande le titre de séjour pour autoriser l’inscription, la préfecture qui demande la carte d’étudiant pour donner des papiers.
On soumet les étudiants étrangers à l’arbitraire. Un préfet, qui n’a aucune compétence pédagogique, peut décider d’expulser un étudiant étrangers, l’empêcher de finir ses études parce qu’il a redoublé une fois ou qu’il s’est réorienté.
Ce système absurde est non seulement intolérable, mais profondément contradictoire avec notre intérêt. En faisant des étudiants étrangers des suspects par nature aux yeux de la loi, on se prive d’une richesse.
1 étudiants sur 10 est étranger, il apporte leurs connaissances et leurs cultures.
Ils représentent 40% des doctorants, une force de travail sous payés, voir pas payé du tout, qui font tourner nos laboratoires.
Ils sont 60% à retourner chez eux et à renforcer les liens internationaux de la France.
Voilà ou nous mènent les idées d’extrême droite, non seulement à stigmatiser, mais également à nous pénaliser nous-même.
Alors nous n’hésitons pas à le rappeler : non les étrangers ne sont pas une menace, oui le discours de l’extrême droite est un mensonge.
Nous ne laisserons pas la société se refermer sur elle même, à régresser à cause de la peur de l’autre !
La dénonciation et l’argumentation sont importantes, mais elles ne sont pas suffisantes. Nos organisations ne peuvent se contenter d’être des citadelles assiégées, qui résistent à l’envahisseur d’extrême droite.
Notre troisième responsabilité c’est donc de mobiliser la société. Nous ne pouvons nous contenter de répondre aux débats posés par Marine Le Pen. Nous devons être offensifs, opposer au projet de l’extrême droite notre projet de société.
C’est bien sur le cas sur le terrain des luttes sociales.
A l’heure où l’extrême droite tente de se faire le porte parole de toute les formes de contestations, nous devons rappeler sans arrêt que les aspiration sociales de la population, c’est nous qui en sommes le relai, c’est nous qui les portons, c’est nous qui les faisons avancer !
Quand les combats des étudiants leur permettent d’arracher 200 millions d’euros pour leurs bourses, d’obtenir l’engagement d’une nouvelle augmentation, tout ça en profonde contradiction avec les orientations politiques du gouvernement. Quelle meilleure preuve que l’extrême droite est un mirage et que ce sont les luttes sociales qui payent ?
Notre capacité à mobiliser les jeunes et les salariés pour faire bouger les lignes politiques, aussi difficile que ce soit, c’est notre meilleur argument contre la résignation, le meilleur outils pour couper l’herbe sous le pied de l’extrême droite et c’est un combat que nous nous devons continuer à mener ensembles.
Cette journée est également l’occasion de réfléchir au prochain cap que nous devons passer, à la prochaine étape de notre lutte contre l’extrême droite.
Il nous faut bien sur poursuivre le rassemblement à toutes les forces sociales. Nous convaincrons les jeunes et les salariés des dangers de l’extrême droite seulement si nous en sommes nous même à la hauteur. Si nous mettons de cotés nos divergences pour construire un front commun.
La prochaine étape c’est également de se donner des combats communs. Des combats offensifs, en positifs, pour faire reculer l’extrême droite.
Si elle cherche partout à créer la division, à stigmatiser, à discriminer, notre combat c’est celui d’avancer vers l’égalité, c’est sur ce mot d’ordre que nous mobiliserons notre camp social.
Il y a temps de chantiers en friches. Discriminations au travail, pendant les études. Politique migratoire injuste.
Nous devons réaffirmer nos valeurs, prouver que les aspirations majoritaires de la société, ce n’est pas la manif pour tous, ce n’est pas le printemps français, mais ce sont nos combats, ceux pour l’égalité !
Pour conclure, notre responsabilité est lourde et les chantiers devant nous sont nombreux. Mais à l’heure ou le Front National risque de devenir le premier parti de France aux prochaines élections européenne, nous devons plus que jamais nous engager dans ce combat.
Vous pouvez compter sur les jeunes pour le mener à vos cotés. Parce que ce qui se joue en ce moment, c’est le visage de la société de demain.
Nous ne resterons pas passif, nous ne laisserons pas l’extrême droite décider de la société dans laquelle nous allons vivre.
Avec notre énergie, dans l’unité, nous ferons tous pour faire reculer l’extrême droite et ses sbires.
Nous défendrons jusqu’au bout la solidarité et l’égalité !