Le discours de politique générale a été prononcé par Gabriel Attal alors que l’ensemble des membres du gouvernement ne sont toujours pas connus. Ainsi, la Fonction publique, le logement, les transports… sont des missions non attribuées depuis trois semaines, au mépris des urgences à traiter dans ces domaines. Quant à l’Éducation nationale, les sports (dont les Jeux olympiques) et la jeunesse, périmètre ministériel déjà intenable, ces sujets sont censés être pris en charge par une ministre qui n’est plus une interlocutrice légitime, ayant perdu tout crédit, en dénigrant ses propres personnels et l’Ecole publique laïque.
Dans son discours, le Premier ministre a confirmé l’orientation dont les nominations ministérielles étaient déjà emblématiques : libéralisation économique et autoritarisme politique.
La gestion du mouvement des agriculteurs et agricultrices est caractéristique d’une méthode qui consiste à ignorer et mépriser les attentes des professions jusqu’à l’éclatement des crises. Sur le long terme, cette méthode abîme la démocratie. Les annonces de ce jour ne disent rien des exigences d’un revenu décent dans le cadre d’un modèle agricole profondément repensé, rompant avec le productivisme intensif et les accords de libre-échange.
Gabriel Attal prétend “favoriser le travail” et envisage en particulier la généralisation du conditionnement du RSA à 15h d’activités, mesure portant une atteinte majeure aux principes de solidarité, de respect de la dignité et de droit à la sécurité matérielle garantis par les textes fondamentaux. En revanche, rien sur l’essentiel : aucune perspective d’indexation des salaires et des pensions sur une inflation pourtant toujours forte, entraînant l’appauvrissement global de la population et l’accroissement des inégalités. La FSU s’inquiète de l’annonce d’une loi Fonction publique allant dans le sens d’une “intégration du mérite à leur salaire” pour les agent·es dès le second semestre 2024, mais aussi d’une nouvelle loi qui dérèglementerait encore davantage tout le droit du travail.
Concernant l’éducation, la FSU acte les annonces de recrutement et de revalorisation des traitements des infirmières scolaires dont elle n’a cessé de porter la nécessité mais qui doivent être la première étape d’un plan de revalorisation poursuivi dans la durée et concernant l’ensemble des personnels sociaux de la Fonction publique et des équipes pluri-professionnelles.
Si le Premier ministre a annoncé se préoccuper de la santé mentale des jeunes, le sujet de la jeunesse a été principalement traité sous un angle autoritaire : la création de « peines d’intérêt éducatif » ou encore le placement en internat sur le modèle de feux les internats d’excellence de la période Sarkozy ne permettent pas de répondre aux besoins sociaux et éducatifs des jeunes.
Pour le reste, l’école a fait l’objet de nouvelles annonces sur un ton quasi martial, déconnectées de ses besoins, en totale contradiction avec les acquis de la recherche, dangereuses pour sa capacité à exercer ses missions d’émancipation de la jeunesse : confirmation de la réforme du lycée professionnel pourtant rejetée par les personnels, confirmation des mesures “choc des savoirs” et du tri social qui en découlerait, généralisation de l’uniforme, du SNU, etc. L’Ecole a, au contraire, besoin de sérénité, de confiance dans ses personnels et d’ambition pour l’ensemble de ses élèves.
Cette absence manifeste de réponse aux enjeux ne fait que renforcer la détermination de la FSU à construire un mouvement d’ensemble pour la défense de notre modèle d’école et, plus largement, de notre modèle social. Elle appelle à faire du 1er février, par la grève, une réponse massive des personnels de l’éducation à ce mépris affiché encore aujourd’hui par le pouvoir et à continuer l’action dans l’éducation comme dans l’ensemble des services publics et du salariat pour imposer d’autres perspectives que ce projet néo-libéral autoritaire.

CPFSUdiscoursATTAL30012024