La FSU dévoilera lundi après-midi, en ouverture de son congrès, un sondage réalisé par l’institut IPSOS, à partir d’un échantillon très représentatif de 1 500 personnes, dont 507 fonctionnaires territoriaux, très peu sondés d’ordinaire. Fédération syndicale des fonctionnaires regroupant des agent-es titulaires et contractuel-les de la Fonction publique de l’Etat et de la Territoriale, la FSU a souhaité interroger leurs aspirations, confirmer ses analyses de terrain, et mettre en lumière le bilan qu’elles et ils tirent du quinquennat d’Emmanuel Macron.
Le résultat est sans appel : déclassement salarial, perte de sens du métier en raison des réformes et de la dégradation des conditions de travail, discours publics stigmatisants…
Les fonctionnaires sont en première ligne dans la crise sanitaire, dans la santé, à l’école, dans la Fonction publique territoriale, ce sont eux qui font tenir la société depuis près de deux ans. Combien de temps vont-ils encore tenir ? Dans une année marquée par d’importantes échéances électorales, la crise que semble traverser la Fonction publique doit être traitée sérieusement par les candidats.
Dès maintenant, nous vous communiquons le diaporama d’IPSOS et une analyse plus détaillée, en précisant qu’il est sous embargo jusqu’à lundi 17 h.
Sans réelle surprise, mais avec force de confirmation des analyses et expressions des organisations syndicales peu écoutées lors du quinquennat, un grand mécontentement en ressort :
- D’une part à propos des effets de la loi de transformation de la fonction publique : 77 % considèrent qu’il est problématique que les représentant-es élu-es des personnels n’aient plus autant d’informations sur l’évolution de leur carrière et les critères appliqués par les employeurs publics pour prendre leurs décisions ;
- D’autre part, par le constat ressenti d’une détérioration tout au long de ces cinq ans de leur pouvoir d’achat et leur charge de travail (56 et 65 %). Il n’y a jamais plus de 21 % des fonctionnaires pour trouver un point positif dans le bilan ! Ils attendent à 74 % de leurs syndicats qu’ils mettent la priorité sur la revendication d’une augmentation générale des salaires (par la hausse du point d’indice) et sur le recrutement (35 %). D’une manière cohérente, ces deux questions représentent les lignes rouges susceptibles de les mobiliser. Au total 85 % des personnels se déclarent prêts à le faire, sur au moins un des sujets proposés (salaires, paritarisme, autorisation des licenciement et précarité). Les enseignant-es et les personnels de l’éducation se révèlent particulièrement mécontents et prêts à se mobiliser.
Le sondage montre aussi un malaise plus global des fonctionnaires. Seulement 60 % d’entre elles et eux souhaitent continuer le métier exercé actuellement. Ce malaise se repère à plusieurs niveaux :
D’abord une crise de sens ! Leurs préoccupations prioritaires sont le service à l’usager (44 %) et la qualité (36 %) alors qu’ils prêtent à leur hiérarchie un accent sur l’efficacité (37 %) mais également dans une moindre mesure sur la rentabilité (priorité attribuée à la hiérarchie 24 % contre 3 % pour les agents). Partagé-es sur les conséquences du développement actuel des outils numériques, les agent-es sont 58 % à regretter leurs effets négatifs sur l’accueil des populations les plus fragiles socialement. Loin d’être passéistes, ils sont 78 % à souhaiter que le service public évolue pour profiter des possibilités offertes par la numérisation. Il s’agit bien dans leur esprit d’un choix de politique publique, comme le montre leur exigence massive (90 %) d’une réorientation des métiers afin de mieux prendre en compte les inégalités territoriales et sociales. Les besoins des entreprises privées, a contrario, sont classés en dernier.
Ensuite un rapport difficile à la société, dans une période de campagne électorale politique ou fleurissent à nouveau les contrevérités sur leur travail ! Les agents signalent le manque de reconnaissance : 66 % des agent-es se sentent désavantagé-es par rapport aux salariés du privé sur ce point. 49 % d’entre elles et eux déclarent avoir déjà subi de la part d’usagers des violences verbales (insultes, menaces…) et 17 % des violences physiques. Les personnels de la Fonction publique hospitalière sont particulièrement visés (respectivement 68 % et 38 % !), et de ce fait sont les plus nombreux à songer à partir. Ces chiffres interrogent la protection des personnels par l’employeur public qui les emploie, visiblement insuffisante, alors que, dans tous les secteurs, les reportages télévisés se multiplient sur les incivilités dont les agent-es publics sont victimes dans l’exercice de leurs fonctions.
Comment expliquer ces relations dégradées avec les usager-es ? Les discours négatifs sont dénoncés en premier (53 %), sentiment qui progresse avec l’ancienneté. Mais les agent-es pointent aussi les défauts de l’accueil fait aux usagers, 43 % évoquent « la fatigue / le découragement des agents ». 28 % des fonctionnaires expliquent aussi la défiance par la perte d’efficacité des services publics. Pour la FSU, ceux-ci sont sous financés, abimés par des réformes d’inspiration néo libérales et managériales. Leur crise ainsi alimentée provoque des incompréhensions chez les usagers. De telles réactions diminuent lorsqu’un rétablissement de la qualité du service rendu est de nouveau rendu possible.
La FSU le réaffirme : il est urgent de rompre ce cercle vicieux de l’affaiblissement des services publics et de la dégradation de la situation faite à leurs agent-es par une politique ambitieuse !
La FSU s’emploiera à porter haut et fort ces exigences pour reconstruire des services publics forts, vecteurs d’égalité et de solidarité, à la hauteur des enjeux du 21eme siècle
Le sondage donne d’autres éclairages, notamment sur les priorités dans la lutte pour l’égalité Femmes/Hommes, leur appréciation du syndicalisme etc.
Retrouvez le sondage ici:
Enquete_Ipsos_FSU_Fonction_publique_Janvier2022