Le programme Évars repose sur trois axes : apprendre à se connaître et grandir sereinement, construire des relations respectueuses, et trouver sa place dans la société comme acteur ou actrice libre et responsable. Inscrite dans les missions de l’École publique, cette éducation vise à donner progressivement aux jeunes les moyens de comprendre le monde, de faire des choix éclairés et d’exercer leur liberté dans le respect de soi et d’autrui. Dans le premier degré, le programme Évar (sans « s ») pose les bases du respect et de l’égalité. Il développe l’empathie, la confiance en soi et la capacité à exprimer ses émotions. Les questions de sexualité ne sont pas directement abordées, mais les enfants apprennent à dire leurs ressentis. « En maternelle, on lit un album et on discute de ce qu’on ressent. Ces moments aident les enfants à dire quand quelque chose ne va pas », explique Élodie, professeure des écoles à Lille. Elle précise qu’elle « fonctionne en cercle de parole et s’appuie sur des livres qui abordent le consentement, l’intimité, les droits des enfants, l’égalité entre les filles et les garçons ». En grandissant, les élèves découvrent les changements du corps (puberté, menstruations, mue). Au collège, les thèmes s’élargissent : anatomie, reproduction, prévention des IST, égalité filles-garçons, consentement, respect, harcèlement, réseaux sociaux. L’objectif est de donner aux adolescentes des repères pour comprendre la complexité des relations humaines. « Quand on aborde le consentement à travers des situations de la vie quotidienne, les élèves comprennent que cela concerne toutes leurs relations », souligne une professeure de SVT dans l’Essonne. Elle ajoute : « L’intérêt des élèves émerge quand nous relions les activités à la question du consentement dans les jeux ou l’image sur les réseaux ». L’Évars devient alors un espace de dialogue, où chacun réfléchit à sa manière d’être en relation, sans jugement. Au lycée, l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle prend une dimension citoyenne et critique. Les élèves, qui veulent comprendre plutôt qu’être sermonnés, sont amenés à analyser les stéréotypes, déconstruire les discriminations et identifier les inégalités véhiculées par les médias. « Lorsqu’on décortique une pub ou un clip, les élèves voient que les clichés de genre sont partout. Cela suscite discussions et débats », raconte une professeure de SES à Marseille. Ces échanges développent le jugement critique, la liberté de pensée et la responsabilité individuelle et collective, essentiels pour construire des relations égalitaires et lutter contre les violences sexistes et sexuelles. Mais cette éducation ne peut reposer sur la seule bonne volonté des équipes éducatives. Elle exige du temps, une formation solide et un travail collectif entre enseignant·es, CPE, personnels de santé et partenaires extérieurs formé·es à ces questions. Car nombre d’enseignant·es se disent démuni·es, manquant de repères, de ressources et de temps dans des emplois du temps déjà contraints. Pour la FSU, il est urgent de mettre en place une véritable politique publique de formation initiale et continue, dotée de moyens humains et financiers.
Article publié dans le numéro 267 de Pour de novembre 2025
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