Fin mars, le rapport de la mission nationale chargée de proposer des propositions de schémas d’organisation territoriale des services déconcentrés de notre ministère remettait le couvert sur la perspective de fusions des académies pour les caler sur les périmètres des nouvelles régions.
La FSU et ses syndicats nationaux n’avaient cependant pas attendu ! Ils n’ont eu de cesse de défendre que les spécificités de notre ministère nécessitent de conserver des périmètres académiques qui tiennent compte de ses particularités, du maillage territorial des établissements et des écoles, des enjeux propres liées à cette proximité du service public et des problématiques d’organisation du système éducatif et de gestion des carrières de ses personnels. Toutes choses que la fusion des académies et le gigantisme remettraient en cause dès lors qu’on approche le sujet avec le souci de la qualité et de l’efficacité du service public d’éducation pour la réussite de toutes et tous et de bonnes conditions de travail tant pour les personnels dans les services que des enseignants dans les établissements et les écoles.
Bref, la FSU a maintenu dans le débat, en permanence, la nécessité de préserver l’éducation nationale du big-bang administratif que certains appellent de leurs vœux depuis la mise en œuvre des grandes régions. D’ailleurs, la preuve n’est pas faite, au contraire, que cette réforme territoriale aboutisse à un meilleur fonctionnement des services publics, à des politiques publiques plus efficaces du point de vue des usagers.
Au milieu de l’été, les ministres de l’éducation et de l’enseignement supérieur ont fait connaître, par voie de presse, leurs arbitrages : il faut fusionner pour aboutir au 1er janvier 2020 à 13 académies en métropole, une par région. Ces méga-académies n’obéiront, dans l’esprit des ministres, à aucun modèle unique d’organisation au nom de l’adaptation à chaque « territoire ». En même temps, il s’agit de « faire de l’académie l’échelon de décision stratégique pour la mise en œuvre de la politique éducative » et de travailler sur le rôle du recteur dans le dialogue de gestion. Des évolutions en perspectives qui ne seront pas sans conséquences sur les services académiques des rectorats, mais également sur les établissements et la gestion des personnels.
La FSU réaffirme son opposition à la fusion des académies.
Celle-ci n’est soutenue par aucun argument d’intérêt général, de renforcement du service public. Les régions académiques sont mises en œuvre depuis à peine deux ans et déjà enterrées au motif que leur fonctionnement serait lourd. En même temps, aucun moyen n’a véritablement été donné, et si peu de réflexions ont été ouvertes pour leur permettre de remplir leur rôle de coordination des politiques publiques d’éducation.
La fusion des académies est donc un choix politique d’alignement des académies sur la carte des régions. Rien d’autre ! Et la question du renforcement du service public d’éducation est cruellement absente : rien n’est dit par exemple sur les inégalités territoriales, ni dans le rapport de l’inspection générale ni dans la communication ministérielle sur le sujet.
Pour la FSU, cette décision est guidée par une approche technocratique de l’organisation de notre ministère. En outre, elle fait peser un risque de régionalisation des politiques éducatives, avec ce que ceci pourrait signifier en termes de renforcement des inégalités. Et surtout cette perspective de fusion des académies ouvre l’opportunité de développer des organisations académiques cherchant à pallier sur le dos du service public et des personnels le manque de moyens induit par l’austérité budgétaire chronique.
Danger pour les services académiques !
Il y a aussi des conséquences prévisibles en termes de réorganisations des services. Les fusions à l’échelle de nouvelles académies sont évidemment à l’ordre du jour des réflexions de chaque recteur de régions que le ministère a commandé. Nul besoin d’être grand clerc pour analyser que des nouvelles suppressions de postes administratifs seront programmées.
Bien sûr, seront sans doute envisagées des mesures d’accompagnement individuel. Promesse est faite qu’il n’y aura pas de mobilité géographique forcée et que l’emploi public sera réparti sur le territoire. Mais sont prévisibles de fortes dégradations des conditions de travail, des pertes d’expertises professionnelles et de connaissances des réalités du terrain, et donc des fonctionnements plus « techno » des services affectant la vie des établissements.
Par ailleurs, l’idée d’un pilotage et d’une « GRH de proximité » renforcés laisse entrevoir pour tous les personnels des logiques managériales d’individualisation accrue dans la gestion des personnels avec l’objectif d’une flexibilisation du travail.
La FSU s’attache dès maintenant à réunir les conditions du rapport de force pour faire échec à cette politique et aux conséquences négatives qu’elle engendrerait pour le service public d’éducation et ses personnels.