Dans son programme présidentiel, Emmanuel Macron faisait d’une loi Fonction publique « permettant de mieux prendre en compte le mérite dans les rémunérations des agents » une priorité du tout début de son quinquennat. Il n’en fut rien, la forte contestation de la réforme des retraites lui fermant tout espace politique pour ouvrir un nouveau front social. Lors de son discours de politique générale, Gabriel Attal a encore repoussé les délais en annonçant que la discussion parlementaire aurait lieu non pas tout de suite mais au second semestre de 2024. Faut-il se réjouir de ce qui semble être une tergiversation ? Certes non, c’est même sans doute le révélateur que ce projet, comme beaucoup d’autres, a un rôle de communication, et que le gouvernement a bien l’intention de « feuilletonner » un discours sur cette réforme avant même de la mettre en place, de continuer à brandir la notion de mérite pour stigmatiser en creux des agentes qui ne seraient pas, en raison du statut, incité·es à travailler correctement aujourd’hui. Qui se penche sérieusement sur la question voit vite que toutes les mesures qui sont déjà allées dans le sens du prétendu « mérite » ont plutôt renforcé la concurrence entre collègues et entre services, au détriment de la qualité du service public que ces mesures étaient censées améliorer. Et qu’à l’inverse, le statut n’est pas le problème, il est la solution, garant d’égalité, d’indépendance des fonctionnaires, de qualité et de capacité d’adaptation du service public. L’augmentation des salaires de tous les personnels, l’amélioration des conditions de travail font partie des réponses qui correspondraient aux besoins, or elles ne sont pas à l’ordre du jour, le gouvernement préférant continuer à détourner le regard par opportunisme, par cynisme, par démagogie. La grève du 1° février a permis de mettre en avant le profond malaise des professions de l’éducation face à cette absence de reconnaissance et le mépris que lui manifeste le pouvoir, la grève féministe du 8 mars et la journée du 19 mars doivent permettre de monter en puissance pour mobiliser toute la fonction publique et toute la population dans cette perspective.