Les organisations de jeunesse UNEF et UNL appellent les étudiants et les lycéens à se mobiliser à l’occasion de la journée interprofessionnelle contre l’austérité le 8 octobre prochain.
L’occasion de faire le point avec William Martinet, Président de l’UNEF


Avec l’UNL, vous appelez, aux côtés des organisations syndicales de salariés, à manifester le 8 octobre contre l’austérité. En quoi les jeunes et les étudiants sont-ils concernés ?

La politique d’austérité du gouvernement frappe l’ensemble de la société, y compris et surtout les jeunes. Le temps de la « priorité jeunesse » et de la sanctuarisation du budget de l’éducation est depuis longtemps derrière nous. La baisse du budget des universités de 100 millions d’euros cette année, combinée à une hausse des effectifs étudiants, dégradent profondément nos conditions d’étude. L’accès des bacheliers à la filières universitaire de leur choix, un droit normalement garantie par le code de l’éducation, n’est plus une réalité par manque de place. En menant notre campagne « SOS inscription » depuis le mois de juillet, nous avons recensé jusqu’à 8000 cas de bacheliers sans affectation. Ce chiffre s’est réduit depuis la rentrée, mais au prix d’inscriptions « par défaut ». Les rectorat ont réorienté les étudiants vers les filières avec des places disponibles. On en arrive à des situation aberrantes où un bachelier qui a fait 5 vœux pour une formation en droit sur le système APB est inscrit dans une filière de sciences humaine sans aucun rapport avec son projet d’étude. Malheureusement, ces inscription « par défaut » réunissent toutes les conditions pour renforcer l’échec universitaire en première année…

Au-delà du financement du service public éducatif, c’est également la question du marché du travail qui motive notre participation à la journée de mobilisation du 8 septembre. Nous sommes une génération mieux qualifié que celle de nos parent et pourtant on nous impose une norme d’emploi plus précaires. L’insertion professionnelle d’une jeune, même diplômé, est un tunnel de précarité qui ne débouche sur un emploi stable qu’à 27 ans en moyenne. Cette question concerne toute la société : depuis 40 ans c’est par la précarisation des nouveaux entrants,donc les jeunes, que c’est faite la précarisation globale du marché du travail. Evidemment, dans ces conditions, quand la réponse politique apportée par le gouvernement est d’avantage de « flexibilité » nous savons très bien que ce sont les jeunes qui en subiront le plus les conséquences. En particulier la mesure de la loi Macron qui permet aux entreprises de renouveler une fois de plus les CDD nous concerne directement : 2/3 des salariés en CDD sont des jeunes !

Vous avez lancé, toujours avec l’UNL, une campagne intitulée « ma salle de cours va craquer ». Quelle est la situation des effectifs dans les universités ?

Ce sont 65 000 étudiants supplémentaires qui sont inscrit à l’université cette année. Il s’agit principalement de l’effet d’un dynamisme démographique. Dans une Europe vieillissante, cela devrait être une opportunité pour notre pays ! Malheureusement l’austérité produit l’effet inverse. Les salles de cours surchargées sont une des conséquences de la pénurie des établissements.Pour mobiliser sur cette question, nous avons donc lancé un Tumblr qui propose aux étudiants d’envoyer eux même des photos de leurs salles de cours surchargées. C’est une façon d’utiliser les réseaux sociaux pour créer du collectif, indigner et préparer la mobilisation.

Les lycéens, qui sont aussi concernés par cette évolution démographique et le manque de moyens pour y répondre, peuvent aussi participer. Il ne faut pas hésiter à leur faire passer le message !

Quelles sont vos autres préoccupations de la rentrée universitaire ?

La question sociale et une autre préoccupation pour la rentrée. Alors que la crise sociale continue d’avancer, plus aucun investissement dans le système de bourse n’est prévu. Nous connaissons les conséquence de cette précarisation : 50% des étudiants travaillent pendant l’année universitaire pour financer leurs études, avec un risque d’échec aux examens plus important. Il est urgent de remettre à plat le système d’aide sociale, pour qu’il ne soit pas simplement un complément de revenu qui concerne 25% des étudiants mais un véritable droit à l’autonomie et à la protection sociale pour tous les jeunes.