Est-il devenu plus difficile de défendre les droits des travailleurs ?
Oui et l’exemple d’Anthony Smith est criant à cet égard. La profession d’inspecteur du travail est attaquée depuis des années. Il n’en reste que 2000 en France. Anthony a été suspendu puis déplacé pour avoir demandé des masques de protection pour les salaries d’une association d’aide a domicile.
Le président du Conseil départemental de la Marne est intervenu. C’est une ingérence du pouvoir politique. Les inspecteurs sont normalement protégés par le droit, remis en cause ici par l’Inspection du travail. Anthony a écopé aussi, le gouvernement voulant cacher à cette époque son incapacité à fournir des masques.
Est-ce plus complique de faire respecter les droits pour les femmes ?
Oui. Les femmes sont souvent des salariées précaires, très mal rémunérées. Des métiers pourtant essentiels en particulier pendant la crise qui mériteraient d’être reconnus. Ici, elles avaient saisi l’inspecteur sur leurs conditions de travail. Il a répondu à un droit d’alerte et n’a rien à se reprocher.
Le dossier est vide. En fait, on assiste dans sa situation a un processus de dessaisissement d’un inspecteur du travail.
Quelles conséquences cette mesure disciplinaire a-t-elle pour Anthony Smith ?
C’est dur pour lui ! Même s’il est un militant politique et syndical aguerri, c’est difficile de supporter d’être attaque comme il l’est sur son action professionnelle. Sa mutation d’office a 200 kilomètres de chez lui à des conséquences sur sa vie familiale. Mais il est très entouré. Un recours au tribunal administratif est en cours. On ne lâchera rien !
Interview issue de la revue POUR n°226, septembre2020; à lire ici!