Quel plaisir d’ouvrir un congrès de la fsu, surtout avec ce superbe accueil de la part de la section départementale du 35, quelle émotion aussi car ce sera pour moi la dernière fois en tant que secrétaire général et je veux d’emblée vous remercier pour la confiance que vous m’avez accordée, et puisqu’un congrès est un temps fort militant d’une organisation, je veux absolument vous dire que je suis très fier d’avoir porté et de porter ce drapeau-là, parce que la FSU est cette belle organisation, dont nous devons prendre soin, elle nous permet de nous battre ensemble et œuvrer à des jours meilleurs.
Je voudrais, avant de commencer le complément au rapport d’activité, évoquer la mémoire de ceux qui nous ont quittés pendant la mandature, dans un ordre aléatoire je voudrais rendre hommage ici à Olivier Lelarge décédé l’été qui a suivi le congrès de Metz et à qui nous devons beaucoup notamment pour la vigueur de nos luttes syndicales pour l’égalité des droits et contre les LGBTIphobies, Nicole Geneix, figure historique de notre syndicalisme, femme déterminée, secrétaire générale du SNUIPP et donc aussi personnalité majeure de la FSU à sa fondation puisqu’elle a contribué à faire que le SNUIPP devienne très rapidement la première force dans le 1° degré, Frédérique Lalys, militante active du SNES et de la FSU ici même à Rennes, active c’est peu de le dire que ce soit sur la défense des personnels notamment sur la formation, sur l’égalité femmes-hommes, sur tous les combats féministes, ou encore les combats pour la paix dont elle était une militante déterminée ; nous avons perdu également Marcel BERGE, ancien secrétaire général du SNEP et Pierrot Delacroix, secrétaire national secteur Sport et Corpo, Jean-philippe Legois, SNASUB, Roland Michel animateur de la tendance Front Unique, Alfred Sorel animateur de la tendance Unité et Action, Marie-France Le Marec, militante du SNESUP, investie dans la SD 44 puis à la SFRN au titre de l’Ecole Emancipée, Yannick Ledu, secrétaire départemental SNUIPP et FSU du Rhône, Marc Le Disert militant du SNUIPP et qui avait en particulier accepté la responsabilité du secrétariat général de la FGR, Raph Szajnfeld, un des fondateurs de la FSU et à qui l’institut rendra un hommage complet à la hauteur de ce que lui doit la FSU, Michel Gonnet ancien SG du SNPI devenu SUI, et enfin deux militants très récemment décédés, Olivier Buffard, militant du SNUTER et qui venait d’arriver au siège de la FSU pour y assurer des tâches d’orga, sa discrétion sa gentillesse nous ont marqué et sa disparition nous a bouleversé, et enfin la figure si singulière de Guy Tresallet lui aussi sa disparition nous a bouleversé, il a en particulier œuvré à la création du SNUEP, puis a été secrétaire départemental de la FSU 93 puis de la FSU Ile de France, en particulier à l’orga des manifs à Paris, militant également de la cause palestinienne et sur tant d’autres sujets, il va beaucoup nous manquer.
Je commencerai évidemment ce complément au rapport d’activité, qui est aussi l’occasion de donner quelques grands enjeux du congrès, par une note de gravité, ce n’est pas de la fausse solennité ou de la grandiloquence à peu de frais que de dire que l’heure est grave, dans une situation où la fuite en avant libérale et la régression fasciste s’alimentent l’une l’autre, gravité devant la mise en place d’une internationale réactionnaire Trump, Milei, Méloni, Orban, une oligarchie qui non seulement étend son emprise mais qui en plus veut que cela se sache, tient à ce que l’on voit qu’elle ne respectera rien ni personne, du salut fasciste du milliardaire Elon Musk au chantage à la délocalisation du milliardaire Bernard Arnaud, c’est un très mauvais scénario qui se met en place.
Dans ce contexte, je veux d’emblée pointer qu’il est frappant de voir à quel point une des formes de la régression fasciste dans le monde est aujourd’hui aussi la haine des fonctionnaires, la haine des Services publics en tant que dépense publique, ce qui d’ailleurs permet les ponts avec les libéraux, mais aussi la haine de ce que les fonctionnaires incarnent fondamentalement, cette attention à l’autre, ce souci de faire société, cette indépendance, on pense à la tronçonneuse de Milei mais il y a beaucoup d’autres exemples, il y a derrière tout cela la haine de ce qui fait du commun, au profit non plus seulement de l’individualisme mais aussi au profit de la loi du plus fort, de la dureté de la société. Et c’est pour ça que nos combats prennent un relief tout particulier, c’est pour ça par exemple qu’une goutte d’eau comme le fait de faire plier le gouvernement sur les 3 jours de carence, sur les postes, sur un certain nombre de dispositions du choc des savoir est particulièrement important. Oui, quand on met en mouvement les agents publics, quand on leur donne un cadre de mobilisation comme nous l’avons fait le 5 décembre dernier pour contrer les mensonges, la démagogie anti fonctionnaires et la brutalité d’un Kasbarian qui s’était allié pour l’occasion avec l’extrême droite, on lutte aussi, à notre manière, contre la régression fasciste. Tout comme quand on lutte contre le choc des savoirs dans l’éducation, et la période récente a vu un énième renoncement à ce dispositif à travers l’abandon du DNB (diplôme national du brevet) barrage à l’entrée au lycée, là aussi ce type de victoire faire du bien et doit nous confirmer dans l’idée que c’est l’ensemble du choc des savoirs qui doit être désormais abandonné, de même qu’il faut revenir sur les réformes récentes en particulier la réforme du lycée professionnel. Nous devons également continuer à nous battre pour que le SNU (service national universel) soit définitivement abandonné, là aussi nos mobilisations ont largement pesé pour que ce dispositif coûteux, inutile et dangereux pour notre jeunesse soit pour le moment en sursis, et souhaitons-le abandonné complètement.
Dans la dernière période, la FSU a également été un moteur pour relancer un cadre de mobilisation pour que la remise à plat d’un système où l’Etat et la puissance publique finance sa propre concurrence avec l’école privée, qui sert bien souvent à maintenir un entre soi social : cette plateforme qui rassemble le camp laïque très largement est aussi un motif de fierté de cette période, car il faut que cette question s’impose dans le débat public : non au financement public de l’école privée, et je sais que je le dis ici en Bretagne où ce combat constitue quasiment une identité de la FSU, une FSU Bretagne fer de lance de la défense de l’école publique, seule école de la République, c’est un enjeu de société majeur si là aussi on croit dans la vertu émancipatrice, libératrice de l’école et dans sa capacité à construire du commun.
Et bien sûr, dans ce contexte délétère, un autre élément majeur de notre responsabilité est de ne pas laisser se développer les discours de haine et de division. Quelle indignité de décrire la réalité actuelle, comme l’a fait le Premier ministre, comme une submersion, de laisser entendre qu’il y aurait dans notre pays des envahisseurs, dans notre société des ennemis de l’intérieur, on sait trop ce que ces discours produisent de renforcement du racisme et de la discrimination. Nous voyons en France se déployer un discours et une politique anti immigrés, nous voyons reprendre la chasse aux sans-papiers et à leurs enfants, jusque dans un collège à Metz, situation que nous avons bien entendu dénoncé. Les migrants, qui ont quitté leur pays et risqué leur vie, condamnés bien souvent ici à l’invisibilité et à l’exploitation, seraient les responsables des maux de notre société ? La FSU s’honore à l’inverse, de participer à tous les cadres collectifs qui se battent pour les droits de tous les travailleurs, elle était encore présente à la manifestation du 18 décembre dernier et continue notamment à s’investir dans le collectif qui s’est monté contre la loi Darmanin il y a un an.
Nous avons aussi contribué à construire un cadre intersyndical à huit contre les discriminations qui devrait aboutir tout prochainement à des actions, avec une conférence de presse de lancement le 21 mars.
Il y a beaucoup de cadres collectifs et d’actions qui se mènent et dans lesquelles la FSU est impliquée, ce n’est définitivement pas possible de laisser prospérer les idées de haine et de division du corps social. Et ce n’est définitivement pas possible de donner des brevets de respectabilité à une extrême droite qui n’a changé que dans quelques formes, mais pas sur l’essentiel, elle se fait aujourd’hui comme elle se faisait hier, le réceptacle et l’amplificateur des haines racistes.
De même nous avons continué et devons continuer à le faire, à construire tous les cadres de lutte contre l’extrême droite, notamment VISA (vigilance et initiatives syndicales antifascistes), un cadre collectif, et 1001 territoires contre l’extrême droite qui a l’avantage de mettre en mouvement le monde de l’éducation avec par exemple la ligue de l’enseignement,
Et puis grâce à nos syndicats, en particulier du ministère de la justice, nous menons aussi la bagarre pour que l’éducatif prime sur le répressif, c’est un combat de longue haleine qui là aussi dessine un tout autre projet de société que celle ultra sécuritaire qui ne faire que nous enfermer dans une spirale de violence et de malheurs sociaux. Les ministères de Darmanin à la justice et Retailleau à l’intérieur nous font craindre le pire sur une surenchère sécuritaire qui n’aurait plus de limite, nous avons été de tous les combats pour défendre nos droits et nos libertés.
Je voudrais dire aussi la centralité de l’engagement féministe dans une telle période, cet engagement féministe a irrigué et doit continuer à le faire l’ensemble des actions de la FSU, l’ensemble de nos positionnements et actions. Il reste beaucoup à faire pour que la FSU, le mouvement syndical, les organisations en général soient pleinement et entièrement féministes, et on doit les avancées dans ce domaine aux camarades féministes qui se sont battues inlassablement pour cela et qui ont bien fait de le faire car c’est une question pleinement syndicale, pleinement sociale car pour changer la société, changer les rapports de domination, il faut aussi lutter contre le patriarcat et son monde, le secteur droit des femmes fera une intervention à cette tribune pour ouvrir le congrès, donc pour le dire rapidement, bien entendu nous avons continué toutes nos interventions pour l’égalité professionnelle à tous niveaux, contre les VSS, le procès de Mazan a été un moment fort de prise de conscience qui ne doit pas retomber et qui doit nous permettre d’en finir avec la culture du viol, nous avons bien sûr été de toutes les actions à l’occasion du 25 novembre, par ailleurs nous nous attelons à préparer un 8 mars fort cette année encore. Et sur cette question de l’égalité, nous devons être encore plus forts sur la dénonciation de la ségrégation professionnelle, je voudrais donc juste mettre un focus en deux mots sur la nécessaire défense, par les syndicats de la FSU, des AESH, une profession que nous devons vraiment continuer de porter vers le statut dans un premier temps et vers la reconnaissance en général, tant cette profession est emblématique du mépris de notre société pour les métiers les plus féminisés, celles qui s’occupent de ce lien social pourtant essentiel, et emblématique aussi de la relégation dans lequel notre société continue de cantonner les plus fragiles, ici les élèves en situation de handicap.
Je voudrais dire aussi à quel point nous sommes fières et fiers de porter les combats contre les LGBTIphobies, là aussi c’est une activité qui concerne directement un syndicat de transformation sociale, contre les discriminations au travail, dans la société, pour agir sur les représentations et en particulier à l’école, là aussi notre implication dans le collectif éducation contre l’homophobie a été suivie. Et on peut voir aussi ce que font les réactionnaires contre les personnes LGBT, on pense là encore aux discours et à la politique de Trump.
Sur tous ces sujets, je voudrais aussi mettre en relief une action toute particulière qui a été menée pour les programmes de l’EVARS qui, là aussi, a vu le jour grâce à notre opiniâtreté, notamment lors de la dernière séance du CSE où le travail fédéral a payé, 50 amendements ont été défendus pied à pied par les camarades de la fsu, 29 ont été retenus, ce qui a permis d’enrichir et d’améliorer un texte qui a pu être voté très largmement. C’est cela aussi, faire reculer l’extrême droite, faire reculer les menées réactionnaires de la droite et de l’extrême droite contre le programme EVARS.
Les enjeux écologiques sont majeurs, ils engagent rien de moins que l’avenir de l’humanité. Ils interrogent des aspects strictement syndicaux : comment on produit, dans quel but, avec quelles qualifications. Là aussi la FSU est au cœur de ces enjeux. Nous avons beaucoup travaillé avec la Confédération paysanne, grâce en particulier à nos syndicats implantés au ministère de l’agriculture, SNETAP et SNUITAM. C’est aussi le sens de notre investissement dans l’AES, alliance écologique et sociale, à qui nous pouvons dans ce congrès redonner une ambition forte de lier la question sociale et la question écologique, il y a urgence, nous l’avons fait en particulier sur la défense du frêt ferrovaire, qui est là une lutte qui a trouvé quelques aboutissements, très insuffisants eux aussi mais assez pour nous donner l’envie de continuer, et nous avons aussi suivi, grâce aux camardes des départements concernés, à savoir la Haute-Garonne et le Tarn, participé de la mobilisation contre l’A 69, enfin je citerai aussi la préparation d’actions pour exiger la rénovation des écoles, nous aurons l’occasion de revenir sur tous ces sujets mercredi avec l’expression à cette tribune de Jean-François Julliard, Julien Troccaz et Cécile Duflot. ET c’est évidemment aussi l’occasion de marquer le soutien plein et entier aux agents de l’OFB, en grève la semaine dernière et en lutte eux aussi pour défendre leurs métiers attaqués de manière démagogique et scandaleuse par le Premier Ministre qui se fait le relais du lobby agro industriel.
Un mot sur la situation internationale qui est également marquée par la guerre, la FSU a réaffirmé tous ses engagements internationalistes, du soutien aux populations face au régime obscurantiste en Iran à celui aux ukrainiens confrontés au despote Poutine. L’ engagement historique aux côtés du peuple palestinien s’est traduit par une participation au cadre du collectif pour une paix juste et durable, avec notamment plusieurs manifestations les samedis, ce soutien à la populaiton de gaza en particulier mais aussi à la cisjordanie, et on a vu aussi dans la période récente les implications que cela avait pour les libanais qui ont eux aussi subi la guerre, et pour l’ensemble des peuples de la région, notre soutien à la lutte des peuples pour leur émancipation est indéfectible, et pour en témoigner un camarade palestinien viendra s’exprimer à cette tribune, cet engagement nous l’avons toujours eu pour dénoncer une situation coloniale et dans le sens de la recherche d’une paix juste et durable entre palestiniens et israéliens.
Dans la période, la FSU a poursuivi tous ses engagements internationaux, dont, pour les syndicats de la fsu, celui de l’internationale de l’éducation et sa déclinaison européenne, celui aussi de la coopération francophone dans le CSFEF, et celui qui est nouveau pour la fédération, dans la fédération syndicale européenne des services publics, EPSU en anglais, c’est un champ nouveau et utile de son activité syndicale, Françoise Geng sa présidente viendra ici dire un mot sur quelques enjeux de ce travail là.
Globalement, la période que nous venons de traverser a été une période où nous ne nous sommes départis d’aucune tâche, où nous n’avons jamais baissé les bras, et où notre action a eu des effets.
Et c’est donc aussi, en ce début de congrès, en plus de la gravité nécessaire, la note d’espoir : les syndicats sont un rempart, un contre pouvoir, les 6 derniers mois d’activité de la FSU se sont inscrits dans la continuité de cet attachement constant à favoriser l’unité syndicale et avec toutes les forces disponibles, associatives en particulier, politiques également, sans rien lâcher en termes d’ambition de nos revendications, sans rien s’interdire et notamment en participant au débat public, en continuant de soutenir un programme et une dynamique qui s’est incarnée dans le NFP, tout en conservant strictement notre indépendance. Un des enjeux de ce congrès est de creuser cette question du lien avec le politique, et surtout de ce qu’on entend par démocratie sociale, quel rôle de ce qu’on appelle plus largement la société civile, je suis convaincu que c’est une des clés dans la lutte contre l’extrême droite, il faut « refaire société » et redonner espoir, nous avons un rôle majeur à tenir.
Et bien sûr, nous avons continué dans la période précédente à porter une toute autre politique pour les services publics, en particulier sur la question des salaires, le combat du point d’indice doit continuer, nous avons dénoncé fermement la baisse du taux de remplacement de la rémunération à 90% en cas de congé maladie, sur celle des conditions de travail, des réformes, du niveau des pensions. Le fait d’avoir obtenu que 4000 postes ne soient pas supprimés à l’Educ et 500 à France Travail est là aussi à mettre à l’actif de nos luttes, et là encore nous ne nous en contenterons pas tant les besoins du service public sont immenses, mais c’est un point d’appui pour continuer nos combats. ET nous ne sommes pas d’accord avec l’argument de la nécessaire stabilité, qui n’est rien d’autre que la sempiternelle justification des mêmes politiques. Non il ne faut pas de stabilité dans les politiques régressives, notre pays peut et doit financer une toute autre politique.
Et puis il y a, dans le paysage, la question majeure des retraites qui a marqué la période récente, mais en fait tout le mandat depuis Metz et même avant. Cette question des retraites est sans doute l’illustration au moins d’une chose : le fait qu’on ne peut tout simplement pas dissoudre le peuple ! La Macronie aimerait bien, mais on ne peut pas faire fi d’un mouvement social puissant qui a exprimé des choses qui venaient des profondeurs du monde du travail, on peut pas « tourner la page » et nous raconter qu’il n’y a pas d’autre solution que le maintien voire l’aggravation de la réforme quand c’est une exigence de la population et que nous avons fait la démonstration que les alternatives existent. Nous avons dénoncé le fait que la FSU n’ait pas été invitée à la première réunion ayant rouvert la porte sur les retraites, non pas que nous faisions confiance a priori à ce cadre, comment faire confiance à un cadre baptisé « conclave », mais parce que cette porte entrebaillée doit être l’occasion pour toute l’intersyndicale de porter ses sujets, de continuer à intervenir pour obtenir l’abrogation de la réforme de 2023 et pour obtenir de meilleurs droits à retraite, nous nous sommes attelés en tous cas, dans toutes les interventions de la FSU, à faire en sorte que ce sujet reste un sujet majeur, et nous ne lacherons pas là-dessus, il ne va de la vie de millions de travailleurs, le vol d’années de vie pourtant issues de droits acquis pendant sa vie au travail est insupportable, le monde du travail n’a pas dit son dernier mot sur cette question.
De la même manière, nous avons agi mais devons agir beaucoup plus dans le contexte de mise en place de la PSC dans la fonction publique pour mettre et remettre dans le débat public le 100 % sécurité sociale. Ce sera un des objets du débat de ce congrès que de voir comment nous analysons la situation actuelle et ce que nous en tirons comme conclusion en termes de stratégie syndicale, mais une chose est certaine : la situation actuelle est lourde de dangers, et nous l’avons analysée comme telle, avec la destruction bout à bout de la Sécu et la mise en marché d’une partie de plus en plus importante de la protection sociale des agents après avoir mis en marché celle des salariés du secteur privé avec l’ANI de 2013, cela menace directement les solidarités, il faut se mettre en ordre de marche pour contrer cette logique.
C’est l’ensemble de la politique menée par ce pouvoir que nous avons continué à dénoncer. Pendant 7 ans, ceux qui étaient déjà les plus riches se sont gavés, le bilan de ce qui a été appelé la politique de l’offre est terrifiant : une planète que nous continuons de saccager et de livrer aux appétits d’un capitalisme de plus en plus destructeur, des services publics exsangues, parfois au bord de l’effondrement, une dette et un déficit budgétaire colossaux car on s’est privé de recettes fiscales et de cotisations, la désespérance sociale qui résulte des politiques menées alimentant une extrême droite dont le discours est toujours plus pesant. Il faut d’urgence se redonner des marges de manœuvre, l’argent existe pour ré investir sur l’avenir, c’est un choix politique, cela a été l’objet des campagnes FSU que nous avons menées tout au long du débat budgétaire toujours en cours et notamment la campagne sur les recettes fiscales.
Toute cette situation appelle à travailler en intersyndicale ET à unir le syndicalisme de transformation sociale, deux tâches auxquelles nous nous sommes attelés de concert. La réflexion à mener pour créer un nouvel outil syndical a rencontré un écho auprès de la CGT qui, comme nous, veut trouver les voies d’une unité plus forte et dynamisante, c’est-à-dire que cela nous renforce les uns et les autres, nous avons en commun de vouloir cela, ce qui ne nous fait en rien abandonner la perspective de nous adresser à toutes les forces qui pourraient être intéressées, en particulier Solidaires. Là aussi, le congrès de la FSU doit réfléchir à la manière dont nous continuons dans cette dynamique, ce sera l’occasion de préciser un certain nombre d’éléments, les débats du thème 4 et les interventions de jeudi seront riches d’enseignement, ce sera un des enjeux majeurs de notre congrès.
Pour terminer, et la FSU dans tout ça ?
Bien sûr, elle n’est pas parfaite, loin de là, ses syndicats n’ont, comme tous les syndicats français, pas assez de syndiqués, il n’y a pas de sections FSU dans tous les lieux de travail où nous souhaiterions qu’il y en ait, elle n’est pas parfaite que ce soit dans son fonctionnement ou dans ses prises de position et nous sommes là pour en débattre. Mais ce que la FSU pose en termes de fabrication de synthèses pour entraîner l’adhésion de tous parce que le positionnement aura été discuté, partagé, donc ce qu’elle pose en termes de volonté de rassembler là où les divisions sont parfois la solution de facilité, ce qu’elle pose aussi en termes de pratiques syndicales qui consiste à ne jamais se départir d’aucune besogne syndicale, en étant au plus proche des préoccupations des collègues, attentive à construire avec elles et eux plutôt qu’à s’en tenir à un syndicalisme délégataire, attentive à toujours faire les liens avec l’intérêt général, attentive à lier revendications et propositions, pour tout cela la FSU est, je crois, reconnue . Et donc à la question comment va-t-elle en ouverture de son 11è congrès ? Elle est une fédération très identifiée dans l’éducation, hégémonique même dans certains de ses secteurs, et c’est une très bonne chose car elle a su maintenir cette position sans jamais en rabattre sur son caractère combattif et sans jamais non plus que cela nuise à son côté rassembleur, c’est plutôt l’éducation au sens large que la FSU incarne, c’est ce qui lui permet de porter haut toutes les valeurs du service public dont on voit bien aujourd’hui qu’elles peuvent avoir un effet entraînant : en plus du ministère de l’éducation nationale, la FSU est majoritaire à l’agriculture, aux affaires étrangères depuis les dernières élections professionnelles, première organisation des agents publics de France Travail, première dans la plupart des corps d’enseignement et de recherche du supérieur et forte aussi dans tout le ministère de l’Enseignement et de la Recherche, à la Culture, à la Transition Ecologique, au ministère du Travail, à Jeunesse et Sports, à la PJJ, dans l’administration pénitentiaire, et, également depuis les dernières élections professionnelles, représentative dans le versant territorial de la FP où elle est une fédération de plus en plus identifiée, on le doit à l’incroyable investissement des camarades des syndicats nationaux, et mention spéciale à celles et ceux de la FSU territoriale qui ont arraché cette représentativité, là aussi, la dynamique fsu est palpable !
Faisons vivre cette dynamique FSU, passons un bon congrès, riche de débats, de confrontations et de recherche des synthèses pour avancer, c’est tout cela que j’ai trouvé à la fsu et pour cela encore un grand merci de m’avoir fait confiance, le syndicalisme a des responsabilités immenses, je suis persuadé qu’il peut redonner de l’espoir.
Je voudrais finir en évoquant un autre territoire où la fsu est particulièrement active et j’en félicite les camarades, c’est Mayotte. Ce congrès intervient quelques semaines après un drame terrible subi par nos camarades de Mayotte chers à notre cœur. C’est donc d’une part l’occasion de leur témoigner de notre solidarité indéfectible, sincère, et d’autre part, d’analyser la crise qui a secoué Mayotte car elle est un condensé des crises du moment. La gestion de la crise particulièrement chaotique a suscité des réactions fortes et nos camarades de Mayotte sont aujourd’hui en lutte, c’est pour cela que je voudrais qu’on leur fasse une place particulière dès ce discours d’ouverture et que je les appelle à venir à cette tribune pour que nous leur témoignons de toute notre solidarité.