Avec la fin de ce congrès s’ouvre un nouveau chapitre de l’histoire de la FSU. Les enjeux sont immenses pour les agent.es publics, actif.ves comme retraité.es, pour les services publics et pour leurs usager.es. Notre responsabilité est grande. Je vous remercie sincèrement de la confiance que vous me témoignez en me confiant ce rôle important pour la mise en œuvre collective de la nouvelle feuille de route que nous venons de nous donner.

Chacun sait que je viens de la SD13 (ce qui en soi est déjà tout un programme…), et aussi peut être que j’enseigne la philosophie dans les quartiers nord de Marseille.

Venir d’une SD, c’est être peu familière des appareils nationaux en général. Cela supposera un apprentissage, sans doute des maladresses et quelques malentendus. Je vous demanderai donc un peu de patience, je pense notamment à cette première année qui vient, au cours de laquelle il me faudra encore découvrir et comprendre avant d’être pleinement efficace.

Je souhaite le dire ouvertement devant vous, au moment de m’engager : mon engagement est entier, je mesure la responsabilité que vous me confiez, je l’endosse et je m’y consacrerai pleinement. Mais je le ferai avec ce que je suis, une femme avec une famille, des enfants dont même les plus grands ont encore besoin d’elle et dont la dernière est encore au collège, avec une partie de vie laissée à Marseille aussi, et donc avec sans doute un peu moins de temps et de disponibilité que celles et ceux qui m’ont précédé.

Venir d’une SD, c’est se confronter en permanence à la diversité au sein de notre fédération. On est formé dans son SN, c’est un attachement très fort, mais le travail fédéral permet de découvrir d’autres pratiques, d’autres problématiques. Vus d’une SD, les syndicats de la fédération, ce sont d’abord des camarades qui font d’autres métiers : agents des parc nationaux, ou de la collecte des déchets, cuisiniers, OP, jardiniers, ATSEM, travailleurs sociaux, éducateurs.trices, et bien sûr PLP, PE, assistantes sociales, AESH, infirmières… C’est cette expérience que j’emporte, avec le visage de toutes et tous ces camarades, auprès de qui j’ai tellement appris, pour défendre l’idée que la fonction publique ce sont d’abord des personnes qui font bien leur métier au service de la population.

Venir d’une SD c’est aussi s’efforcer de faire vivre le pluralisme sur le terrain. Le pluralisme à la FSU, ce n’est pas seulement la pluralité, c’est la nécessité de respecter sincèrement les points de vues, d’affronter les contradictions, de pousser les débats au fond pour que chacun.e soit respecté.e dans ce qu’il ou elle porte, et que ce qui en sort ne soit pas une louche d’eau tiède, pas des formules creuses, mais une pensée et une volonté nouvelles.

Quand on vit dans une SD, rassembler la FSU, c’est d’abord rassembler des personnes au sein des équipes militantes, pour qu’elles agissent ensemble, concrètement et efficacement, et qu’elles y trouvent du plaisir.

J’en tire la conviction qu’il faut prendre soin de nos divergences, parce que c’est d’elles que vient notre force.

Dans ce discours j’aurais aimé pouvoir ouvrir largement des horizons, nourrir de confiance et de détermination les forces des militant.es que vous êtes, et vous renvoyer chez vous pleins d’espoir.

Comment faire cela dans le contexte international ? Avec l’ascension des pouvoirs autoritaires, réactionnaires et menaçants, dont la proximité avec des formes de néofascisme n’échappe à personne, avec la guerre installée sur le sol européen et au Moyen Orient et avec l’affaissement profond du droit international ?

Comment faire cela quand Trump imagine une Riviera à Gaza !

Comment faire cela avec un développement de l’IA sans aucune régulation, avec la mainmise des milliardaires néo fascistes sur l’information, et avec la contestation permanente de la recherche scientifique ?

Comment faire cela avec les catastrophes naturelles, les mégafeux, les cyclones, les inondations – et en cette fin de congrès nos pensées vont à nouveau aux camarades de Mayotte et à la population qui va devoir faire face à la reconstruction.

Mais comment faire cela dans le contexte national ?  Avec les différents avatars du gouvernement qui se sont eux-mêmes placés sous la pression de l’extrême droite, qui se sont installés dans un usage brutal de la constitution, et qui réaffirment sans cesse le choix de l’austérité budgétaire, de la baisse du coût du travail et de la dépense sociale.

Comment faire cela sans être naïfs et romantiques, mais avec clairvoyance et détermination ?

Vous allez peut-être trouver que c’est un peu trop posé, que ça manque de souffle, mais il m’a semblé que cela pouvait se faire modestement, en réaffirmant tranquillement ce qui nous fait agir et militer, ce qui nous fait nous battre, en nous disant que nous allons le faire, simplement parce que c’est ce que nous savons faire de mieux : nous tenir au milieu de nos collègues pour les défendre, nous tenir aux côtés de la population – et notamment des plus fragiles – pour défendre les services publics et l’intérêt général, rassembler, organiser les combats, résister et faire face.

Notre combat contre la réforme des retraites en 2023 n’a pas permis l’abrogation que nous continuons de demander. Mais il pèse aujourd’hui encore dans la situation politique, «  la poutre travaille encore » comme l’a écrit Benoit dans son dernier Edito, prouvant que les rapport de force que nous pouvons construire ont aussi un effet dans la durée, que ce n’est jamais tout ou rien. Début janvier, une porte s’est entrouverte. Elle est plus qu’étroite, piégée, et elle peut très vite se refermer. Pourtant nous allons mettre le pied dans cette porte et l’élargir : nous allons remettre la réforme des retraites sur le devant de la scène, informer, décrypter, démonter les mensonges du gouvernement, parler à nos collègues, et aller le plus loin que nous pourrons dans la défense des pensions comme salaire continué, du maintien de la parité de niveau de vie entre actifs et retraité.es, et de la solidarité intergénérationnelle.

Il n’est pas envisageable qu’un conclave parle des retraites des fonctionnaires sans entendre la FSU ! Il est encore moins acceptable qu’il parle des retraites du privé dans le dos des fonctionnaires ! Pour cela il nous faut élever le rapport de force, et c’est ce que la FSU va continuer de porter dans l’intersyndicale interprofessionnelle.

Nous allons aussi reprendre le travail d’information et de mobilisation pour défendre la Sécurité Sociale. Sur la protection sociale complémentaire, nous avons signé un accord  défensif, et nous l’avons fait en responsabilité. Ce qu’il faut aujourd’hui c’est porter les alternatives, sortir des logiques marchandes, le 100 % Sécu n’est pas un slogan, mais une idée d’avenir. Le 100 % sécu, c’est le dépassement de la protection sociale complémentaire dans une logique universelle et solidaire. L’année 2025 doit être l’année de la Sécu à la FSU, avec une dynamique qui permette de faire des 80 ans non pas une commémoration mais le début d’une reconquête.

La grève du 5 décembre dernier, dans la fonction publique nous a toutes et tous frappé.es par sa force. Même le ministre a été contraint de le reconnaître devant l’Assemblée. Elle a permis de parer certains mauvais coups, dont les 2 jours de carence supplémentaires et le décalage de la revalorisation des pensions. Elle a enfoncé le clou sur le choc des savoirs et les 4000 postes dans l’éducation, ainsi que les 500 ETP à France Travail. Ce n’est pas rien, cela ne se serait pas passé sans notre appel unitaire à la grève.

Mais beaucoup reste à défendre, et surtout beaucoup à gagner. L’effort demandé aux collectivités territoriales est intenable. Les 90 % de la rémunération représentent une ponction trois fois supérieure aux 2 jours de carence. Et le décrochage salarial ne peut pas durer. Après l’année blanche de 2024, nous devons imposer la revalorisation du point d’indice de 20 % et les 80 points supplémentaires (!), la reconstruction des carrières, l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, la sortie de la précarité. Nous appelons les agent.es de la fonction publique, titulaires et contractuels, à se tenir informés, nous les appelons à se syndiquer massivement, à se tenir prêts à l’action, et à nous rejoindre pour se préparer au bras de fer qui ne manquera pas de nous opposer aux forces libérales. Face au budget d’austérité, arraché par 49.3, préparons-nous à défendre les services publics ! Ils sont la réponse d’avenir aux maux de nos société, ils sont la réponse à la peur, au repli, à la division : défendons-les, et développons-les.

La FSU rassemble des métiers qui sont quasiment tous en lien avec la jeunesse. C’est une part importante de ce qui nous définit. A cette jeunesse en plein désarroi, malmenée dans un système éducatif exsangue, à cette jeunesse inquiète de son avenir, à cette jeunesse qui réinvente la société, bouleverse les rapports sociaux, nous devons ouvrir des perspectives. A cette jeunesse qui est aujourd’hui en danger, nous devons un autre système éducatif, exigeant et juste, renouant avec la démocratisation, et l’ambition d’éduquer les femmes et les hommes, de former les citoyens et les citoyennes et de qualifier les travailleur.es. A cette jeunesse, nous devons des réponses éducatives et non répressives, nous devons l’accès à la santé, à l’emploi, à la culture, la sécurité, la justice et la paix.

C’est cet esprit de la jeunesse que nous voulons insuffler à nos combats : face à la catastrophe écologique, face à la montée du fascisme et des forces de prédation, la jeunesse ne renonce pas, elle cherche à tracer une route, à garder l’espoir.

Je veux parler ici d’une affaire existentielle, profondément politique et sociale, qui doit nous unir toutes et tous : c’est la volonté d’instaurer l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, en commençant par l’égalité salariale et l’égalité des métiers :   aujourd’hui nous disons « à travail de valeur égale, salaire égal », pour en finir avec la précarisation et la faiblesse de la rémunération des métiers les plus féminisés, ces métiers du soin et du lien qui tiennent la société.

C’est aussi la volonté d’éradiquer les violences sexistes et sexuelles, y compris en notre sein, d’en finir avec la culture du viol, de mettre à bas la domination patriarcale, sous toutes ses formes.  Et pour cela nous allons réussir la journée de grève féministe du 8 mars, et en faire une première étape de mobilisation.

L’esprit de la jeunesse, c’est aussi celui qui nous anime dans le combat écologique : l’adaptation du bâti des services publics, le développement des qualifications en lien avec la bifurcation écologique, et la réorientation des choix politiques. Face aux catastrophes naturelles qui seront de plus en plus fréquentes, la population aura besoin d’agents publics plus nombreux, et mieux formés. Et nos pensées vont particulièrement à nos camarades de l’OFB et des organismes de contrôle, injustement livrés en pâture et auquel nous apportons toute notre solidarité dans leur mobilisation.

L’esprit de la jeunesse, c’est encore la volonté de combattre le racisme sous toutes ses formes, et toutes les discriminations, par l’action et par l’éducation, et pour ce qui nous concerne, nous organisations syndicales, en l’affrontant sur les lieux de travail. La FSU s’engage pleinement dans ce combat, dans le cadre de l’intersyndicale contre le racisme et l’antisémitisme sur les lieux de travail, mais avec l’ambition d’aller au-delà, pour renverser les logiques haineuses qui sont à l’oeuvre, pour débusquer les impensés qui minent les rapports sociaux, renouer avec des dynamiques d’accueil et d’ouverture.

Ce congrès nous a permis de lever les yeux.

Notre outil syndical est solide et inventif, nous allons continuer à le projeter dans l’avenir. Nous allons travailler inlassablement à l’unité la plus large, qui renforce la confiance dans les organisations syndicales et qui est une attente encore des salariés plus forte depuis 2023.

Au sujet du Nouvel outil syndical, et de la maison commune, je veux dire ici fortement, comme je l’ai dit hier au moment de voter, qu’à mes yeux les mandats ne sont pas une liste de mots avec lesquels on peut jouer habilement pour leur faire dire toutes sortes de choses. Nous tous qui sommes ici nous savons qu’un texte n’est pas une liste de mot : la FSU travaillera à faire ce qu’elle a écrit qu’elle ferait, ni plus ni moins. Les imaginaires, négatifs comme positifs, appartiennent à chacun, la FSU n’en est pas l’instrument. La responsabilité du syndicalisme est immense, elle suppose de faire les bons choix, pour ma part ce seront toujours ceux qui rassembleront le plus largement la FSU.

Dans la période qui vient, nous allons mettre en œuvre tous nos mandats et nous allons donc aussi renforcer et développer la FSU, dans nos bastions bien sûr mais aussi ailleurs, il y a des déserts syndicaux dans la fonction publique de l’État et dans la territoriale, il y a des agent.es qui aspirent à des pratiques collectives démocratiques et à des valeurs claires. Les élections professionnelles auront lieu en novembre 2026. Elles seront cruciales pour le syndicalisme dans la fonction publique, elles doivent permettre de redonner espoir dans la démocratie sociale. Il est temps de nous mettre au travail pour les préparer, avec un objectif : que sur chaque lieu de travail la FSU soit présente, ses militant.es identifié.es et reconnu.es comme des ressources solides pour leurs collègues, pour les accompagner, les défendre et construire avec eux les mobilisations.  C’est ainsi que nous pourrons renforcer la représentativité de la FSU dans la territoriale et retrouver la première place à l’État, c’est à portée de main.

Je n’ai pas évoqué spécifiquement notre combat contre l’extrême droite dans ce discours et c’est volontairement. Dans le contexte qui est le nôtre, ce combat principiel n’est plus un combat spécifique, c’est un combat permanent et global que nous livrons à chacun de nos actes militants. Chaque collègue défendu, chaque amélioration gagnée, chaque droit étendu, chaque régression bloquée, chaque section syndicale créée renforcera la confiance dans le lien social et l’action collective, pour faire refluer le poison qui s’insinue dans les esprits. Par notre action quotidienne au service de l’intérêt général et de la défense des personnels, nous faisons la démonstration que rien n’est inéluctable et qu’un autre modèle de société, fondé sur la solidarité, la démocratie et le choix de la justice sociale reste possible et désirable.

Alors portons nos combats, regardons loin et large, soyons solides et déterminées, nous pouvons changer la donne, nous devons la changer !

Le combat sera long, et sans doute difficile, mais nous allons le mener, parce que nous allons continuer à travailler, à nous battre et à rassembler !

Bon retour dans vos syndicats nationaux et locaux, bons retours dans vos SD.

Avant de nous quitter, pour nous retrouver très vite dans nos combats communs, je voudrais vous dire que si ce congrès c’est si bien passé, si vous avez été aussi bien accueillis, c’est qu’ils étaient 150 ! 150 camarades dans cette splendide équipe d’orga du congrès ! Je ne vais pas les appeler un par un, une par une, mais vous allez découvrir leurs prénoms, et c’est en équipe que je voudrais en votre nom à toutes et à tous les remercier chaleureusement :

Merci à l’équipe d’accueil, leur sourire magnifique et leur disponibilité à l’arrivée, et tout au long de la semaine

Merci à l’équipe de la bagagerie : c’est le 1er congrès de la FSU en 30 ans sans aucune valise perdue

Merci à l’équipe des chauffeurs, tous à jeun depuis une semaine pour votre sécurité, ce qui constitue quand même un exploit en Bretagne

Merci à l’équipe de l’accueil-gare, merveilleux et efficace malgré les engelures et 2 amputations de doigts de pied

Merci à l’équipe ba14r : c’est bon, c’est bio et c’est ouvert 23H/24, mais la recette de la godinette restera à Rennes ainsi que la quantité officielle de nombre de fût vidés (ils tiennent à la disposition de chaque section le bilan individuel des consommations, mais pas un mot sur le SNEP et le SNUTER)

Merci à l’équipe huîtres : 6 tonnes d’huîtres ouvertes et massacrés, mais tous les congressistes sont en forme

Merci à l’équipe repro/distribution : l’équivalent de l’intégralité de « à la recherche du temps perdu » distribué chaque minute

Merci à l’équipe vestiaire : qualité, sourire, efficacité et 100% d’objets perdus retrouvés

Merci à l’équipe graphisme : on est sans mot, et on réfléchit déjà à l’embauche du graphiste pour les publications de la FSU nationale

Merci ) l’équipe des compteurs et compteuses : concentration, calme, efficacité, et tout ça sans calculatrice

Merci à l’équipe diffusion vidéo pour son attention et sa réactivité

Merci au stand de la SD35 pour la gestion des inscriptions, la vente produits régionaux de qualité exceptionnelle, les publications passionnantes, les expos

Et pour finir une annonce officielle, au cours de ce congrès la FSU accueille en son sein un nouveau syndicat, et ce petit denier, on n’est pas près de l’oublier : bienvenue et longue vie au snbec

Je voudrais aussi remercier l’orga nationale et les salariés, Nabila et Marilyne

Merci de votre travail, de votre rigueur, de votre solidité, je me réjouis de travailler avec vous demain et de savoir à quel point on peut compter sur vous !

Avec une mention toute particulière pour celle qui a tenu tout le congrès, avec son humour et sa fermeté, avec une immense disponibilité et une résistance incroyable au stress, à la fatigue et aux sollicitations, c’est Morane Le Deunf ! Bravo à toi Morane !

Merci mille fois à vous, il n’y a pas de syndicalisme, il n’y a pas de combats sans orga, locale et nationale, bravo à vous et vive l’orga !

L’orga nationale : Alain, Cédric, Didier, Julien, Laurent, Linda, Magali, Magdalena, Mathieu, Morane Renaud, Thierry

Je voudrais pour commencer et en votre nom à toutes et tous, rendre un hommage chaleureux à Benoit. Benoit depuis 6 ans tu as été notre voix et notre visage, avec ton attention aux autres, ton immense disponibilité, la force de tes analyses et de ton esprit de synthèse. Avec toi la FSU a fêté ses 30 ans, l’âge où on sait ce qu’on est, et ce qu’on veut devenir, elle a gagné en maturité, en visibilité, en cohésion, en fédéralisme, et en capacité à se projeter vers l’avenir avec lucidité et détermination. Au cours de ce dernier mandat, suite au mouvement contre la réforme des retraites, la confiance dans les organisations syndicales s’est réaffirmée, et l’unité s’est renforcée, tu y as pris toute ta part. La FSU te doit beaucoup, et elle sait qu’elle pourra encore compter sur toi. Bravo et merci Benoit.