Quelle appréciation portez-vous sur les politiques de lutte contre la grande pauvreté dans notre pays ?
La stratégie pauvreté à budget constant c’est inquiétant et impossible pour éradiquer la grande pauvreté. Par exemple 35 % de personnes qui n’ont rien pour vivre et qui donc sont éligibles au RSA ne le demandent pas.
A budget constant elles continueront d’être laissées de côté. Sur le front de l’emploi, l’expérimentation « Territoires zéro chômeur longue durée » devrait être étendue. Mais ça traîne ! C’est pourtant un levier génial qui met en synergie de nombreux acteurs pour éradiquer le chômage.

Quels freins à l’action selon vous ?
Le premier frein à tout cela c’est que les choses sont pensées sans les personnes concernées, sans les plus pauvres. D’expérience nous le savons si les propositions, les changements à réaliser ne sont pas pensés avec les plus pauvres, ils ne profiteront pas aux plus pauvres en particulier et de ce fait on ne pourra pas aller vers l’éradication de la grande pauvreté.
Mais pour cela il faut prendre du temps, les plus pauvres sont les seuls détenteurs des solutions mais ils ont aussi terriblement cassés par la vie. Il faut donc des conditions pour prendre le temps de travailler, penser, réfléchir avec eux aux possibles pour une vie à égale dignité pour tous.

Quels leviers prioritaires actionner ?
Faire que très tôt le mot « ensemble » prenne tout son sens. Jouer, penser, développer son esprit critique, vivre ensemble pour faire tomber les barrières sociales, et croire en ceux qui ont le plus de difficultés. Il faut des politiques pour tous.
L’Éducation a un rôle majeur à jouer. Il faut soutenir les enseignants pour oser avec ces enfants qui vivent de grosses difficultés au quotidien et gérer l’hétérogénéité des publics (de très beaux projets marchent très bien).