Face à l’illibéralisme
Peut-on encore qualifier de « libérale » une pratique politique qui cherche à mettre au pas la société, à en dénier les aspirations profondes (le passage en force sur la réforme des retraites en a été un épisode marquant), à déqualifier le travail d’une large part de sa population pour mieux la sous-payer (la réforme du lycée professionnel va complètement dans ce sens), à rogner les libertés associatives, à réprimer le mouvement social, à préserver les rentes d’une poignée d’ultra riches au détriment de l’intérêt général, de dénaturer le sens des concepts qui structurent la culture politique commune du pays (la laïcité, par exemple) ? On qualifie d’illibérales ces démocraties qui n’en sont plus vraiment car sans intégration politique de la société civile, où tout débat et idée de négociation sont asservis aux objectifs du pouvoir. Le Président français nous y conduit en agissant comme si la société, avec ses forces organisées que sont en particulier les syndicats, était incapable de savoir ce qui est bon pour elle-même. Mais c’est précisément là que se trouve un chemin d’espoir : là où la dérive illibérale mène au déni de la société telle qu’elle est, notre tâche est sans doute de renvoyer toujours et inlassablement au réel. Non, l’immense majorité de la population non seulement ne veut pas mais en plus ne peut pas travailler au-delà de 64 ans, non l’éducation n’a pas besoin de coups de menton affichant « l’autorité » abaissée à un vulgaire autoritarisme de circonstance. Elle souffre, comme
Lire la suite