La FSU transmet ses salutations fraternelles aux congressistes de la Fédération nationale de la Libre Pensée.

La FSU tient à affirmer tout d’abord son soutien à La Libre Pensée face aux attaques et agressions de la part de l’extrême droite et des « ultras catholiques ».

L’attachement de notre fédération à laïcité nous conduit à affirmer avec la même vigueur que vous la liberté de conscience et l’absolue nécessité de la séparation des Églises et de l’État.
Y renoncer mettrait en péril la lente construction qui, depuis les Lumières et la Révolution française, nous a progressivement dotés des principes constitutionnels et légaux qui enjoignent à la République d’assurer la liberté de conscience.
Y renoncer serait une menace pour notre démocratie.

La loi de 1905 a défini nos exigences fondamentales  :  la République assure la liberté de conscience, c’est-à-dire qu’elle en garantit l’exercice y compris en garantissant le libre exercice des cultes, c’est à dire la manifestation collective d’une appartenance religieuse.
La condition de l’effectivité de cette liberté est que l’État ne reconnaisse aucune religion, c’est-à-dire se garde de l’expression de toute appréciation sur la question religieuse et n’ engage aucune dépense qui puisse subventionner un culte. Et pour l’affirmer, la loi de 1905 a choisi une formule sans équivoque : séparer les Églises de l’État.

Ce double attachement à la liberté et à la séparation, nous en proclamons aussi la nécessité pour que l’École publique garantisse une formation protégée de toute influence dogmatique et soit capable de construire un jugement raisonné, fondé sur l’esprit crique, sur les savoirs et la culture commune pour que soit permis à chacun d’exercer sa vie citoyenne et sociale de façon à la fois libre et responsable. Cela suppose, au sein de l’école, la neutralité des agents de l’État et le refus de tout prosélytisme.

Ces principes sont clairs et constituent le fondement légal de la laïcité. Nous y sommes profondément attachés et n’aurons de cesse de les défendre.

Pour ce faire, nous devons lutter pour résister à tout ce qui peut et pourra y faire entrave.

  • Alors que la privatisation de l’éducation ne cesse de croître, nous affirmons que la seule destination de la subvention publique doit être l’école publique. Nous ne pouvons pas accepter que l’impôt puisse être mis au service du prosélytisme religieux et dogmatique, d’autant que le soutien financier aux écoles privées contribue à la discrimination sociale et aux inégalités scolaires.
  • Nous affirmons aussi qu’en renonçant au statut des fonctionnaires, le service public se priverait de ses garanties essentielles inscrites dans l’équilibre légal des droits et des obligations. La libéralisation des modes de recrutement des agents, la fragilisation de leur statut et l’acculturation des modes de gouvernance aux conceptions de l’entreprise privée constituent autant de menaces qui éloigneront progressivement l’action publique de ses impératifs de neutralité et de laïcité.
  • Nous ne pouvons pas admettre que la laïcité soit instrumentalisée pour stigmatiser une partie de notre population au nom de la lutte contre les extrémismes. Si nous condamnons sans réserve la violence aveugle des idéologies extrémistes, nous n’accepterons jamais qu’elle puisse être le prétexte d’une stigmatisation xénophobe et raciste.
  • Enfin, nous affirmons que l’éducation vise la liberté du citoyen, une liberté éclairée par les savoirs et la culture commune, une liberté guidée par la tolérance et le respect, une liberté fondée sur la raison. Au sein des établissement scolaires, cela ne peut se confondre avec la surenchère de prescriptions comportementales ou vestimentaires, l’obsession sécuritaire ou les stratégies d’exclusion. L’éducation laïque préfère toujours les persévérances de la pédagogie aux impatiences de l’injonction, la progressive appropriation des valeurs aux adhésions superficielles suscitées par la rhétorique et la patience du débat aux discours dogmatiques du maître.

Ces principes essentiels nous devons les défendre, dans une volonté syndicale et associative, avec toutes celles et ceux qui les partagent. Dans une société que les inégalités ne cessent de diviser et où les discours haineux mettent en péril la fraternité indispensable à notre vie commune, c’est par cette volonté partagée que nous construirons la paix et la tolérance.
Alors que des menaces pèsent sur nos libertés associatives et syndicales, qu’elles s’expriment parfois avec violence contre nos locaux ou nos militants, nous devons faire preuve d’une solidarité qui, au-delà de nos divergences, doit être guidée par notre attachement commun à la démocratie et notre volonté d’en transmettre les valeurs.

Chères et chers camarades de la Libre Pensée, la FSU vous souhaite un excellent congrès.