Sous la pression des mobilisations enseignantes qui enflent depuis plusieurs semaines contre une loi Blanquer qui va accroître les inégalités alors que les personnels et l’ensemble de la communauté éducative attendent de vraies réponses aux urgences de l’école, le président de la République a multiplié les annonces à l’occasion de sa conférence de presse.


Un abaissement des effectifs, d’abord. Pas plus de 24 élèves dans les classes de grande section de maternelle, CP et CE1 hors éducation prioritaire – 35 000 classes sont concernées – et le dédoublement des 6 000 classes de grande section dans les REP et les REP+. Une annonce bienvenue, la France restant loin derrière les pays comparables de l’OCDE en ce domaine. Reste que malgré une légère baisse des effectifs dans le 1er degré au cours des années à venir, ces deux mesures ont un coût budgétaire correspondant, pour le moins, à 10 000 postes supplémentaires.

Le ministère devra donc expliquer rapidement comme il entend procéder, sauf à charger encore un peu plus les autres niveaux de classes dans le 1er degré, ou à recourir massivement aux contractuels ou encore à pénaliser une nouvelle fois le second degré qui devra par ailleurs accueillir de plus en plus d’élèves dans les années à venir.

Autre annonce, un arrêt des fermetures d’écoles « sans l’accord du maire ». Il est vrai que le tissu scolaire en milieu rural a déjà payé un lourd tribut pour financer les dédoublements en éducation prioritaire. Mais l’annonce aurait plus de consistance si l’on s’interrogeait sur les fermetures de classes afin de porter une réelle attention au service public d’éducation au plus près des territoires.

« Mieux former les professeurs et rendre leur carrière plus attractive ». Au détour d’une phrase, le Président a également évoqué deux leviers essentiels, d’ailleurs actionnés depuis longtemps par les pays dont le système éducatif est plus performant et égalitaire que le nôtre. Mais là aussi, on attend du concret. Car pour l’heure, en termes de formation initiale, il n’est question que de mettre les étudiantes et étudiants en responsabilité de classe et d’une réforme ne répondant pas aux enjeux du nécessaire renforcement de la professionnalité enseignante. Et s’agissant de l’attractivité du métier, on attend toujours la revalorisation salariale qui amènerait les enseignantes et enseignants français au même niveau que leurs homologues des pays comparables. Quant aux autres personnels de l’école (CPE, Psy-EN, AED, AESH, personnels administratifs, de santé et sociaux, personnels d’encadrement…), ils sont les grands oubliés comme si leur contribution au bon fonctionnement du système scolaire était négligeable.

Sans réorientation politique et sans moyens afférents, on en restera aux annonces. Les mobilisations locales restent fortes. Amplifions-les, avec notamment la grève du 9 mai et la manifestation nationale du 18 mai pour revendiquer les moyens de faire réussir tous les élèves.