L’évolution managériale de nos établissements n’est pas sans conséquence sur notre travail, et les mêmes impacts sont systématiquement signalés dans les enquêtes d’opinion publiées par la presse spécialisée, comme dans les résultats de l’étude que nous avons menée en 2017 auprès de 2 612 enseignants-chercheurs et enseignants exerçant dans l’enseignement supérieur : manque de temps, manque de reconnaissance, insuffisance de moyens, absence de mesure de prévention des risques psychosociaux et de la santé au travail, dialogue social insatisfaisant et démocratie universitaire en berne, perte du sens du métier.

Le manque de temps qui contraint à étendre les périodes de travail le soir, le week-end et pendant les congés est dû à la fois à la multiplication de nos missions, au manque de personnel, à la bureaucratisation des procédures, aux processus de regroupement, au morcellement des cours, et à la nécessité de répondre à des appels à projets pour obtenir les moyens de travailler.
Le manque de reconnaissance est également largement évoqué. Il relève à la fois d’une reconnaissance insuffisante de la part de l’institution (salaires bloqués, grille de carrière et promotions limitées, primes à la tâche ou au mérite…) et d’une reconnaissance partielle des pairs (lors des dossiers de promotion) et tardive des étudiants (souvent a posteriori).
Le manque de moyens matériels pour la recherche et la pédagogie se décline à la fois au niveau des locaux et des équipements vétustes (bureaux, matériel informatique ou audiovisuel non entretenu…) ou inadaptés au nombre d’étudiants par groupe (salles trop petites et matériels de TP en nombre insuffisant).
L’absence de suivi médical et de mesures de prévention des risques pour la santé au travail accélère la dégradation de la santé physique et mentale (épuisement professionnel et exposition aux produits toxiques, chimiques ou biologiques…).
Le contournement des instances de dialogue social locales (CT ou CHSCT) et nationales (CTMESR, CHSCT, CNESER) conduit à écouter sans entendre, et à passer outre les avis quand ils ne sont pas contraignants ou tant qu’ils ne sont pas portés à la suite de la construction d’un rapport de force.
Enfin, la bureaucratisation, la soumission aux procédures du « nouveau management public » et le respect des indicateurs quantitatifs de l’excellence conduisent à une perte du sens de l’engagement pour le service public, pour le développement de l’esprit critique et des connaissances scientifiques disciplinaires.

La FSU, en tant qu’organisation syndicale de l’ensemble des personnels de l’université, prône par contre des réponses collectives. Participer aux instances de l’université, et notamment aux CT et CHSCT, constitue un levier essentiel de la défense des personnels et de leur protection contre toutes les formes de violence qui peuvent les affecter.