Parcours professionnel, missions, formation continue, bien-être au travail, égalité professionnelle : « Tous les professeurs pourront dire ce qu’ils attendent » de l’évolution de leur métier, assurait le ministre de l’Éducation nationale en lançant sa « grande consultation inédite et exhaustive ». Le ministre nous demande notre avis aujourd’hui sur des sujets qu’il a traités par ailleurs sans prendre en compte les expressions des organisations syndicales et les demandes de la profession. ue peut-il ressortir d’une consultation dont la valeur scientifique est largement mise en cause. Petite analyse de cette pseudo-consultation.

Pourquoi cette consultation ?

Pour ouvrir un vrai débat, honnête et plus que nécessaire, sur les conditions de travail ? Ou bien pour légitimer le projet politique de Jean-Michel Blanquer et sa vision du professeur du 21e siècle ? Le Ministre ne fait pas mystère de son projet pour l’école. Et un certain nombre de déclarations et même de décisions de ces derniers mois ne laissent pas de place au doute. Si le Ministre emploie moins le mot de contreparties, il conditionne une (pseudo) revalorisation à de nouvelles missions synonymes d’alourdissement des tâches (formation pendant les vacances, remplacement de courte durée payés en heures supplémentaires…). La preuve en acte avec la question 31 par laquelle le ministère tente de valider sa volonté d’imposer des formations pendant les vacances scolaires contre l’avis unanime des organisations syndicales.

Les nombreuses déclarations ces dernières semaines sur la rémunération au mérite laissent à penser que certaines réponses (les questions sur la rémunération, mais aussi sur la reconnaissance du métier) pourraient être instrumentalisées pour mettre en place cette politique dont de nombreuses études ont pourtant montré les effets délétères sur la cohésion des équipes.

Il n’y a pas que les enseignant·e·s dans l’Éducation nationale !

Une enquête sur le métier d’enseignant certes, mais en oubliant tous les autres personnels qui font vivre l’Éducation Nationale au quotidien, comme les Psy-EN, les AED, les AESH, les CPE, les personnels administratifs, sociaux et de santé, de direction, qui ne font pas partie des personnels appelés à répondre. Pourquoi cet oubli ?

Consulter les enseignant·e·s… mais aussi leurs voisin·e·s ?

Tous les enseignants et toutes les enseignantes, vraiment ? Visiblement oui, et même bien plus. En effet, si le lien a bien été envoyé sur la boite mail académique de chaque enseignant, aucune identification n’est demandée en début ou fin de questionnaire, si bien que n’importe qui ayant connaissance du lien pourrait répondre à l’enquête. Alors que dans le mail envoyé à chaque enseignant·e sur sa boite mail académique, il est bien précisé que le « questionnaire est individuel, anonyme et confidentiel ». Comment le Ministère assurera-t-il la validité scientifique de cette enquête, sauf à assumer ouvertement une consultation biaisée dès le départ. Pour quel usage ?

Alors, au final que faire de cette consultation ?

Depuis des mois, le Ministre minimise l’ampleur de la colère dans l’Éducation Nationale, bien souvent ramenée à l’action d’une minorité vocale ou radicalisée. Si on peut avoir bien peu d’illusion sur l’objectif politique d’une telle initiative, à l’heure où la profession fait entendre sa voix de multiples manières, notamment dans des grèves et dans la rue, à l’heure où les réformes du Ministre sont rejetées par une majorité des personnels, saisissons cet outil pour nous exprimer, notamment dans les questions ouvertes « quelles sont vos principales sources de déception ? », « y a-t-il une question qui n’a pas été posée précédemment et aurait mérité de l’être ? », « quels sont les mots qui qualifient le mieux votre métier ? ».

Salaires, réformes, retraites, exprimez-vous, utilisez les outils que nous mettons à votre disposition : #ConsultationBlanquer dans le 2d degré, https://consultation.snuipp.fr/enseignant-du-21e-siecle pour le 1er degré.

Nous relaierons et rendrons compte de vos réactions.