Si la FSU peut partager l’objectif du plein emploi, elle s’interroge sur la volonté du gouvernement de forcer les privé·es d’emplois d’accepter les emplois les plus précaires dans une logique de plus en plus adéquationiste.

Les moins de 25 ans recherchant un emploi inscrit·es en mission locale, les personnes détentrices d’une RQTH, les allocataires du RSA ainsi que leur conjoint·e seront tenu·es demain de rechercher un emploi et de travailler, alors même qu’aujourd’hui près de 6 millions de personnes sont inscrites à Pôle emploi pour environ 1 million d’offres d’emploi, dont 90 % sont des emplois temporaires et /ou  à temps partiel.

En cela, la création de France Travail vient compléter un dispositif gouvernemental permettant de satisfaire au plus vite les besoins immédiats en main-d’œuvre peu onéreuse du patronat : casse du lycée professionnel, étatisation de la protection sociale contre le risque de chômage, loi Immigration (qui prévoit l’octroi de visas durant le temps du contrat de travail).

Aucune disposition de ce projet de loi ne s’attaque aux problèmes de l’attractivité des métiers et donc des emplois des secteurs qui connaissent les plus grandes difficultés de recrutement, nommés les Métiers en Tension. Autant les inscrit·es à France Travail auront des devoirs importants et seront suivi·es/accompagné·es de la façon la plus intensive possible, autant les employeurs n’auront aucune obligation. Tous ces mécanismes de suivis et d’obligations auront pour effet que la responsabilité de leurs situations incombera uniquement aux privé·es d’emploi.

La question de l’offre n’est absolument pas abordée dans ce projet de loi, seule la question de la demande est traitée, stigmatisant ainsi davantage encore les plus fragiles de la population du pays.

France Travail regroupera l’ancien Pôle emploi, les Missions Locales et Cap emploi, associée à des partenaires tels que la CAF, les OPCO, les associations d’insertion par l’activité économique, les associations de lutte contre la pauvreté voire des associations de quartier… Tous ces acteurs seront « gouvernés » par un ensemble Etat/collectivités territoriales/partenaires sociaux.

Ainsi, les collectivités territoriales (régions, départements, communautés de communes) font leur entrée dans les prises de décisions et la gestion du service public de l’emploi (SPE).

Pour La FSU,  c’est la première étape vers la destruction du cadre national du SPE, avec le transfert de la compétence Emploi aux régions par exemple.

Pour la FSU, le SPE doit impérativement garder sa dimension nationale, avec les mêmes services pour toutes et tous les usagers·ères et ce partout sur le territoire national, conformément aux principes d’unicité et d’égalité du Service Public.

La France est en retard sur le taux d’accompagnement des privé·es d’emploi au regard de la situation des autres pays européens (Allemagne, Espagne, Danemark…) mais à ce jour, la mise en place de France Travail ne prévoit aucune remise à niveau des effectifs à hauteur des besoins. Pour la FSU, si l’on veut accompagner efficacement les usagers·ères – privé·es d’emploi et entreprises – les effectifs doivent être fortement renforcés.

Les sanctions de radiation déjà existantes, rigides et très sévères (voir rapport 2021 et 2022 du Médiateur Pôle Emploi) sont, ces dernières années, en constante augmentation. France Travail va intensifier cette trajectoire tragique et inhumaine pour les privé·es d’emploi, particulièrement pour les allocataires des minimas sociaux alors que c’est l’accompagnement social qu’il faudrait améliorer.

Le pilotage par les résultats, déjà nocif, sera généralisé à l’ensemble des opérateurs de France Travail (ex Pôle emploi, Missions Locales et Cap emploi). La performance comparée déjà bien connue pour ses effets délétères à Pôle emploi s’appliquera à toutes et tous : mise en concurrence des établissements entre eux, des sites, des collègues, augmentation de la pression sur les agent·es à tous les niveaux et casse des collectifs de travail emportant avec elle cohésion, sens au travail et valeurs professionnelles communes.

Face au projet France travail, la FSU agira aux côtés des personnels pour garantir leurs droits et leurs conditions de travail, en leur redonnant le sens d’un véritable Service Public de l’Emploi National de qualité que nous devons aux usagers·ères. Dans ce cadre elle prendra toute sa place dans les collectifs de défense de ce SP.