Il est intéressant de regarder ce que nous dit l’enquête PISA publiée cette semaine. La principale caractéristique française se situe dans l’importance et la persistance des inégalités entre les jeunes devant la réussite scolaire. Ces inégalités scolaires sont fortement corrélées aux inégalités sociales mais aussi à celles de genre et ethniques. L’école reproduit donc en son sein les inégalités sociales qui marquent notre société, sans parvenir à les surmonter.

PISA éclaire donc une situation que nous connaissons bien et qui se traduit par un nombre important d’élèves en difficulté tout au long de leur parcours scolaire et par un nombre élevé de sorties sans qualification. Certes, notre école ne fait pas que des erreurs. Elle fait aussi réussir une grande partie des élèves, ce qui mériterait d’être davantage mis en valeur. Mais, pour lutter contre un échec scolaire lourd qui se concentre trop souvent sur les mêmes territoires, il est urgent d’agir pour une réelle transformation de l’ensemble du système éducatif. Et la lutte contre l’échec scolaire n’est bien évidemment pas qu’une simple question de rythmes scolaires.

Dans un contexte où la crise n’épargne pas les familles dont nous scolarisons les enfants, les résultats de notre école sont aussi ceux d’un creusement des inégalités. Dans trop d’écoles des territoires défavorisés, les « têtes de classes » sont parties, laissant entre eux, les élèves issus des milieux les plus fragiles. Or, la mixité sociale est indispensable pour élever le niveau de tous les élèves.

La FSU réaffirme son ambition d’une exigence identique pour tous les jeunes. C’est un enjeu majeur des discussions qui s’ouvrent sur la rénovation des programmes et sur l’éducation prioritaire. L’Ecole doit être pensée en priorité pour les jeunes qui en sont le plus éloignés, celles et ceux qui n’ont qu’elle pour apprendre. Il s’agit d’assurer vraiment la réussite de tous, à tous les niveaux, de l’école maternelle à l’enseignement supérieur. L’école doit jouer son rôle d’amortisseur des inégalités et être en mesure de rétablir la justice dans les destins scolaires des élèves.

Il s’agit aussi de permettre l’élévation du niveau de qualification qui reste une des conditions indispensables pour faire face à la crise et aborder les mutations économiques et culturelles à venir.

Le sujet d’aujourd’hui n’est pas sans lien avec les différents chantiers ouverts notamment sur les métiers. Il s’agira notamment de permettre d’autres organisations pédagogiques (plus de maîtres que de classes en primaire, travail en équipe, travail interdisciplinaire, possibilité de diversifier les pratiques et approches pédagogiques…) mais aussi par des conditions d’exercice du métier améliorés. Nous saluons la perspective d’allègement du temps d’enseignement pour les enseignants d’éducation prioritaire pour leur dégager un temps spécifique pour la relation aux familles, le travail en équipe. Suite à nos interventions, nous nous félicitons aussi de voire la situation des PE et professeurs de collège, en éducation prioritaire, traitée dans un même mouvement, une même ampleur et un même calendrier. Il faut maintenant le concrétiser. Ainsi, les liens entre les différents chantiers ouverts sont indispensables. L’objectif est d’améliorer la situation des personnels à tous les niveaux sans les mettre en concurrence. Sans en oublier, par exemple sans oublier les enseignants des collèges, et en répondant à ceux qui enseignent en classes préparatoires et dans les grandes écoles.

Les annonces que vous faites sur le collège devront tenir compte de ce qui se passe en lycée sur les heures données pour investissement pédagogique. Une telle démarche doit reposer sur des orientations claires et les enseignants doivent pouvoir bénéficier d’un réel accompagnement. Le lycée, dont le « chantier » doit commencer prochainement, ne doit pas être oublié dans les chantiers actuels (programme, métiers…). D’une part parce que les attentes sont fortes chez les enseignants des lycées et notamment ceux des lycées professionnels, d’autre part par souci de cohérence entre tous les niveaux (primaire/collège mais aussi collège/lycée). Nous rappelons, en présence du président du CSP, notre demande d’une évaluation du bac pro.

Le travail du conseil supérieur des programmes doit y contribuer. La mise en place d’un Conseil supérieur des programmes qui devra donner également un avis sur la formation initiale et continue des enseignants et également sur les contenus des concours de recrutement constitue une avancée importante. Cette réforme de la construction des programmes nous semble indispensable car les liens entre contenus, formation et concours doivent enfin être pensés ensemble en lien avec la recherche. Cela doit aussi concerner l’université et les universitaires car ils interviennent dans la formation des étudiants.

Pour le CSP la tâche n’est pas simple. Il doit notamment travailler sur le contenu du socle commun de connaissances, de compétences et de culture, l’introduction du mot « culture » imposant une modification dans l’approche du socle et des programmes.

Il ne s’agit donc pas d’un simple toilettage d’un outil qui a montré ses limites et qui n’est pas accepté par les personnels, mais bien d’un redéfinition du socle. Cela devrait permettre aussi de mettre fin à la double prescription socle-programmes. Il faudra éviter un empilement d’injonctions, construire des cohérences entre programmes des différents cycles (école primaire, collège et lycée) et entre disciplines.

Les contenus redéfinis devront être exigeants et mobilisateurs pour les élèves. Ils devront s’adresser à chacun d’eux. Ils devront aussi être compréhensibles par tous les acteurs.

La CSP devra pour cela écouter experts, chercheurs et enseignants tout au long du processus d’élaboration. Il faudra aussi articuler le travail du CSP avec celui de la DGESCO, de l’inspection générale et la parole des enseignants. Cela demande du temps. Il ne faudra pas sacrifier le temps de la réflexion à celui de la communication publique.

La FSU demande qu’après la consultation des enseignants du premier degré, organisée de façon peu satisfaisante mais dont il faut maintenant qu’il en soit tenu compte, aussi bien s’agissant du bilan que les enseignants tirent des programmes de 2008 que de leurs propositions pour la suite, il est indispensable d’organiser une consultation pour les enseignants du second degré.

Pour accompagner la mise en œuvre des nouveaux programmes, il est nécessaire de prévoir des plans de formation étalés sur plusieurs années, dans le cadre notamment d’une formation continue refondée et améliorée aussi bien en volume qu’en qualité.

Bien évidemment, ces réflexions et décisions ne peuvent pas se penser sans cohérence avec ce qui se discute dans d’autres chantiers comme celui des métiers. La manière d’enseigner n’est pas indépendante de celle des contenus à enseigner. Il s’agit de permettre aux enseignants de pouvoir agir réellement dans la classe car c’est là que se joue l’essentiel des apprentissages.

La reconquête du système éducatif doit se faire avec les personnels car aucune transformation du système éducatif n’est possible sans eux, sans la reconnaissance de leur métier et de leur travail.