Par Pierre Tartakowsky Président de la Ligue des droits de l’homme (LDH) Nicolas Gougain Porte-parole de l’Inter-LGBT Jean-Michel Ducomte Président de la Ligue de l’enseignement et Bernadette Groison Secrétaire générale de la Fédération syndicale unitaire (FSU)

Depuis plusieurs semaines, la plus grande partie de la droite, l’extrême droite bien sûr, les Eglises et en particulier leurs représentants, mais surtout les tenants de l’intégrisme religieux pour qui l’Etat de droit laïc reste un problème, multiplient menaces et discours apocalyptiques à propos du mariage pour tous, thème dont elles ont manifestement décidé de faire un cheval de bataille.

L’expression de leur refus, leur choix d’un ordre moral sont évidemment légitimes dans une démocratie. Mais leur prétention à vouloir ériger leurs croyances en loi, paralyser le débat sous le vacarme et les «arguments» utilisés à cette fin sont intolérables.

Rappelons, face au déferlement des responsables ecclésiastiques, que depuis 1792, le mariage est un acte civil, sans aucun caractère religieux. Que les cultes ont parfaitement le droit d’épouser des vues rétrogrades sur le mariage, la famille, la sexualité. Mais en aucun cas, celui d’étouffer le débat éthique et de corseter la liberté de conscience.

Rappelons, face aux amalgames haineux entre homosexualité, polygamie, pédophilie, face aux chantages à la fin de l’humanité, que leurs auteurs se sont successivement opposés au divorce, à la contraception, à l’interruption de grossesse, au pacs… En agitant les mêmes menaces.

Rappelons aussi que les pays qui, dans le monde, ont ouvert le mariage à tous n’ont, bien sûr, nullement sombré dans la décadence et les turpitudes annoncées.

Ce retour d’ordre moral, assis sur une homophobie bien réelle et animé par l’agitation de grandes peurs, n’est pas sans arrière-pensées politiques. La volonté de faire échec au mariage pour tous vise à ébranler le principe républicain de laïcité au profit de communautarismes intégristes. Il vise à paralyser toute velléité de réforme, tout engagement contre les discriminations, tout projet de justice et de liberté.

C’est pourquoi nous appelons les députées et les députés, les sénatrices et les sénateurs, les citoyennes et les citoyens à se mobiliser pour défendre l’Etat de droit. Nous les appelons à faire échec aux campagnes de haines, de peurs et d’exclusions, à soutenir le projet de mariage pour tous et à faire entendre leur volonté de voir le progrès se poursuivre, dans le respect des lois et des valeurs de la république. Ce changement n’a rien d’une menace, c’est, au contraire, une chance pour la société française !

Premiers signataires : Ardhis, Association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL), Attac, Cnafal, Comité Idaho (International Day Against Homophobia and Transphobia), Homosexualités et Socialisme (HES), LMDE, Mrap, République et Diversité, SOS Homophobie, SOS Racisme, Syndicat des avocats de France (Saf), Unef.