Devant la commission des finances de l’Assemblée Nationale, le ministre démissionnaire de l’économie et des finances a agité une fois de plus le spectre de la dette insurmontable pour justifier un énième tour de vis dans les dépenses publiques.

La FSU dénonce cette instrumentalisation des déficits pour soumettre la population à toujours plus d’austérité budgétaire et donc aggraver l’affaiblissement des services publics et le décrochage des rémunérations des agents publics.

En effet, depuis 7 ans, le Président et son ministre de l’économie sont responsables du dérapage du déficit public actuel, conséquence de leur politique budgétaire inéfficace de cadeaux aux grandes entreprises et aux plus riches, pudiquement intitulée « politique de l’offre ».

Il manque des recettes !

Ce dérapage du déficit est d’abord la conséquence d’un manque de recettes pour le budget de l’État, à cause des effacements de ressources fiscales menées depuis 2017 (fin de l’ISF, baisse du taux sur l’impôts sur les sociétés, suppression de la taxe d’habitation, …). Selon la Cour des comptes, par rapport aux recettes du budget 2017, il manque 62 milliards dans celles de 2024. Bruno Lemaire se vante d’avoir effacé plus de 50 milliards (Mds) d’impôts donc de recettes sur l’année 2023. Ces baisses d’impôts ont profité surtout aux très riches et aux grandes entreprises.

Une dépense publique mal orientée et inefficace

La dépense publique est actuellement constituée près de 60% de prestations sociales et de subventions (aux entreprises, essentiellement). Les salaires des agents publics ne représentent que 21,5 % environ de cette dépense. Celle-ci est de plus en plus orientée depuis les années 2010 vers les aides aux entreprises sous diverses formes (exonérations de cotisations, subventions, niches fiscales, …) au détriment des moyens pour les services publics (santé, éducation, transports,…).

Ce total d’aides est estimé entre 160 et 220 Mds€ annuels (sur un total de 1500 milliards environ de dépenses publiques).

Un « pognon de dingue » de dépenses publiques au service du marché , profitant principalement aux très grandes entreprises multinationales, sans effet notable sur la création d’emplois et sans contreparties sociales et environnementales. On notera parallèlement l’augmentation faramineuse des dividendes versés par les entreprises du CAC 40 depuis 2020 ainsi que celle du nombre de millionnaires en France. Faut-il y voir un lien de cause à effet ? Il faut mettre fin à cette gabegie et rationnaliser ces dépenses publiques en fonction de leur efficacité économique, de leur utilité sociale et écologique.

Désinformation à tous les étages !

Un budget d’une puissance publique comme l’État français n’a pas dans sa fonction première d’être à l’équilibre comme pour un particulier, mais de permettre de faire fonctionner la société, notre pays dans toutes ses dimensions.

Le budget d’un état ne fonctionne pas et n’a pas les mêmes règles que celui d’une entreprise, d’un particulier ou d’une collectivité. Les affirmations du style « l’Etat au bord de la faillite – on dépense trop et on vit au-dessus de nos moyens – on ne peut pas dépenser l’argent qu’on n’a pas … » sont inopérantes pour les constructions budgétaires de l’État.

Tout déficit public maitrisé est un excédent positif pour la sphère privée (ménages, entreprises, collectivités), puisque les sommes empruntées par l’État produisent des intérêts pour ses créanciers et servent à financer des investissements qui bénéficient à tou·tes et créent des actifs (Hôpital, Ecole, pont, route …). Cela ne constitue donc pas un fardeau pour les générations futures. En savoir plus 

Pour une autre redistribution des richesses.

Quelques pistes de recettes supplémentaires possibles :

Notons que les dividendes en France sont 14 fois moins taxés que le travail.

Le futur budget 2025 doit augmenter les recettes et les dépenses publiques sur la base d’une plus grande justice et efficacité fiscale, d’une autre redistribution des richesses, afin de répondre aux besoins sociaux, aux enjeux écologiques et de réduire les inégalités qui minent la société et son avenir.