Tout le monde s’accorde pour dire que la crise s’aggrave, alors que c’est le premier budget des ménages (27,8 % en moyenne du budget, 45 % pour les ménages les plus pauvres).

Le Covid et l’inflation actuelle n’ont rien arrangé : 17 500 expulsions locatives en 2022. Du jamais vu ! Et l’adoption de la loi « anti-squat » contre les locataires les plus pauvres et les SDF va empirer la situation.

La production de logements sociaux a nettement diminué depuis 2017, de 123 000 en 2016, on en est passé à 95 000 en 2021 et on est depuis toujours resté sous la barre des 1 000 00. 2,4 millions de ménages sont actuellement en attente de logements. « Cette carence en logements sociaux est le résultat de coupes budgétaires. Les aides à la pierre pour le logement social ont quasiment disparu. L’État a augmenté la TVA et pratique une ponction sur les fonds propres des bailleurs sociaux de 1,3 milliards d’euros chaque année depuis 2018 » (Caroline Chambon – Alternatives économiques).

Ainsi, Manuel Domergue, de la Fondation Abbé Pierre, peut-il affirmer : « A part quelques aides fiscales, on ne subventionne plus le monde HLM, on lui reprend » de l’argent. »

Les prix de l’immobilier et les taux d’intérêt explosent rendant impossible pour une majorité des ménages l’accès à la propriété malgré le prêt à taux zéro qui bénéficie surtout aux classes moyennes et qui concerne de moins en moins de bénéficiaires.

Les locataires subissent de plus en plus la hausse des loyers et des charges (+ 3,5 % depuis janvier 2023) et la flambée des prix rend les fins de mois encore plus difficiles.

Début septembre, la Fondation Abbé Pierre a alerté sur la situation catastrophique des étudiant-es avec des prix indécents (un studio de 25 m² à Lyon pour 1 130 euros par mois). Le manque de place dans les Centres Régionaux des Œuvres Universitaires et Scolaires (CROUS) est scandaleux. Ces derniers ne logent que 6 % des étudiant-es et un quart des boursiers. Alors, pas d’autre choix que de se tourner vers le parc locatif privé, qui en profite pour augmenter les prix. A cela s’ajoute le développement exponentiel des locations touristiques de courte durée comme Airbnb, aggravé par le contexte de grands événements sportifs. La situation est intenable : alors que 20 % des étudiant-es vivent sous le seuil de pauvreté, le poids du logement dans leur budget n’a cessé de croître (60 % de leurs dépenses en 2022, selon l’Observatoire de la vie étudiante). Cerise sur le gâteau, la Fondation Abbé Pierre relève le cas de centaines d’étudiant-es, endetté-es ou isolé-es, expulsé-es de leur résidence universitaire, à la suite de procédure judiciaire, y compris pendant la trêve hivernale. Que dire d’un pays qui traite ainsi les jeunes ?

Conséquences : des renoncements aux études ou des changements d’orientation ; quand on ne peut pas se loger, on reste chez ses parents ou on choisit une ville universitaire où le logement est moins cher.

Au logement cher, s’ajoutent, les pratiques illégales des bailleurs privés et agents immobiliers qui ne respectent pas l’encadrement des loyers, les normes de décence, les baux illégaux.  Les lois qui protègent les mal logées et les sans-toits sont bafouées par l’État : loi Droit au Logement Opposable (DALO), le droit à l’hébergement jusqu’au relogement, le droit au relogement des habitant-es de logements insalubres… Et la loi Kasbarian-Bergé criminalise les locataires qui n’arrivent plus à payer leur loyer, les sans-logis qui occupent les squats et les syndicalistes qui occupent des locaux.

La crise du logement ne concerne pas que les catégories populaires mais aussi les SDF, les migrant-es qui survivent dans des conditions très difficiles. Elle gagne la classe moyenne et les jeunes fonctionnaires. Le rapport de la Fondation Abbé Pierre chiffre à 14,6 millions de personnes fragilisées par la crise du logement, 33 000 personnes sont sans domicile fixe. 4,1 millions de personnes sont mal logées : sans logement personnel, vivant dans un espace trop restreint ou dépourvu d’équipements de base, 4,3 millions vivent en situation de surpeuplement. Le rapport dénonce également une plus grande précarité des femmes célibataires avec enfants.

Mais la Loi de finance prévoit encore des coupes budgétaires au nom de la réduction des dépenses publiques.

Alors que des études montrent que le mal logement a des répercussions graves sur la santé, n’est-il pas de la responsabilité d’un Etat de loger correctement la population, de donner aux jeunes les moyens d’avoir accès à leur formation et de garantir un toit décent, abordable et pérenne à toutes et à tous ?

Alors manifestons en grand nombre le 30 septembre

Pour un logement décent, pérenne et abordable !

 

Appel de la Plateforme  :

Mobilisons-nous dans la rue partout en France pour exiger :

– la baisse des loyers, des prix de l’énergie et la hausse des APL ;

– la réalisation massive de vrais logements sociaux à la place des logements pour spéculer ;

– la taxation des gros patrimoines immobiliers et des profits spéculatifs ;

– le respect des droits des locataires, des mal-logé-es, des sans-logis, des résidents, le renforcement des lois qui les protègent, le contrôle et des sanctions contre les fraudeurs ;

– l’arrêt des expulsions et des politiques d’urbanisme qui chassent les classes populaires (ANRU, JO, surtourisme…) qui alimentent le logement cher et la crise du logement ;

– l’abrogation de la loi Kasbarian-Bergé ;

A l’appel de : la plate-forme logement pour toutEs (AFVS, AITEC, ALDA APPUI, ATMF, ATTAC FRANCE, BAGAG2RUE, CGL, CGT, CNAFAL, CONSTRUIRE ! CONV. NAT. SERVICES PUBLICS, CNL, COPAF, CSF, CSP75, DAL, DIEL, FASTI, FSU, FUIQP, MRAP, PAS SANS NOUS, SAF, SOLIDAIRES, UTOPIA 56, SM, SNPES PJJ FSU, STOP PRECARITE) CNDF…

Avec le soutien de : LFI, NPA…