Loin d’être un simple outil de préinscription, Parcoursup remet en cause le rôle émancipateur de l’Université, en instaurant un changement de paradigme où prédomine une logique de concurrence entre les candidats et entre les formations.

Les premiers chiffres affichés sur Parcoursup furent une bien mauvaise surprise ! Le 23 mai 2018, premier jour de publication des résultats de Parcoursup, 375 834 candidats sur 812 058 (soit 46,3 %) n’avaient pas reçu de proposition ou étaient en attente de place ! Cette diminution du taux d’affectation par rapport à feu l’algorithme APB 2017, trouve son origine dans l’absence d’appariement dans Parcoursup, c’est-à-dire dans la suppression de la hiérarchisation des vœux.

Au 31 mai, soit à J +9, 29,9 % des candidats n’avaient toujours pas reçu de proposition ou étaient en attente de place. Que dire de la violence psychologique exercée sur les lycéens quand elles/ils découvrent leur classement situé très bas dans la liste de la formation de leurs rêves ? Comment dans ces conditions réviser sereinement pour le bac ? Comment être confiant dans son avenir ? D’autant plus que les critères de classement sont opaques et ont donc plus de chance d’être subjectifs. Le nombre de boursiers admis dans les universités parisiennes diminue sous l’effet des quotas et de la sélection : nous assistons à la fois à une autocensure des lycéens et à une sélection sociale.

Le rôle d’émancipation de l’université est profondément remis en cause par le gouvernement. Désormais, avec Parcoursup, c’est une logique de mise en concurrence entre les bacheliers et entre les formations qui prédomine. Avec la loi ORE, les lycéens deviennent des « entrepreneurs d’eux-mêmes ». Les CV et lettres de motivation deviennent des critères de sélection auxquels sont attribuées des notes au même titre que les disciplines. Le contrôle continu est détourné de sa fonction pédagogique initiale. Parcoursup n’est pas seulement un outil technique de préinscription. Il instaure bel et bien un changement de paradigme. La FSU continue d’exiger un autre processus d’affectation plus égalitaire et plus respectueux des voeux des bacheliers.