Quel beau slogan prometteur nous offre pour notre congrès la section départementale de la Vienne ! Le travail que nous avons à mener durant toute cette semaine est effectivement d’offrir des alternatives pour un avenir meilleur. Sans compter ce beau calicot avec ses 20 bougies. Notre FSU a 20 ans et nous fêterons cela ensemble dès demain mais c’est un moment important et un grand plaisir pour moi d’ouvrir ce 7ème congrès. « Ambition, invention, unité » tels étaient les 3 engagements pris par la FSU sous la plume de son premier secrétaire général, Michel Deschamps, dans le premier édito de POUR.
L’ambition était celle de mener un syndicalisme exigeant, l’invention de faire sans cesse du neuf dans nos revendications comme dans nos pratiques et l’Unité parce que nous ne nous résignons pas à la division. Et cela bien évidemment jamais sans les personnels. 20 ans après, si le contexte a changé, nous portons toujours ces engagements.
Ce congrès arrive à un bon moment. Après des années de régression sociale, de mise à mal des solidarités et du creusement des inégalités, de luttes aussi contre la politique du gouvernement de Nicolas Sarkozy, nous sommes maintenant dans une période d’alternance politique. Notre congrès, je n’en doute pas, aura l’occasion au plan général et sur différents dossiers, d’analyser les choix économiques et sociaux du gouvernement en place, avec même le danger qu’il y passe beaucoup de temps ! La FSU a fait partie des organisations syndicales qui ont pleinement assumé la nécessité de tourner la page du sarkozysme. Mais nous l’avons fait en plaçant immédiatement au cœur de la scène sociale nos revendications. Nous les portons dans toutes les discussions et négociations et également dans l’action. Les 2 dernières initiatives de la FSU illustrent bien ce syndicalisme que nous avons décidé de conduire : la journée d’action du 31 janvier avec la CGT et Solidaires et la signature du protocole égalité professionnelle entre les femmes et les hommes dans la Fonction publique.
Le 31 janvier, nous avons pris la responsabilité de mener une action avec les personnels avant l’ouverture des négociations du 7 février à propos des parcours professionnels des agents de la Fonction publique donc de la question salariale. Car nous savons que le malaise est grand et que les attentes sont fortes notamment sur l’emploi, les salaires mais aussi sur cette fameuse journée de carence dont personne ne comprend qu’elle ne soit pas déjà abrogée. Avec cette journée d’action et de grève, nous avons réussi à faire émerger les exigences et revendications pour la Fonction publique et ses agents. La Ministre n’a pas à ce jour répondu aux attentes des personnels. L’intersyndicale qui se réunit la semaine prochaine aura des décisions à prendre pour continuer à peser.
Et la FSU est signataire du protocole égalité professionnelle entre les femmes et les hommes dans la Fonction publique. La FSU sait que ce protocole n’aura pas à lui seul d’effet immédiat et qu’il nécessitera une volonté de l’Administration pour le décliner en mesures concrètes. Mais à travers cette signature, la FSU réaffirme son engagement en faveur de l’égalité et sa volonté d’acter les avancées obtenues.
Nous devrons continuer d’agir avec les personnels pour que l’égalité entre les femmes et les hommes soit bien réelle et effective dans toute la Fonction publique.
D’ailleurs ce congrès doit être l’occasion de traiter la question de l’égalité entre les femmes et les hommes dans le monde du travail, dans la société mais aussi dans notre organisation. Continuons à interroger ce qui fait obstacle à l’investissement des femmes et à leur permettre de prendre toute leur place dans nos différentes instances. Rien n’est jamais acquis. La FSU doit être toute entière engagée sur ce sujet.
Période d’alternance donc. Mais le changement ne se proclame pas. « Le secret du changement consiste à concentrer son énergie pour créer du nouveau, et non pas pour se battre contre l’ancien. » Dan Millman. Ce défi nous sommes prêts à le relever et ce congrès doit y contribuer largement. Car la nécessité de ruptures avec les politiques précédentes est urgente.
Le dialogue social a été rétabli. La conférence sociale de juillet 2012 a ouvert une nouvelle ère en invitant toutes les organisations syndicales au-delà des 5 organisations dites « irréfragables » à y participer. La FSU a beaucoup œuvré pour qu’il en soit ainsi et elle ne laissera pas passer une occasion de le rappeler. C’est une situation qu’il nous faut faire vivre et fructifier.
Après avoir été décrié par le gouvernement de droite, la réhabilitation des corps intermédiaires dans leur légitimité a du sens et marque la volonté de travailler avec les représentants des salariés. Toutefois ce dialogue social doit être « utile » selon le terme même employé par le Président de la République lors de cette conférence. Utile, mais à qui ? Pour nous, il va de soi que le dialogue social doit être utile aux salariés, au progrès social, à la démocratie. Les enjeux sont de taille. Nous ne relèverons pas les défis sociaux, économiques, environnementaux et démocratiques sans engagements et mesures concrètes pour y répondre.
Cela nécessitera de notre part un travail de réflexion et de propositions d’alternatives encore plus avancé que ce que nous avons fait jusqu’ici, de l’audace, des luttes avec les personnels et l’ensemble des salariés pour peser sur les choix à faire. Cela impliquera de faire preuve aussi de beaucoup de conviction avec nos collègues enclins parfois au fatalisme ou à la résignation.
Car que serait l’utilité d’un syndicalisme qui ne représenterait plus la masse et la grande majorité de nos professions ?
La FSU est présente sur tous les terrains. Porteuse d’un syndicalisme de transformation sociale, elle est sur toutes les questions de société et de la défense des valeurs. Car la vie privée et la vie professionnelle sont intimement liées. Les salariés sont les différentes facettes d’un même miroir. La reconnaissance ou non des droits ouverts sur une sphère a des conséquences sur l’autre. Et puisque j’en suis à ces questions, je voudrais apporter une touche d’optimisme et dire combien la FSU est fière, après des années d’engagement, de voir le mariage pour tous en passe d’être adopté par le parlement ! C’est une question de respect des choix de chacun et d’égalité des droits pour tous. Et nous avons raison en tant qu’organisation syndicale de mener ces combats de société. C’est aussi le rôle d’une organisation syndicale que de savoir mesurer les évolutions de société pour conquérir de nouveaux droits, de nouveaux espaces de liberté.
Et il y a tant à conquérir !
En France, la confiance n’est pas gagnée et le pessimisme face à la situation est de mise. Les sondages ne font pas une analyse mais ils révèlent des états. Le dernier sondage du Cevipof publié par Le Monde du 24 janvier dernier donne une radiographie de l’état d’esprit de notre société. Nous le savions. Les dégâts des dernières décennies ont été énormes et les 8 mois du nouveau gouvernement n’ont pas permis de renverser la tendance. Ce qui produit sentiment d’insécurité, acceptation de l’exclusion de celui qui est toujours « autre »… la tentation du repli national, de stigmatisation ne sont pas écartés. Les idées xénophobes continuent de progresser. La montée de l’extrême droite est une réalité. Cela illustre aussi le monde tel qu’il est éclaté, inégalitaire, violent. 1 enfant sur 5 vit en dessous du seuil de pauvreté, 1 français sur 3 renonce aux soins, 1 jeune sur 2 sera touché par le chômage à la sortie de sa formation initiale…arrêtons ici ce constat que nous connaissons tous et prenons l’engagement à ce congrès de travailler à de vraies alternatives, de mener les débats avec les salariés mais aussi avec les citoyens.
Les organisations syndicales ont une responsabilité particulière. La FSU y prend toute sa place. C’est pourquoi par exemple elle a signé en mars 2011, la déclaration commune avec la CFDT, la CGT, Solidaires et l’UNSA pour affirmer que « la préférence nationale » n’était pas « compatible avec le syndicalisme » et la nécessité de combattre les idées démagogiques et dangereuses du front national.
Notre rôle est d’autant plus déterminant que les questions sociales (chômage, précarité, inégalités..), accentuées par le contexte international incertain et une crise économique, financière qui perdure, contribuent au développement de ces idées.
Une situation internationale qui justement reste mouvante.
Et tout d’abord dire notre émotion et notre indignation face à l’assassinat de Ckocry Belaïd. Nous lui rendons hommage et apportons tout notre soutien au peuple tunisien dans sa lutte vers la liberté. Même si le chemin est long, la révolution de Jasmin va trouver sa voie. Comme toutes les révolutions des pays arabes qui si elles ne sont pas encore abouties ont soulevé des espoirs sans nom pour ces peuples qui continuent de se battre pour construire des sociétés plus justes. La FSU participera au Forum social mondial de Tunis en mars prochain. Ce sera sans nul doute un moment important pour les tunisiens et pour tous ceux qui cherchent la voie de la démocratie.
La situation internationale c’est aussi, la guerre dramatique qui est faite au peuple syrien par son Président. L’intervention française au Mali qui a laissé chacun partagé entre la nécessité de venir en aide à un peuple et le doute face à la légitimité de l’intervention armée et au débouché démocratique pour l’ensemble des citoyens maliens….
Et puis il y a la situation en Europe dont nous parlons généralement à l’occasion de la crise. Mais ses effets politiques font peu l’objet de commentaires or la montée des nationalismes et de la xénophobie particulièrement dans certains pays européens doit la aussi nous inquiéter. En toile de fond de tout cela il y a bien sur la mondialisation libérale. Ce n’est pas un phénomène nouveau mais l’exacerbation des politiques d’austérité conduit à la misère et au creusement inacceptable des inégalités. La question centrale est bien celle du partage des richesses, de la crise écologique, de choix de civilisation.
Sans revenir longuement sur la crise économique et financière que nous avons déjà eu l’occasion d’analyser entre nous, je voudrais juste redire ici qu’il ne faut pas perdre de vue ses origines. Faut-il rappeler la crise des subprimes, du monde des banques et de la finance, de la responsabilité des spéculateurs et des plus riches ? Faut-il rappeler combien la pression sur les salaires et les transferts vers les profits ont pesé dans la formation de cette crise ? Faut-il rappeler comment les gouvernements européens se sont servis, et se servent encore, de cette crise comme prétexte à une diminution du rôle de l’Etat, de son investissement, de ses services publics, de ses protections sociales et pour faire porter les efforts essentiellement sur les salariés. Et il ne faut pas oublier non plus la crise environnementale qui semble passée aux oubliettes des préoccupations des dirigeants. Elle est pourtant largement le fruit des politiques néo libérales et donc bien celui du partage des richesses dans le monde. La ratification du traité européen, que nous avons dénoncé y compris le 14 novembre dernier, à l’appel de la CES (qui pour la première fois avait choisi une analyse plus offensive de la situation), entérine ces choix budgétaires qui nous mènent dans une impasse. Ces contraintes budgétaires sont non seulement injustes mais elles sont aussi intenables. La CES qui d’ailleurs prévoit une nouvelle initiative le 14 mars prochain. La FSU en sera partie prenante.
Car les conséquences nous ne les connaissons que trop bien.
Et bien évidemment dans ce contexte, l’emploi reste la préoccupation majeure des français. Il y a bien sûr eu l’annonce des chantiers de St Nazaire mais elle a été tout de suite balayée par les annonces des multiples plans sociaux de Florange, Virgin, PSA, Renault, Goodyear… des destructions d’emplois notamment dans le secteur industriel. Plus de 5 millions de chômeurs, un chômage qui touche particulièrement les femmes, les jeunes et les seniors. Et même si le gouvernement a pris un certain nombre de mesures fiscales pour taxer davantage la finance et les plus riches, ce sont les salariés qui payent le prix fort de la crise : augmentation du chômage, baisse du pouvoir d’achat, réduction de la protection sociale, et notamment forte dégradation des retraites mais aussi des conditions de vie des retraités.
La dégradation des conditions de travail a été réelle aussi dans la Fonction publique. Le nouveau management public introduit dans nos services a non seulement distillé un sentiment du « travail empêché » mais parfois conduit jusqu’à une réelle souffrance au travail. Pour conduire parfois au pire et nous avons forcément à ce congrès une pensée pour Luc Beal-Rainaldy dont nous avons réussi à faire reconnaître son geste en accident de service.
Quant à l’accord national interprofessionnel visant soi-disant « à une meilleure sécurisation de l’emploi », il n’est pas satisfaisant puisqu’il est porteur de reculs importants des droits des salariés alors que ce sont de plus de garanties dont ils ont besoin dans cette période. Cet accord montre comment le patronat se sert de la question de l’emploi comme prétexte pour obtenir des reculs en matière de droits, et notamment en ce qui concerne la hiérarchie des normes, afin de dégager encore davantage de profits. Et là, en matière de dialogue social, comment ne pas être surpris voire choqués de la satisfaction affichée par le gouvernement à propos d’un accord passé avec certaines organisations minoritaires et qui pour certaines ne seront peut être plus représentatives d’ici quelques mois puisque la représentativité va bientôt être à nouveau mesurée. Certes l’accord est légal au regard de l’actuelle législation mais il interroge politiquement…
Et le Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi reste dans la logique budgétaire en se traduisant notamment par 20 milliards accordés aux entreprises sans contreparties et la réduction de 10 milliards des dépenses publiques…Pourtant, c’est ce cercle vicieux qu’il faut briser.
Dans la Fonction publique justement, alors de la RGPP à la MAP ? J’ai mis un point d’interrogation….Oui, le discours sur la Fonction publique et ses agents a changé mais qu’en sera-t-il des nécessaires transformations et évolutions pour que la Fonction publique remplisse mieux ses missions et pour que ses agents soient mieux traités si le gouvernement ne dégage pas aussi des marges budgétaires pour cela ?
Il n’est pas possible que le gouvernement actuel ait pour objectif essentiel à travers cette réforme, la réduction des dépenses publiques : les services publics et la Fonction publique participent à la création des richesses produites dans notre pays. Comment penser les mutations industrielles sans la formation, l’innovation et la recherche ? La transition écologique, sans les services publics de l’environnement et de l’agriculture ? Sans compter que l’actualité nous rappelle le besoin de services publics en matière de contrôle sanitaire…. Mieux répondre aux besoins de la population sur l’ensemble du territoire, lutter pour davantage d’égalité, de justice sociale et de solidarité. Oui résolument la Fonction publique n’est pas une charge mais bien une chance pour notre pays et l’avenir de sa société !
Les chantiers ouverts par ce gouvernement sont nombreux, les concertations multiples. Loi de Refondation pour l’Ecole, loi pour l’enseignement supérieur et la recherche, agenda social Fonction publique, Economie sociale et solidaire, Conférence de consensus justice, le renoncement au tout carcéral est un point positif et la FSU suivra de près les évolutions de la future loi pénale mais elle exigera aussi la réforme attendue de l’ordonnance de 45…sans compter la réforme des retraites à venir. Et bien sûr le projet de nouvel acte de décentralisation qui pour l’instant est un rendez-vous manqué avec le nécessaire débat sur le rôle de l’Etat sur l’ensemble du territoire puisque les discussions consistent davantage à savoir comment se partager les compétences entre collectivités plutôt que d’apprécier collectivement les besoins et la meilleure manière d’y répondre.
Les débouchés de ces chantiers dépendront de la capacité des organisations syndicales, à porter des propositions et à mener l’action afin de négocier avec un rapport de forces.
Le sujet de l’Education est bien sûr important. Redevenu priorité nationale, il s’agit maintenant de concrétiser l’ambition. Et il ne peut pas être que question de moyens même si la FSU ne les niera pas après les luttes incessantes qu’elle a menées contre les suppressions de postes. Les créations de postes sont nécessaires, et la FSU se félicite de la création des 60 000 postes. Mais l’enjeu est globalement celui du projet éducatif de l’école maternelle jusqu’à la fin du lycée et de l’enseignement supérieur. C’est à cela que doit répondre la loi de Refondation de l’Ecole et celle sur l’enseignement supérieur et la recherche car un projet d’Ecole est aussi un projet de société.
La FSU porte le projet de faire réussir tous les élèves. Force est de constater que le projet de loi d’orientation et de programmation reste au milieu du gué. Malgré des dispositions que nous approuvons, nous devons continuer d’agir pour que la loi et les textes d’application répondent à l’exigence d’une vraie ambition pour l’Ecole. Redisons-le à ce congrès, l’enjeu est de faire « mieux » d’école pour tous les élèves à tous les niveaux d’enseignement ! C’est aussi de lutter contre la difficulté scolaire à tous les niveaux d’enseignement et dans tous les territoires. Cela implique de la part du gouvernement une concertation approfondie avec un calendrier et des objectifs clairs. Or, cette concertation s’est révélée insuffisante sur les rythmes scolaires notamment là où le ministre a voulu avancer vite. Rien d’étonnant d’ailleurs car le changement du nombre de journées travaillées ne peut à lui seul être gage de réussite si on n’interroge pas en même temps l’ensemble du calendrier, les contenus et les méthodes, si on ne traite pas les inégalités sociales et territoriales, si l’on néglige les conditions de travail des personnels et si l’on ne définit pas ce que doit être le rôle respectif du scolaire et du péri scolaire. C’est cette volonté d’une démarche concertée avec le souci de la réussite de tous que portent les enseignants des écoles qui vont être en grève demain et c’est en cela que la FSU les soutient.
Et attention à ceux qui par simplisme ou méconnaissance se laissent aller à accuser les personnels de l’Education et particulièrement les enseignants, de corporatisme sans reconnaître que les enseignants et les personnels de l’Education ont montré depuis des années leur conscience professionnelle et leur engagement pour les jeunes et les enfants. Ils se sont battus avec acharnement contre les régressions imposées par la politique de la droite. Ils invitent aujourd’hui au respect, ils doivent être reconnus et même revalorisés comme l’ensemble des agents des services publics qui ont permis dans cette période de crise et de stigmatisation permanente que les inégalités et les injustices soient moins prégnantes. Et redisons fortement depuis ce congrès de Poitiers, il n’y a pas de réforme réussie si elle ne rencontre pas l’accord et les attentes de ceux qui ont la charge de la mettre en œuvre. C’est le sens de nos campagnes Fiers du Service public ! Et de cette année La Fonction publique, une charge ? Non une chance ! Où nous donnons, nous, la parole aux agents. Amplifions ces campagnes qui nous permettent d’aller à la rencontre des personnels, poursuivons nos actions afin de vraiment permettre les évolutions nécessaires.
Quant à la loi de l’enseignement supérieur et de la recherche, en l’état, elle ne répond pas à nos attentes. Après nos batailles contre la loi LRU, quid des mesures pour augmenter le niveau de qualification et donc pour faire mieux réussir les étudiants dans leurs parcours ? Quid de l’évaluation des besoins en recherche ? De la liberté scientifique ? Il y a un réel décalage entre les assises qui se sont tenues, le rapport parlementaire émis et les propositions de ce projet de loi. On nous dit que tout cela sera dans l’exposé des motifs… Nous l’attendons avec impatience ! Quant à la réforme de la formation des enseignants qui concerne aussi bien Education nationale que l’enseignement supérieur, nous continuons de demander davantage de coordination et de bien considérer que nous sommes dans une phase transitoire. La réforme ne doit pas être définitive pour la rentrée 2013. La négociation doit se poursuivre et nos demandes doivent être entendues. C’est pourquoi nous avons récemment envoyé aux deux ministres et rendues publiques 15 propositions de la FSU pour la formation des enseignants.
Et la FSU ne se laissera pas non plus berner par des projets de loi qui, préparés en même temps, ne traitent pas les choses de la même manière. Je pense bien sûr à celui sur la décentralisation et celui sur l’Ecole. Nous serons plus que vigilants, comme nous l’avons déjà montré, sur l’orientation scolaire et la formation professionnelle initiale mais aussi sur le service public de l’emploi.
Les services publics sont au cœur des enjeux de société. L’avenir de la jeunesse dont le gouvernement affirme faire une priorité, doit se traduire concrètement : accès à l’emploi, aux soins et au logement, allocation d’autonomie qui permettrait aux jeunes d’avoir un statut social, plus d’autonomie, poursuivre plus librement leurs études…voilà des mesures qui doivent être prises rapidement.
Mais la jeunesse ne nous fait pas oublier nos retraités d’autant que dans quelques années, 30% de la population aura plus de 65 ans. Ce simple constat doit amener à reconsidérer la place des retraités dans notre société non pas pour les opposer aux actifs mais pour porter l’exigence d’une vie digne, pleine et entière à tous les âges de la vie. Or, les retraités ne sont pas épargnés par la crise. Mais nos retraités sont actifs dans la FSU ! Et leur rôle doit être mieux reconnu par nos partenaires.
En ce début de XXIème siècle, la question des valeurs irriguant la société que nous voulons construire est bien un enjeu majeur. L’Ecole n’assure plus à elle seule la production et la diffusion des connaissances. Les territoires virtuels des réseaux numériques bouleversent le rapport à autrui. Mais déjà en 1632, Comenius écrivait : « De même que le monde entier est pour tout le genre humain une école, du commencement à la fin des temps, de même l’âge de chaque homme est son école, depuis le berceau jusqu’à la tombe. Chaque âge est destiné à apprendre et les mêmes bornes sont imposées à l’homme pour la vie et pour l’apprentissage. » Dans les pays développés, 4 générations d’humains peuvent coexister sans jamais se croiser ou vraiment se rencontrer….Tout est affaire de projet collectif.
Les responsabilités humaines dépassent la dimension individuelle ou sociétale et s’étendent désormais à la planète entière et plus que jamais aux générations futures. La modernité exige que la société s’interroge sur les valeurs qui font sens pour chacun et pour tous et sur la manière dont elle les fait ou non vivre. C’est l’exigence de la FSU à travers la défense et l’amélioration des services publics : rendre effectif les droits et garantir à tous et donc à chacun un accès à la connaissance, la culture, la santé, l’énergie, l’eau, les loisirs… Derrière la crise de la Fonction publique de ces dernières années, notamment à travers la RGPP, il y a une crise des valeurs. En préfaçant notre livre Fiers du service public ! En 2011, Stéphane Hessel écrivait que les services publics sont « une question de dignité humaine et de cohésion sociale ! ». Nous savons que si les citoyens peuvent être critiques quant au fonctionnement des services publics, ils sont toujours très attachés aux principes et aux valeurs qui fondent leur existence. Le débat qui s’ouvre aujourd’hui sur la MAP devrait poser ces questions. C’est bien l’intérêt général qui permet de fonder en droit les relations de l’Etat et de la société mais ces droits doivent être effectifs.
C’est aussi le cas en ce qui concerne la protection sociale et la santé. L’engagement en ce sens de la FSU au côté du mouvement mutualiste est important et doit se poursuivre. La FSU aborde avec sérieux cette question des valeurs car ce qui fait société est un sujet profondément syndical.
Et dans le domaine des droits et libertés, le nouveau gouvernement ne doit pas hésiter. La persécution contre les populations Roms est inadmissible d’un tel gouvernement, la régularisation des Sans papiers ne devrait pas faire débat. Et la question des immigrés n’est pas pour nous annexe. Notre société se fait avec tous ces citoyens. L’engagement sur le vote des étrangers aux élections locales doit d’ailleurs être très vite mis en œuvre.
La FSU est engagée avec le mouvement associatif, qu’il s’agisse de la LDH, de RESF…pour défendre les droits des personnes en cause, pour conquérir des droits nouveaux. Mais ces sujets, nous devons les travailler aussi avec les personnels.
Alors face à ces attentes, à ces défis que propose le syndicalisme ? Nous allons faire une fois encore le constat d’un paysage syndical éclaté y compris dans la Fonction publique depuis notamment les dernières élections professionnelles de 2011. Les nouvelles règles de représentativité, que la FSU a souhaité à travers sa signature des accords de Bercy en estimant que c’est bien aux personnels de choisir leur représentation, n’ont pas produit les effets de centrifugeuse des voix sur les organisations les plus importantes comme certains le pensaient. Certes, la façon dont elles ont été organisées par le gouvernement précédent n’y est pas non plus pour rien…Mais au final, elles ont pour l’instant plutôt renforcé l’éclatement, l’émiettement des organisations syndicales. Cela donne à chacun des responsabilités nouvelles dans un cadre où les accords devront désormais être majoritaires.
Tout n’est pas égal dans le syndicalisme, chacun assume ses orientations, ses choix qui correspondent à la diversité des salariés. Pour autant ce serait une erreur de résumer le mouvement syndical en camps ou en blocs irréconciliables. Certes des déclarations de directions nationales contribuent à diviser le monde syndical. Mais qu’en pensent tous leurs adhérents ? Que veulent les salariés ? Parions qu’ils attentent du mouvement syndical autre chose que la division et l’opposition bloc contre bloc.
Nous n’avons pas, pour la FSU, renoncé au rassemblement du mouvement syndical. Nous avons pendant ces 3 dernières années mis en œuvre notre mandat de Lille. Nous avons organisé plusieurs initiatives avec la CGT et Solidaires qui ont répondu à notre appel. Nous avons aussi fait le constat avec ces organisations qu’il nous fallait aujourd’hui aller au-delà d’initiatives nationales et travailler davantage à tous les niveaux de nos organisations. Ce sera un des sujets de notre congrès.
La FSU tient aussi sa force du U de la FSU. Nous avons interrogé l’unité plusieurs fois au cours des différents mouvements que nous avons mené avec d’autres. La FSU ne doit pas remettre en cause la nécessité de toujours chercher les mouvements les plus unitaires possibles. Ils sont générateurs de confiance, porteurs de dynamique qui généralement permettent un rassemblement plus large, plus fort. Cela a été le cas du mouvement contre la réforme des retraites en 2010. La FSU y a incontestablement joué un rôle.
Mais pour autant, nous ne devons pas occulter les questions qui se posent si nous voulons les résoudre. Il faut les traiter comme il faut traiter la question des plateformes unitaires qui sont plus souvent en contre qu’en pour car c’est souvent plus difficile de se mettre d’accord sur ce que l’on veut. Cela a été le cas dans l’éducation, où nous avons facilement pu agir ensemble contre les suppressions de postes mais où cela a été quasiment impossible en ce qui concerne le projet éducatif à porter.
Un paysage syndical éclaté, divisé et donc le rapport de nos collègues à l’unité n’est plus forcément le même. Les rapports de force évoluent, pour autant soyons bien toujours déterminés à ne pas laisser le paysage syndical français se complaire dans le constat de la division sans chercher toujours mieux comment rassembler ce mouvement.
Mais la force du syndicalisme c’est aussi le nombre de syndiqués. Le constat là aussi est toujours le même : un taux trop faible. Même dans les secteurs qui comme les nôtres ont souvent une forte tradition de syndicalisation. Essayons de traiter sérieusement les raisons de cette désaffection et mettons en place les actions nécessaires pour inverser cette courbe.
J’ai déjà fait référence à ce qui se passe ailleurs que dans notre pays, au monde. Le syndicalisme doit davantage intégrer les dimensions européennes et internationales dans les questions qu’il doit traiter. Le syndicalisme doit mieux s’organiser en conséquence. La FSU y participe déjà et souhaite y participer encore davantage : elle participe aux initiatives de la CES et poursuit sa demande d’affiliation, elle est partie prenante des forums européens et mondiaux, elle développe des partenariats avec des organisations syndicales (comme le stage Femmes qui a été une réussite avec nos camarades du Sénégal), elle participe à l’Altersummit. Et j’ai le plaisir de pouvoir annoncer à ce congrès que la question de l’affiliation de la FSU à la CSI est en cours.
Et la FSU ?
Nous avons encore beaucoup à améliorer et à conquérir pour faire de la FSU une force encore plus importante. Corriger nos faiblesses, trouver des fonctionnements qui prennent en compte les évolutions de société, faire toujours mieux, dans le respect de nos principes fondateurs, c’est à dire faire mieux encore du fédéral. Le nouveau secrétariat élargi a permis de travailler mieux en ce sens et nous devons continuer. La FSU, a durant ces 3 dernières années, continué de conforter sa place dans le paysage social. Elle est reconnue comme une force syndicale capable de faire des propositions, de négocier mais aussi de mobiliser.
Cela est dû à notre capacité d’allier sans démagogie, proposition et action. « S’opposer n’est autre que proposer. Une opposition sans proposition n’est qu’un mouvement d’humeur » a écrit Robert Sabatier. Cette volonté tient également à la recherche de synthèse et de convergence dans la FSU comme avec d’autres à l’extérieur de la FSU. La synthèse est la recherche de solutions où chacun peut se reconnaître et qui nous fait avancer aussi loin qu’il est possible de le faire ensemble.
C’est une affaire qui concerne toutes les composantes de la fédération. Syndicats nationaux, tendances et sections départementales.
Les sections départementales ont la lourde tâche de porter, dans des conditions difficiles, la fédération, ses décisions, son image. Et elles le font bien, en témoignent les retours sur par exemple les mobilisations où la FSU est très présente et visible, où la FSU est aussi très présente dans la presse. Elles ont aussi la lourde charge de faire tourner la fédération ! Et je veux saluer particulièrement le travail qui a été fait sur la transparence financière suite aux nouvelles dispositions législatives. Nous avons partagé le souci de cette transparence et donc l’avons mis en œuvre sans état d’âme mais j’ai vu le travail et l’énergie que cela représentait même si nous avons donné le joli nom de « grigri » à notre logiciel ce ne fut pas toujours simple. Merci donc aux militants, trésoriers et trésorière des sections départementales et aussi merci à notre secteur trésorerie national, sa trésorière et ses adjoints, qui a accompagné ce travail.
Je voudrais dire aussi un mot des CFR, cette structure que nous avons mise en place depuis quelques années pour prendre en compte les exigences et le poids du niveau régional dans notre activité. Il va là aussi falloir faire un bilan et prospective pour les améliorer et mieux les prendre en compte.
La FSU évolue aussi. Par exemple des syndicats de la FSU se transforment (l’Unatos en Snuacte), d’autres ont procédé à des regroupements pour donner naissance au SNUITAM….autant d’évolutions qui témoignent de la vivacité de notre syndicalisme et de sa capacité à s’adapter.
La FSU, ce sont des femmes et des hommes qui consacrent beaucoup de leur temps. Je voudrais avoir avant de terminer une pensée pour tous ceux et toutes celles qui nous ont quitté durant ces 3 dernières années et particulièrement pour Pierre Duharcourt, ancien co-secrétaire général. Si nous avons déjà rendu hommage à ces camarades, leur engagement syndical, leur contribution à la FSU constitue un héritage qui sera précieux aujourd’hui encore dans nos travaux.
Non la FSU n’est pas pour le statu quo. Oui, la FSU veut les transformations nécessaires. Il faut alors savoir acter les avancées, les conforter. Convaincre qu’il existe d’autres possibles. Il nous faut aussi redonner confiance en l’action collective, en l’avenir. Nous saurons être toujours présentes et présents avec d’autres organisations et avec tous les personnels pour mener les batailles pour peser.
Ce congrès nous invite à l’exigence, à l’optimisme car nos exigences correspondent aux besoins de la société.
« Il n’y a pas de bon vent pour celui qui ne sait pas où il va » disait Sénèque.
Nous savons où nous voulons aller.
Le vent est donc bon.
Sachons convaincre et gagner.
Sachons faire de ce congrès, un congrès porteur pour préparer ensemble l’avenir !