L’année scolaire 2019-2020 s’achève.
« Quelle année ! », pourrait-on se contenter de dire tant les mots manquent pour caractériser son exceptionnalité. Mais si l’on se risque à en tirer un enseignement majeur, c’est celui de l’aspiration majoritaire à davantage de solidarité qu’on a, ici, envie de retenir. Si le combat contre la réforme des retraites a rencontré l’opinion malgré une stratégie gouvernementale qui tentait d’en faire un combat corporatiste, c’est parce qu’elle touchait au cœur de la question des solidarités intergénérationnelles. Si très vite, pendant la crise sanitaire, ce ne sont pas seulement les personnels soignant-es mais aussi leurs revendications qui ont reçu un soutien large de la population, obligeant le pouvoir à reconnaître des erreurs dans ses choix précédents, c’est parce qu’ils et elles font tenir debout un des piliers de la solidarité, le système de santé, soutien encore vérifié le 16 juin.
De même, la question des solidarités entre personnes quelles que soient leurs origines ou leurs couleurs de peau est au cœur des mobilisations antiracistes et contre les agissements violents de certain-es policier-es qui ont marqué l’immédiat après-confinement. En la matière, rien n’est jamais acquis, ceux-les qui détruisent les solidarités dans les actes ne sont pas les dernier-es à s’en prévaloir dans les discours. Rien n’est jamais acquis non plus car ceux-les qui, rendant le service public, assurent les solidarités concrètes, peuvent aussi être reconnu-es comme essentiel-les à la nation un jour puis lâché-es et lynché-es médiatiquement le lendemain comme en témoigne l’hallucinante campagne de dénigrement qu’ont eu à subir les enseignantes accusé-es de traîner des pieds alors que tout prouve, au contraire, leur extraordinaire investissement dans la période. La solidarité est un combat, puisse l’été nous ressourcer et nous redonner des forces pour continuer à le mener.